II.1.2. Les difficultés financières
L'aspect financier constitue la plus grande menace. C'est un
cercle vicieux bien complexe à propos duquel le rapport de
rentrée scolaires 2004-2005 présenté par M. FOSSO Marcel
montre que les ressources financières : écolage et subventions
réunies, ont toujours été insuffisantes à couvrir
les charges du Diocèse dont la couverture régulière des
salaires des enseignants.
Autre chose, le déséquilibre chronique des
budgets, l'impossibilité de renouveler les infrastructures faute
d'amortissement, la modicité et l'inégalité des
72 Le cas de l'école Jean XXIII, Sainte
Madeleine, Saint Victor Groupe 2, Saint Michel de Poola.
73 Entretien avec M. Epo me Max le 04 mars 2010
à Nkongsamba.
74 BETENE P. L. (dir.), op. cit. P. 482
salaires par rapport à ceux de l'enseignement public,
l'irrégularité dans le paiement des salaires due en partie au
versement tardif des subventions de l'Etat et des frais de scolarité
sont autant de facteurs qui entraînent le mécontentement des
enseignants et leur départ massif vers des secteurs pus rentables
financièrement75. Ce qui peut affecter directement ou
indirectement les résultats scolaires des écoliers.
Ce problème financier sur lequel nous épiloguons
n'est pas apparut ex nihilo. Il est en fait la résultante de nombreux
facteurs : la baisse des effectifs d'élèves, elle-même
causée par la proximité des écoles publiques qui par leur
gratuité raflent l'essentiel des élèves et au premier plan
la crise des années 1980.
En effet, le problème financier auquel fait face
l'enseignement privé catholique en général est structurel.
De culture d'étudiant en histoire nous pouvons retenir qu'il date de la
crise économique de 198276 qui n'épargna pas le
Cameroun. La récession économique, tel que ce
phénomène fut qualifiée, qui toucha les pays
industrialisés de 1980 à 1982 entraîna la baisse des prix
de matières premières et la concentration des exportations des
pays en développement. D'autres part, le triplement des taux
d'intérêts entre 1977 et 1981 augmenta considérablement les
montants des intérêts à payer par les pays endettés.
Pour venir à bout de cette situation qui semblait se pérenniser
cinq ans plus tard, il fallait placer le Cameroun sous ajustement
structurel77 avec son cortège d'exigences réduction
des salaires, licenciements...) il fut moins surprenant de constater que les
fonctionnaires moyens soient incapables de continuer à envoyer leurs
enfants fréquenter les écoles catholique. Tout ne s'arrêta
pas là car 1994, marquée à son tour par la
dévaluation du franc CFA fut suivie par le lancement du plan triennal
une politique de plus, et à tous les coups les salaires des
fonctionnaires furent soumis à une régression
géométriques. Trois ans plus tard, en 1997, le plan triennal prit
fin et l'initiative pays pauvre très endetté (PPTE) prit le
relais sans que les salaires ne subissent de hausse. Toutefois, le point
d'achèvement de l'IPPTE atteint en 2006 ne
75 Entretien avec Mme KOUAM Emilienne L. le 04 mars
2010 à Nkongsamba.
76 Auverny-Bennetot P., la dette du tiers monde. Notes
et études documentaires,N°4940, la documentation
française,Paris,1991
77 Abanda Kpama « le bilan économique
du Renouveau est négatif », in les cahiers de Mutations, Vol 050,
mars 2008, PP.12-13.
se présenta pas comme une occasion de « desserrer
la ceinture » jusqu'aux émettes de février 200878
qui permirent une hausse peu sensible de 15% sur les salaires des agents de la
fonction publique.
A ce stade donc, l'enseignement privé catholique qui ne
prône pas la gratuité de la scolarisation en paie les frais car il
est inconcevable pour les parents de ne pas pouvoir joindre les deux bouts,
d'être dans une situation financière inconfortable et d'inscrire
leurs enfants dans ces écoles où la scolarité coûte
les yeux de la tête », presque la moitié du revenu mensuel
d'un opérateur du secteur informel79.
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