SECTION II : REVUE DE LA LITTERATURE
Il est important de parcourir la littérature afin de
savoir ce que les praticiens et les théoriciens23 disent en
ce qui concerne le contrôle de gestion bancaire afin de voir les
méthodes les plus usuels pour le cas de la CBCA. Tout d'abord il faut
dire qu'il n'y a pas une seule façon de concevoir le risque en milieu
bancaire ; mais plusieurs. En effet le risque peut être conçu
selon les différentes approches suivantes :
23 Michel Rouach et Gerard Naulleau
«contrôle de gestion bancaire et direction financière»
6è ed, p39, 2012.
Mémoire rédigé par KAGUENDO Ulrich
Vianney Elisée, Master II professionnel B-A-B. Page 38
? Selon la capacité de la banque à faire face
à ses engagements lorsque ceux-ci sont échus (risque de
solvabilité) ; ou toujours dans la même rubrique selon la
capacité de la banque de rembourser tous les retraits dus à sa
clientèle ;
? Selon que les clients volontairement ou non ne soient pas en
mesure de rembourser les engagements de la banque à leur endroit (risque
de contrepartie) ;
? Selon le caractère structurel ou conjoncturel de
l'économie ;
? Selon l'environnement microéconomique ou
macroéconomique.
En fait, deux groupes se sont intéressés aux
risques et aux outils de performance dans le domaine bancaire : les
théoriciens et les praticiens qui s'intéressent aux risques
liés à l'activité bancaire et les professionnels
(actionnaires, dirigeants et personnels) qui ont adopté une approche
différente focalisé sur les outils de la performance de
stratégie pour le développement de l'établissement. Chacun
de ces deux groupes ont leurs résultats bien que différents mais
complémentaires. Examinons de plus près ces deux approches.
II.1. Controverse des théoriciens et les
praticiens
Pour les théoriciens, ils sont basés beaucoup
plus sur le bilan de la banque. Le bilan comportant l'actif et le passif, leur
analyse distingue d'une part les risques de l'actif et ceux du passif.
A l'actif d'une banque, en général, nous
trouvons les engagements de la banque envers le public. Ce dernier faut-il le
rappeler est constitué de l'état, de la banque centrale, des
entreprises (y compris les autres banques), et des particuliers. Les banques
dans leur rôle d'intermédiaire financier mettent à la
disposition de leur clientèles en déficit de liquidité de
la monnaie .Celle ci les utilisent de manière rationnelles afin de
générer un surplus qui servira à rembourser la banque. Une
telle pratique c'est évident ne peux pas toujours se passer comme on
l'espère. La défaillance pouvant provenir tant de la part des
banques que du public. Ainsi, lorsque la banque prête des fonds à
sa clientèle et que celle-ci est incapable de rembourser ces fonds, il
y'a là un problème de risque de contrepartie. Ce risque peut
entraîner l'incapacité de la banque à donner des
crédits aux autres clients qui en manifesteront le besoin. D'un autre
coté la contrepartie peut ne pas être défaillante, mais en
raison d'une perte de valeur de l'actif, la banque peut se trouver en situation
d'insolvabilité. On rencontre ce genre de situation dans les prêts
en devises dont la valeur peut s'apprécier ou se
déprécier. En règle générale les deux
situations décrites ici pourraient entraîner au cas où la
banque n'aurait pas constitué de provision au préalable ; une
diminution des fonds propres de la banque. Etant entendu que ce sont les fonds
propres qui servent à absorber les pertes de la banque.
Au passif d'une banque en général on trouve le
capital et les fonds que le public met à la disposition de la banque.
Ici le risque peux provenir de l'incapacité de la banque à faire
face aux demandes de retrait des dépôts de sa clientèle .On
parle à ce niveau de risque de liquidité ou parfois de risque de
transformation lorsque la banque emprunte a court terme pour prêter
à long terme et se trouve ensuite incapable de faire face aux demande de
retraits de sa clientèle.
Mémoire rédigé par KAGUENDO
Ulrich Vianney Elisée, Master II professionnel B-A-B. Page
39
Egalement comme nous l'avons vu à l'actif ; il peut
exister des risques de dépréciation ou d'appréciation de
la valeur des dépôts Ainsi si une banque reçoit un
dépôt en devise ; elle peut se retrouver obligé de
rembourser bien plus que ce qui avais été déposé
chez elle en raison d'une appréciation de la valeur de ces devises.
