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L'aide au développement de l'union européenne et la gestion des finances publiques en Côte d'Ivoire.

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par henri joel langnissou
université catholique debl afrique de l ouest, unite universitaire dà¢â‚¬â„¢abidjan - Master en droitbpublic 2015
  

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Section 2 : La fragilisation des règles et procédures de gestion

budgétaire

Sur le plan juridique, deux types de contraintes découlant des politiques d'aide au développement européennes peuvent être distinguées. Le recours à des conditionnalités parfois discordantes d'avec les autres bailleurs de fonds et à des procédures et institutions dérogatoires de gestion de l'aide est source de fragilisation des circuits classiques de gestion des finances publiques (paragraphe 1). En outre, les nouvelles techniques budgétaires imposées à l'occasion des réformes de la conditionnalité contraignent l'adaptation du cadre de gestion budgétaire et comptable ivoirien, longtemps dominés par une logique de budgets de moyens (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Les facteurs extérieurs

Généralement d'inspiration néolibérale, les économies des pays européens principaux donateurs de l'Aide Publique au Développement font une place de choix aux principes de l'économie de marché et partant à la libre concurrence. Au lendemain de l'indépendance, les différentes aides ont dans l'ensemble travaillé chacune de leur côté, sans que la nécessité de coordonner leurs différentes activités semble aux partenaires européens et aux autres donateurs un besoin pressant. Cet état de fait, conjugué à l'accroissement des donateurs, et partant des conditionnalités d'octroi de l'aide131, va contribuer à rendre caduques les règles de gestion budgétaire de l'État bénéficiaire, qui dépendant des flux financiers extérieurs. est contraint de s'adapter aux exigences éparses de ses donateurs (A). Pour y remédier les donateurs européens s'interrogent de plus en plus sur le bien-fondé de coordonner leurs actions. Mais il reste malgré tout des progrès à accomplir dans ce domaine (B).

131 En effet la compétition entre les donateurs n'est pas saine pour ce qui concerne l'Afrique subsaharienne en raison de l'importance des dimensions politiques, de la rigidité de l'offre due aux situations de monopole naturel issue de la colonisation. Voir Afrique contemporaine n° spécial 188, Article sur « les tables rondes du PNUD et le problème de coordination des aides » pp. 172- 183.

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A) : Les pratiques divergentes des partenaires extérieures

Les pratiques des organismes d'aide affectent les systèmes de gestion budgétaire et comptable dans notre pays. La cause de ce phénomène est l'absence de coordination entre bailleurs et le manque de cohérence dans leurs interventions. En l'occurrence, des désaccords ont existé entre les Institutions de Bretton Woods (IBW) et l'UE sur la mise en oeuvre des deux formes de conditionnalités. Ils concernent d'abord la prise en compte des indicateurs de résultats dans le suivi et le décaissement de l'aide. Le FMI continuait la conditionnalité d'instruments au motif qu'il accorde des prêts et non des dons, ce qui exige de l'emprunteur qu'il s'engage à des actions et non à atteindre des résultats. Tandis que l'UE subordonnait déjà le décaissement d'une tranche de son aide, au niveau de réalisation des indicateurs convenus avec les autorités locales. Dès lors, les autorités locales sont embarrassées sur les démarches à mener pour pouvoir satisfaire aux exigences des différents bailleurs.

Par ailleurs, pour échapper aux procédures budgétaires et comptables, jugées lourdes et contraignantes, les organismes d'aide recourent très souvent à des mécanismes autonomes, dérogatoires aux administrations et procédures ordinaires de gestion des dépenses. Ce qui accentue l'éclatement du budget et fragilise le respect des circuits classiques de la dépense. L'un des inconvénients de ces interventions fragmentées est aussi la création de structures parallèles ad hoc chargées de la gestion des projets financés par les fonds extérieurs. La tendance n'a pas encore disparu malgré la promotion des principes d'appropriation et d'alignement par la Déclaration de Paris.

Dans le cadre de la nouvelle conditionnalité, il arrive que les bailleurs poursuivent des intérêts divergents et n'accordent pas les mêmes priorités aux actions à soutenir. Les réformes de la gestion des finances publiques manquent ainsi d'une dynamique unique et cohérente, et des contradictions entre bailleurs subsistent132. La

132 Sur le plan interne « L'harmonisation des interventions des partenaires est assurée par plusieurs structures de coordination. Des consultations formelles telles que l'ISMG (Integrated senior management group) ou le GRS

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divergence des réformes préconisées ne facilite pas non plus une meilleure compréhension des mesures à engager, ce qui les rend parfois illisibles. Le changement de la méthode de gestion vers une culture de performance devient dans un tel contexte lourd et difficilement compréhensible par les administrations intéressées.

Il est rare aujourd'hui d'entendre ou de lire une analyse des problèmes de l'aide à la Côte d'Ivoire qui ne mentionne, au premier rang des responsabilités, l'insuffisante coordination entre les bailleurs de fonds. Le besoins d'une telle coordination parait tellement établit que personne ne met en question ce qui apparait largement une vérité d'évidence : coordonner de façon plus judicieuse les actions des bailleurs de fonds selon les plans d'action et programme internationaux est à priori quelque chose de désirable.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard