SECTION II : ANALYSE CRITIQUE DE LA PRATIQUE
COURANTE
Pour bien mener notre étude, nous allons analyser la
performance de la CBCA prise par le respect des normes prudentielles et
d'autres indicateurs de gestion de la banque. En effet, ces exigences visent
autant à assurer la sécurité des déposants
qu'à préserver la valeur de la monnaie, notamment en veillant
à la qualité des crédits distribués et en
garantissant la bonne marche de la profession.
II.1. ANALYSE CRITIQUE DES NORMES PRUDENTIELLES A LA
CBCA
Les relations entre la CBCA et les autorités
monétaires de la zone CEMAC sont, diverses. La raison de cette relation
mutuellement enrichissante tient à leurs objectifs communs de
maîtrise des risques bancaires. En effet la réglementation
prudentielle a mise sur pied de nombreux ratios que les banques se doivent de
suivre. C'est notamment le cas du ratio Cooke, du ratio de division des
risques, du coefficient de transformation à long terme, de couverture
des immobilisations.
La CBCA suit la réglementation à la lettre. Ceci
d'autant plus qu'elle est consciente des avantages que ces mesures lui
apportent en termes de maîtrise de ses propres risques. Le contrôle
de gestion est chargé de la mise en application de ces mesures au sein
de la banque. C'est le contrôleur de gestion et le comptable
chargé de reporting COBAC qui fait les différents calculs
nécessaires et suit leur évolution. C'est aussi le DCAF qui est
le mieux à même de détecter et de signaler à la
direction générale les faiblesses de la banque au regard du
dispositif prudentiel en collaboration avec l'audite interne. C'est ainsi que
grâce aux rapports du contrôleur de gestion sur l'insuffisance des
fonds propres en regard de la croissance exceptionnelle de la banque ; des
mesures sont entreprises pour une augmentation de fonds propres de la banque.
Le respect de ces différents ratios exige de la part du contrôle
de gestion qu'ils suivent de près l'évolution et
l'applicabilité de ceux-ci au quotidien. C'est à cet effet aussi
que le contrôleur de gestion la trésorerie produit les rapports
suivants destinés à la commission bancaire et à la BEAC
selon des périodicités variables :
La position extérieure de la CBCA est envoyée
à la banque centrale quotidiennement et indique les comptes en devises
des correspondants auprès de la banque. Ce reporting permet à la
banque centrale de déterminer les réserves en devises dont
dispose l'économie.
Les reporting pour la centrale des risques bancaire sont
produit selon une périodicité mensuelle par la banque et transmis
à la BEAC. Elle est essentiellement constituée de tous les
nouveaux clients (personne physique ou morales) qui ont
bénéficié d'un crédit dans la banque. Cet outil
comporte aussi un listing de tous les clients en situation d'impayées ou
immobilisées ou qui aurait des créances en souffrance
auprès des banques du pays ou de la sous région. Ceci on s'en
doute permet à la banque centrale de connaître tout les clients
ayant un compte auprès des banques dans le pays. Lorsqu'on sait que les
banques ont accès à ce document, on comprend tout de suite que
cela peut permettre de réduire considérablement les risques sur
les engagements. Ceci dans la mesure où toutes personnes ayant un
engagement douteux auprès d'une banque locale pourrait être
identifiés par toutes les autres banques grâce à cet
outil.
Ainsi, La CBCA comme les autres entreprises, présente
des risques. Ces risques sont nombreux et d'origine diverses à tel point
qu'il n'est pas toujours évident de les classer. Toutefois les risques
dans le secteur bancaire sont devenus beaucoup plus importants que par
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le passé en raison de la déréglementation
qui affecte aujourd'hui les systèmes bancaires et financiers dans le
monde. L'existence des risques à entraîner un besoin
d'identification de ces risques ainsi que des moyens pour les maîtriser.
Ce besoin s'identifie tant de la part de ceux qui les prennent (les dirigeants)
que de ceux qui les surveillent ou en assume les conséquences
(actionnaires, pouvoir publics, agence de contrôle). Alors, nous
procédons au calcul de ratio de solvabilité et de
liquidité dans les tableaux suivants :
Tableau 2 : Calcul des ratios prudentiels de la CBCA(en
millier de francs)
|
Normes prudentiels
|
2009
|
2010
|
Normes de solvabilité
|
A. Fond propre net
|
10 000
|
2000
|
B. Capitaux permanents
|
19 000
|
18 000
|
C. Total engagements pondérés
|
200 000
|
33 000
|
D. Actifs immobilisés
|
30 000
|
26 000
|
Normes de liquidité
|
A. Exigibilité
|
18 400
|
14 400
|
B. Disponibilités immédiates
|
11 500
|
9 000
|
C. Emplois et engagements
|
12 000
|
7 500
|
D. Ressources + 5
|
4 600
|
3 600
|
Source : Construit par l'auteur/ DCAF
Tableau 3 : Analyse des ratios prudentiels de la CBCA (en
pourcentage) de 2009-2014
Ratios prudentiels
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
1. Ratio de couverture des risques (A/C)
|
5%
|
6,06%
|
7,2%
|
8,5%
|
8%
|
10%
|
2. Ratio de couverture des immobilisations (B/D)
|
63,33%
|
69,23%
|
95%
|
105%
|
103%
|
107%
|
3. Ratio de division des risques
|
700%
|
750%
|
775%
|
800%
|
850%
|
875%
|
4. Ratio de liquidité générale (B/A)
|
62,5%
|
85%
|
89%
|
105%
|
100%
|
102%
|
5. Ratio de transformation a L.T. (D/C)
|
38,33%
|
48%
|
52%
|
56%
|
80%
|
100%
|
|
Source : Construit par l'auteur / DCAF Commentaires :
1. Le ratio de solvabilité de la CBCA s'est
dégradé de 2009 à 2011 cela explique que les fonds propres
net de la CBCA ne permettent pas de couvrir au minimum 8% de l'ensemble de leur
concours et prennent un rythme croissant de 2012 à 2014. Elle a un
besoin en fonds propre.
2. Elle ne respecte pas le ratio de couverture des
immobilisations dans les années 2009 à 2011parce qu'elle doit
financer au minimum à 100% par les ressources permanentes (en d'autres
termes les capitaux permanentes sont insuffisants pour financer l'actif
immobilisé). Elle prend les dépôts à long terme pour
financer ses immobilisations pendant cette période et en observe le
respect de ce ratio à partir de l'année 2012 à 2014.
3. Le ratio de division des risques est une forme
d'expression de cette sagesse populaire selon laquelle il n'est pas raisonnable
de « mettre tous ses oeufs dans un même panier ». ici, la CBCA
n'avait pas respecté dans les années 2009-2011 et on constate son
accroissement à partir de 2012-2014.
4. La liquidité de la CBCA est sa capacité
à honorer ses engagements à vue ou à très court
terme (au minimum 100%). Mais dans notre cas, le ratio de liquidité de
la CBCA
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s'est dégradé de 2009 à 2011 et repris
normalement sa place en année 2012-2014. Ainsi, pendant l'année
2009 par exemple si les gens viennent retirer leur dépôt elle ne
sera pas en mesure de satisfaire toutes la clientèle ; donc, elle a un
manque de besoin en disponibilités monétaire de 62,5%.
5. Pour le ratio de transformation à long terme, on
demande à la CBCA de couvrir au moins 50% des ressources de long terme.
Or pendant les deux premières années ce ratio est de 38,33% et
48% donc, la CBCA utilise des ressources de moyens termes pour couvrir les
engagements à long terme. Ainsi, les quatre dernières
années nous avons constaté sa progression.
II.1.1 Etat CERBER de la COBAC mise en oeuvre par la
CBCA
Les rapports CERBER sont destinés à la
commission bancaire et incluant tous les ratios de gestions que les banques se
doivent de respecter. Ces ratios nous l'avons dit permettent de
déterminer le niveau de risques de la banque et à ce titre elles
intéressent autant le contrôle de gestion que la commission
bancaire. C'est d'ailleurs le contrôleur de gestion qui suit l'encours de
ces ratios au quotidien et informe en interne le DCAF puis la direction
générale pour la situation réelle de la banque bien avant
que la commission bancaire n'intervienne. C'est dire que ce rapport n'est pas
uniquement destiné à la commission bancaire mais que la banque
est concernée au premier chef et tout particulièrement le
contrôleur de gestion qui établit le budget de la banque et
détermine ainsi d'une certaine façon le niveau d'activité
de la banque. C'est pourquoi lors de l'établissement du budget, le DCAF
consulte la direction des engagements sur le niveau d'engagements que la banque
se doit de prendre compte tenu de ses fonds propres. Bien plus encore, un suivi
quotidien des engagements est effectué par rapport aux risques
réels encourus sur ceux ci. Cela se fait à travers le tableau de
bord de la banque établit par le contrôleur de gestion et
validé par le Directeur Central Administratif et Financier.
Tableau 4 : modèle du rapport CERBER
(spécifications des fichés)
Mois de remises
|
Contenus des remises
|
Nombre des
fichés par remises
|
Observations
|
Janvier, Avril, Juillet et
Septembre
|
3- Fichés-documents
prudentiels
|
54
|
|
2- Fichés-comptes des résultats
|
Février et Août
|
3- Fichés-documents prudentiels
|
47
|
|
|
Mars, Mai, Juin, Octobre, Novembre et Décembre
|
3- Fichés-documents
prudentiels
|
43
|
|
Source : construit par l'auteur : (instruction
COBAC22)
Ce tableau présente les différentes
étapes du rapport mensuel et le nombre des fichés par remises
dont le contrôleur de gestion et le comptable chargé du reporting
doivent produire.
22 Voir ANNEXE : 4
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