Par ailleurs le bilan étant communiquant ; les risques
engendrés à l'actif peuvent avoir une incidence au passif. Cette
situation fut notamment observées lors de la crise asiatique de 1996 ou
les banques asiatiques ont empruntée en Dollars US et prêté
en monnaie nationale sans se couvrir contre une éventuelle
évolution défavorable du taux de change. Finalement il y'a eu une
dévaluation de 20 a 50% .Celle ci a fait en sorte que les prêts
remboursés par les clients étaient largement insuffisants pour
rembourser l'emprunt en dollars de la banque. Les deux schémas ci
après témoignent de cette situation :
Tableau 6: Bilan avant la dévaluation
Bilan simplifie de la banque KUVE
ACTIF
|
PASSIF
|
Créances en monnaie locale 100
|
Dépôts en Dollars US 100
|
100
|
100
|
Source : construit par l'auteur/ CGBDF
Tableau 7 : Bilan après la dévaluation
de 50% de la monnaie locale par rapports au Dollars US
Bilan simplifie de la banque KUVE
ACTIF
|
PASSIF
|
Créances en monnaie locale 100
|
Dépôts en Dollars US 200
|
100
|
200
|
Source : construit par l'auteur/ CGBDF.
Comme on le constate le fait que les créances
émises par la banque aient eu une bonne fin ne suffit hélas pas
pour lui permettre de faire face à la demande de Dollars US.
Il faut aussi mentionner le hors bilan qui contient a l'actif,
les engagements futur de la banque et au passif les dépôts que la
banque est susceptible de recevoir. Ici aussi des risques existent car à
l'actif il peut arriver que la banque se porte caution pour un client qui
à la fin devient incapable de fournir la prestation pour laquelle la
caution a été réalisée. La banque soucieuse de sa
réputation sera amenée à payer à la place du
client. La encore on rencontre le risque de contrepartie et même de
liquidité. La banque doit donc autant faire attention au bilan qu'au
hors bilan dans son analyse du risque. Nous pouvons illustrer aussi le cas de
la dévaluation en zone- CEMAC de 1994 qui avait conduit plusieurs
banques de la sous-région en faillite bancaire y compris la CBCA. Elle
se caractérisait par une très forte tension de trésorerie,
une accumulation des soldes déficitaires de gestion, ainsi que
d'importance
Mémoire rédigé par KAGUENDO Ulrich
Vianney Elisée, Master II professionnel B-A-B. Page 40
créances irrécouvrables24. Mais la
CBCA avait bénéficiée de la privatisation de la part des
investisseurs de la sous - région en 1999, d'où fermeture de
l'UBAC et création de la CBCA.
Considérons maintenant le point de vue des praticiens
qui vient en complément de celle des théoriciens s'appuie sur un
travail effectué par la commission bancaire française et
publié en 1992 dans « le livre blanc sur la
sécurité des systèmes d'information ». Pour
le Secrétariat General de la commission bancaire en France, les banques
sont exposées à trois types de risques à savoir :
V' Les risques politiques
V' Les risques bancaires
V' Les risques techniques
Cependant, nous considérons que seul le premier et le
troisième des risques sus cités valent la peine d'être
considérés dans le cadre de notre analyse. La raison principale
étant que les risques bancaires et les risques techniques sont
similaires selon nous. Nous allons brièvement parler de chacun de ces
risques de manière plus détaillés.
En général les risques politiques
touchent à la manière dont la banque est dirigée
en tant qu'entreprise humaine. Ainsi le management d'une banque peut être
confronté aux difficultés suivantes :
- Le risque de management qui touche aux conflits possibles
entre dirigeants de la banque, à une organisation défaillante, un
contrôle interne insuffisants qui ne permet pas un suivi adéquat
des activités de la banque. Il faut dire que si de tel disfonctionnement
ne sont pas résolus a temps, ils peuvent entraîner la disparition
de la banque nonobstant une conjoncture favorable ;
- Le risque de stratégie est aussi une
conséquence du risque précèdent. Il touche à une
mauvaise orientation stratégique des activités de la banque par
les dirigeants. La stratégie peut être pauvrement organisé
avec une incohérence entre les moyens et les objectifs fixés .Une
mauvaise politique de communication susceptible de donner une mauvaise
perception de la banque par le public ;
- Le risque éthique qui touche au respect par la banque
des codes déontologique de la profession. Par exemples les banquiers
sont tenus de respecter le principe du secret bancaire ou de notifier des
mouvements de fonds suspect à la commission bancaire dans le cadre de la
lutte contre le blanchiment d'argent. Les banques qui ne respectent pas ces
principes s'attaquent aux risques déontologiques ;
- Le risque environnemental qui lui provient d'une mauvaise
perception de l'environnement sociopolitique dans lequel la banque
opère. Ainsi, une banque qui ne perçoit pas clairement les
grandes orientations politiques ou socioculturelles de son environnement risque
fort de faire des prévisions erronées.
Les risques techniques et bancaires
concernent la conduite des activités journalière de la
CBCA. Une banque comme nous sommes entrain de le dire est confronté a
beaucoup de risque dans ses opérations. Nous énumérerons
quelques uns de ces risques :
24 Luc NEMBOT NDEFFO et Paul NINGAYE «
réformes financières et rentabilité du système
bancaire des Etats de la CEMAC », Monde en développement Vol.
39-2011/3-n°155.
Mémoire rédigé par KAGUENDO Ulrich
Vianney Elisée, Master II professionnel B-A-B. Page 41
- Risques de signature ou contrepartie qui concerne ici les
risques de clientèle ; les risques interbancaires et les risques pays
;
- Risques sur les biens et les personnes qui concerne le
risque accidentel ou délictuel. En effet une personne peut recevoir un
prêt dont le remboursement sera basé sur son revenu actuel ; si la
conjoncture évolue de manière défavorable, il peut arriver
que la source de revenu tarisse. Le prêt sera difficilement remboursable
;
- Risques opérationnels qui touchent entre autre au
traitement des opérations et au risque informatique (la programmation
doit pouvoir suivre de manière précise le déroulement des
opérations sinon les informations seront erronées). Ce dernier
risque est très délicat dans la mesure ou aujourd'hui dans les
banques, la quasi-totalité des opérations se font via
l'utilisation de logiciel informatique très sophistiqué. Il est
donc particulièrement important que ce risque soit maîtrisé
dans la banque ;
- Risques financiers qui fait ici allusion au `trading book'
bancaire. Il concerne les risques lié aux marchés de capitaux.
Ceux ci sont composés entre autre des risques de taux
d'intérêt, des risques de change, des risques des titres à
revenu variable.
Finalement toutes les approches des risques en milieu bancaire
que nous avons sus
évoquées peuvent se résumée en
deux classification à savoir : les risques microéconomique et les
risques macroéconomique.
Les risques micro-économiques de la banque
: Ceux ci font allusion aux situations dans lesquelles la banque est
faiseuse de risques. Ce qui revient à dire que la banque ne subit pas ce
risque mais au contraire elle l'anticipe et le prend. Elle doit donc par
conséquent en être la seule responsable en cas de litiges. Les
risques microéconomiques sont classables en deux catégories
à savoir : les risques de marchés et les risques d'organisation
de la banque. Nous allons brièvement parler de chacun d'eux.
Les risques de marchés : Les banques
sont des entreprises dont la rentabilité est tirée de la marge
d'intermédiation. Cette marge d'intermédiation est obtenue en
faisant la différence entre les intérêts et commissions
perçues sur les différents segments de clientèle de la
banque et les intérêts et commissions versée au
différent ayant droit de la banque. Cela implique que la banque a besoin
de s'investir sur plusieurs marchés à la fois pour survivre. Nous
pensons notamment au marchés suivants : de dépôts, de
crédits, de capitaux, de changes, des engagements par signatures,
monétaires, interbancaire.
Chacun de ces marchés comporte des avantages certains
pour la banque. Mais toute médaille ayant un revers, il s'avère
que ces marchés comportent des risques qui doivent être
correctement identifié par la banque. Ces risques pour ne pas les citer
concerne entre autres les risques de contreparties ; les risques de changes ;
les risques de transformation (emprunter à court terme pour prêter
à long terme) ; risques de liquidité ; risques de
solvabilité et même risque de profitabilité....
Mémoire rédigé par KAGUENDO Ulrich
Vianney Elisée, Master II professionnel B-A-B. Page 42
Les risques d'organisation de la banque : La
banque est une entreprise qui est gérée par des Hommes. Et en
tant que tel, la qualité des compétences ainsi que des relations
entre les divers acteurs de sa gestion sont des facteurs clés de son
succès.
Ceux qui orientent la direction que la banque prendra dans le
futur (sa stratégie) doivent être aptes à le faire. Ce doit
être des personnes qui possèdent une grande expérience du
monde des affaires ; et qui perçoivent assez bien les tendances de leur
environnement. Ils doivent pouvoir faire une analyse objective des forces et
faiblesses de la banque ; ainsi que des opportunités et dangers
susceptibles de se pointer à l'horizon (SWOT analysis). IL ne nous
semble pas utile de vous rappeler les conséquences néfastes
qu'une mauvaise stratégie peut avoir sur la banque.
