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à‰volution réglementation secteur agroalimentaire. Enjeux et contraintes pour l'acheteur.

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par Louisa Boumaza
Université Paris Sud - M2 Achat 2016
  

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1.5.2.3 LE RISQUE ALIMENTAIRE ET LA PEUR DU CONSOMMATEUR

Cette psychose ne cesse de s'amplifier lorsque les premiers cas apparaissent chez l'être humain en Europe. En l'an 2000, on recense 96 décès de personnes après qu'elles ont consommé de la viande contaminée. Cette crise a une grande répercussion sur l'économie : les cours de la viande de boeufs s'effondrent. En deux mois seulement la baisse des ventes en France atteint 20% allant jusqu'à 35% (Williot, 2007). Cette diminution de la consommation est directement liée à la peur du consommateur face à un danger qu'il ne maîtrise pas. Un sondage réalisé au printemps 2000, montre que 27% des personnes interrogées (sur un échantillon d'un millier) considère l'ESB comme le risque alimentaire le plus important.

L'industrialisation de l'alimentation bouleverse les repères des consommateurs. Selon Fischler (1990) « l'acte d'incorporation répond à des enjeux à la fois proprement vitaux et symbolique ». L 'incorporation correspond à l'introduction dans notre organisme d'aliments ce qui répond à un besoins vital, mais provoque également des angoisses et des craintes vis-à-vis des aliments, ce qui justifie l'ampleur que peut prendre une crise sanitaire. Le mangeur se construit à travers son alimentation, il a donc besoin d'identifier ce qu'il mange et l'industrialisation rend difficile cette identification.

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Dans le cas de la crise de la « vache folle », Poulain (2002) résume bien la situation et le ressentiment du public, « on découvre, dans la nourriture de nos vaches, des farines animales fabriquées à partir des produits d'équarrissage ; le choc symbolique est immense ». En réalité le risque alimentaire dû à une intoxication alimentaire ou une pathologie issue de l'alimentation, est très faible dans l'Union Européenne, soit moins de 800 décès en 1998, contre 16 000 morts pour les accidents de la route et 23 600 morts par des maladies dues à l'alcoolisme (Rastoin et Ghersi, 2010). Un écart considérable existe donc entre les études faites par les experts et la perception du grand public. Cet écart se creuse par la sur-médiatisation des scandales alimentaires, « l'alimentation passe sur le devant de la scène médiatique. (...) les intoxications font la une des journaux. » (Poulain, 2002).

Cet événement marquant a été décisif dans la politique européenne, la santé animale est devenue un enjeu de santé publique prioritaire. Il a donc été nécessaire de créer en 1997 un Livre vert fixant les contours et les objectifs d'une profonde réforme de la législation communautaire. Il a été suivi en 2000 d'un Livre blanc qui apporte des précisions sur ces axes de réforme sous la forme du « paquet hygiène ». Cette loi européenne pour l'alimentation est constituée de plusieurs règlements entrés en vigueur depuis le 1er janvier 2006. La réforme ainsi constituée vise à rationaliser la législation alimentaire à un niveau européen, en garantissant un niveau élevé de protection du consommateur. Cela a conduit à la création de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA), qui est chargé d'évaluer les risques préalables à l'adoption des mesures communautaires.

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