CHAPITRE 2: LA QUETE DE L'EFFICACITE DANS LA
GESTION DES FINANCES PUBLIQUES
Les années 1960 ont été celles des
indépendances, mais aussi des besoins d'infrastructures de
développement économique et social. L'accession à
l'indépendance marque ainsi le début de l'aide versée par
les pays développés en faveur du développement de la
Côte d'Ivoire
Dans les années 80 et 90, les crises des finances
publiques en Côte d'Ivoire et les mesures de stabilisation conduites sous
les auspices des Institutions Financières Internationales vont ouvrir
une nouvelle étape dans la stratégie de coopération des
bailleurs de fonds. Mais l'échec de ces programmes
d'austérité à résorber les questions liées
au développement humain va inciter à la prise en compte des
impératifs d'investissement dans le capital physique et humain.
Désormais l'APD de l'UE à la Côte d'Ivoire vise à
terme la réduction de la pauvreté avec des objectifs de
développement durable71 arrêtés en fonction des
priorités nationales (section 1). Ce changement de
perspective implique de nouvelles exigences en termes de performance
budgétaire et de gestion des dépenses publiques (section
2).
71 Cf. art.1 de L'accord de Cotonou du 23
juin 2000, Révisé à Luxembourg le 25 juin 2005 puis
à Ouagadougou le 22 juin 2010.
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Section 1 : La programmation conjointe de la
coopération financière
La coopération pour le financement du
développement avec l'UE a pour objectif, par l'octroi de moyens de
financement suffisants et d'une assistance technique appropriée,
d'appuyer les efforts de l'État ivoirien en matière de lutte
contre la pauvreté72. Cette assistance s'organise au moyen
des Fonds Européen de Développement (FED) qui sont des cadres
financiers pluriannuels de coopération assortis aux accords de
partenariats (Accord de Cotonou, Convention de Lomé...). Destinés
à financer la mise en oeuvre de la coopération pendant une
période de cinq ans ces fonds sont octroyés en fonction des
priorités nationales (paragraphe 1) et en tenant compte
des instruments internationaux en matière d'efficacité du
développement (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : L'internalisation accrue des
stratégies de développement
L'échec des réformes73
imposées de l'extérieures à stabiliser puis relancer
l'économie durablement74, va amener les bailleurs de fonds
à reconsidérer leurs politiques d'aide. Les programmes d'aide et
de soutien des partenaires européens, à la gestion des finances
publiques en Côte d'Ivoire (B), mettent désormais
un point d'honneur, sur le renforcement du cadre de gestion des affaires
publiques (A).
72 Cf. article 55 de l'accord de Cotonou.
73Il s'agit des programmes d'ajustement structurels
qui ont été identifiés et conduits par les organismes
multilatéraux, notamment le FMI et la Banque mondiale.
74 JACQUEMOT (P) et RAFFINOT (M), la nouvelle
politique économique en Afrique, EDICEF, 1993 p13-14.
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A) Le renforcement des capacités de gestion des
acteurs nationaux
L'APD de l'UE à la Côte d'Ivoire consiste
principalement en des concours financiers alloués dans les programmes de
coopération technique75, d'aide-projet ou
d'aide programme, et de soutien
macroéconomique76. Ces aides, et
tout particulièrement l'aide budgétaire directe en appui des
réformes macroéconomiques ou sectorielles, sont accordées
sur la base de certaines conditions77. Premièrement des
politiques et stratégies de développement nationales ou
sectorielles bien définies, axées sur la lutte contre la
pauvreté, doivent être mises en place ou doivent être en
cours de mise en oeuvre.
Le second critère se rapporte à la conduite ou
à la mise en place de politiques macroéconomiques de
stabilité bien définies, établies par la cote
d'Ivoire78 et évaluées positivement par ses principaux
bailleurs de fonds, y compris, le cas échéant, les institutions
financières internationales. Par-dessus tous ces critères, la
gestion des finances publiques doit être suffisamment transparente,
fiable et efficace.
Concrètement, au plan institutionnel, cette nouvelle
approche d'aide issue de l'Accord de Cotonou implique que désormais,
l'obtention de l'aide se fera sur la base d'objectifs définis et
programmés dans un « Document de Stratégie Pays »
(DSP). La préparation de ce document s'appuie sur les consultations
préliminaires avec un large éventail d'acteurs, dont notamment
les acteurs non étatiques et les autorités locales. Ce fut le cas
pour le DSP courant pour la période du 10ème FED
(2008-2013)79. Ces
75 Se trouvent ainsi exclus les concours non
financiers qui prennent la forme de coopération technique au
développement.
76 Aide humanitaire, remise de dette (
http://www.oecd.org/fr ).
77 Cf. les Articles 60 & 61 de l'accord
de Cotonou.
78 Il s'agit du Plan National de Développement
(PND) 2012-2015).
79 Le processus de rédaction du DSP a
démarré par le recueil des propositions des Ministères
concernés en rapport avec leurs domaines respectifs de
compétences. La consolidation de ces différentes propositions
reçues a été faite au cours d'un atelier organisé
par la Cellule de Coopération et de Coordination Côte d'Ivoire -
Union Européenne, du 1er au 05 Août 2006 à
Grand-Bassam, sous la présidence de la Primature. Pendant ces assises,
quatre groupes de travail ont été constitués pour produire
une première version du DSP et du Programme indicatif national autour de
trois secteurs de concentration qui auraient été
pré-identifiés : (i) sortie de crise et bonne gouvernance, (ii)
lutte contre la pauvreté - réhabilitation des secteurs sociaux,
(iii) réhabilitation des infrastructures économiques et inter
connectivité. Les propositions faites au niveau sectoriel, l'ont
été avec le concours des représentants issus de
l'administration, de la société civile et des élus
locaux.
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consultations débouchent sur la définition
d'objectifs et priorités sur lesquels se fondent les « Programmes
Indicatifs Nationaux » de financement. En outre l'UE apporte son soutien
financier et technique pour la mise en oeuvre du Plan National de
Développement (PND 2012-2015) qui lui, a été
approuvé par la communauté des bailleurs et plus
particulièrement par les institutions de de Bretton Woods.
Globalement ces instruments80 permettent de
définir les actions prioritaires et d'asseoir l'appropriation des
programmes de coopération en matière d'APD. En outre, ils
permettent de définir un cadre formel et réaliste, d'affectation
et d'utilisation des ressources de l'État, pour la réalisation de
ses objectifs de politiques publiques. L'effet immédiat est
l'accroissement de la responsabilisation des acteurs publics nationaux du
développement qui, se doivent de décupler leurs capacités
de gestion, ainsi que d'implanter durablement les institutions indispensables
à la réussite de ces programmes. L'UE et ses États membres
assistent les efforts des autorités nationales dans ce sens, et
apportent leur appui aux mesures qui contribuent à l'allégement
de la dette publique et à la durabilité des finances
publiques.
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