Par ailleurs ceux qui s'occupent des activités de la
banque doivent avoir les compétences nécessaires afin
d'éviter les surprises désagréable qu'on devine
aisément (qui ne s'est jamais trouver entrain de faire quelque chose sur
lequel on n'a aucune maîtrise, imaginez les gaffes commise). Bon pour
être sérieux on peut citer certains des risques auxquels nous
faisons allusion :
Les risques liés au système d'information ;
Les risques liés au défaut ou à l'absence de
contrôle de gestion ;
Les risques liés au non-respect des règles
déontologiques ;
Les risques liés au manque de professionnalisme des
agents et des dirigeants.
Cependant il existe des situations pour lesquelles la banque
ne choisis pas son risque mais plutôt le subit.
Les risques Macro-économique : Ce sont
des risques pour lesquels la banque est risk taker c'est-à-dire qu'elle
n'est pas personnellement responsable de l'occurrence de celui ci mais elle en
subit les conséquences. Ces risques sont de deux ordres : interne et
externe
Les risques internes : Par interne ici nous
entendons propres au pays dans lequel la banque se trouve. On peut
considérer ces risques selon qu'il soit conjoncturel ou structurel.
. Sur le plan conjoncturel ce risque se présente comme
suit : lorsqu'il y a croissance
économique dans un pays, les banques du pays en
bénéficient d'une manière ou d'une autre. Inversement
lorsque la conjoncture est défavorable dans une économie, les
banques en font aussi les frais. Cette situation a été
observée a titre d'exemple pendant la grande crise économique qui
a frappé la Centrafrique vers les années 80- 90, plusieurs
banques ont fermé les portes en raison de cette situation. De plus, le
Coup d'Etat de 2013 avait fragilisé le bilan de la CBCA et ralentir son
projet d'ouverture des agences dans les régions du pays.
Sur le plan structurel nous faisons allusion à
l'organisation générale des structures de la
société dans laquelle la banque opère et à la
manière dont elles fonctionnent entrent-elles. Pour être plus
précis nous parlons des organes suivants :
Mémoire rédigé par KAGUENDO Ulrich
Vianney Elisée, Master II professionnel B-A-B. Page 43
Le système judiciaire : (les lois sont elles
respectées dans le pays ? existent ils des hommes au dessus des lois ?
les textes de lois réglementant les affaires sont ils appliqués
?) ;
La stabilité politique du pays (comment se fait la
passation de pouvoir dans le pays ? y'a-t-il liberté d'expression, la
transparence, la corruption, la bonne gouvernance sont elles des vertus
partagés dans la société ?) ;
Le système réglementaire (existe il une
réglementation bancaire dans le pays ? comment est elle organisée
? les 25 principes émient par le comité de BALE pour un
contrôle bancaire efficace sont ils respectés par les
autorités en charge de la réglementation bancaire ?) ;
La gestion micro et macro économique de l'économie
du pays est elle viable ?
Le cloisonnement entre les milieux politique et d'affaire est il
assuré ?
Il est évident que la réponse qu'on donne
à ces différentes questions fera en sorte qu'on ait des banques
différentes les une des autres et affectera d'une manière ou
d'une autre la manière dont celles-ci sont gérées.
Les risques externes ne sont pas
présents à l'intérieur du pays. Cependant ils peuvent
avoir un impact qu'il faut prendre en considération. Ils concernent les
interrelations qui existent entre les différents systèmes
bancaires. C'est par exemple la variation brutale de parité
monétaire entre deux pays qui modifie la valeur en monnaie nationale des
positions.
En règle générale ce qu'il faut retenir
c'est que si des dysfonctionnement apparaissent dans le fonctionnement des
banques des autres pays, aucune banque ne doit se sentir en
sécurité. Ceci car les banques qui fonctionnent presque toutes
à travers les systèmes de correspondance sont liés plus ou
moins les unes aux autres. Il existe donc un risque systémique du style
du `jeudi noir de Wall Street de 1929 susceptible d'affecter les banques.
Bien évidemment les risques dont nous venons de parler
n'affectent pas les banques de la même manière. Cependant les
risques qui au fil des ans ont conduit la plupart des banques à la
faillite sont :
V' La concentration excessive des risques ;
V' La mauvaise gestion ;
V' L'absence de contrôle interne.
Cependant loin de rester passives et de subir les risques
comme ils viennent ; les banques, ainsi que les autorités
réglementaire des différent pays ont développé des
méthodes diverses de contrôle des risques et des moyens pour les
combattre.
|