III.1.d - Les difficultés du travail de l'assistant
familial
Lors des ateliers, les assistants familiaux évoquent
les difficultés de leur métier de manière unanime :
« C'est un travail épuisant ! Il faut de
l'endurance, une remise en question. On a parfois envie de baisser les bras.
»
1 Maurice BERGER, L'échec de la protection de
l'enfance, op.cit., p.48
2 Christian ALLARD, op.cit.
3 Nadine CHIFFOT, op.cit.
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De plus, cette phrase d'une assistante familiale m'a
particulièrement marquée : « Les problématiques
des enfants confiés sont de plus en plus complexes. Ils sont beaucoup
plus abîmés car ils restent trop longtemps dans leur famille
».
Il est vrai qu'aujourd'hui, le maintien des enfants dans leur
famille naturelle et le maintien du lien sont privilégiés. Cela
peut être bénéfique comme destructeur pour l'enfant selon
ce qui se passe en visite. Le parent peut faire passer des messages qui nous
échappent et que l'enfant interprète à sa façon.
Les conséquences se répercutent alors au sein de la famille
d'accueil.
L'arrêt de placement
D'après Christian ALLARD dans son ouvrage Pour
réussir le placement familial, la famille d'accueil est à
l'épreuve du lien ; il évoque d'abord le « temps de
l'idylle », après lequel se met en place un «
processus défensif ». La famille d'accueil est le
support de la projection d'objet primaire que l'enfant a avec ses
propres parents et l'enfant, ne pouvant s'en prendre à sa mère ou
son père, « attaque » l'assistant familial. Les ruptures ont
des « effets pathogènes » qui s'aggravent
considérablement à mesure qu'elles se répètent.
Leur évitement est thérapeutique, c'est pourquoi des «
soins psycho-socio-éducatifs et relationnels » sont
indispensables pour soutenir la permanence de l'accueil familial chez la
même famille d'accueil. Les changements de famille d'accueil posent
problèmes et nécessitent une bonne préparation. «
Changer c'est risquer de s'effondrer ». En effet, un arrêt
de prise en charge est difficile à vivre pour les enfants qui ont une
impression de répétition de la séparation de leur
famille.
L'annonce de cet arrêt à l'enfant est
étudié. Cela se fait dans nos locaux. Le chef de service annonce
la fin de placement à l'enfant, en présence de l'assistant
familial qui a un temps pour s'exprimer et expliquer les raisons de cette
décision. Les parents sont également mis au courant par le chef
de service qui représente le service gardien. Chaque membre est donc
informé des raisons du déplacement. Le fait que l'assistant
familial ne soit pas celui qui annonce la nouvelle le protège de toute
attaque qui pourrait lui être adressée.
Mais ce moment est aussi compliqué pour les
accueillants. Ils vivent cela comme un échec, un sentiment de ne pas
avoir accompli leur tâche jusqu'au bout. Ils sont conscients de rajouter
une douleur supplémentaire à ces enfants.
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Dans ce genre de situations, l'important est de garder le lien
après le déplacement, « parce que c'est aussi dans la
permanence du lien que s'élabore la dimension affective
nécessaire à l'épanouissement de l'enfant, cette dimension
affective ne peut s'établir lors d'une relation trop brève.[...]
C'est au travers des petits gestes quotidiens, des preuves de ce souci constant
de l'autre, de ce décentrement de soi, de ce don que perçoit
l'enfant, que peut advenir une relation affective constructive. »1
Les attentes des assistants familiaux
vis-à-vis de l'éducateur
Les assistants familiaux présents m'ont
spécifié ce qu'ils attendaient des éducateurs : un
soutien, des réponses à leurs questionnements (et aussi des
réponses des services médicaux) et une sécurité.
Ils ressentent le besoin d'appeler dès qu'il se passe quelque chose pour
montrer au jeune qu'ils ne sont pas seuls dans leurs décisions. Aussi,
ils se sentent protégés après avoir informé le
service d'un événement particulier.
Au PFS, ils trouvent qu'ils ont beaucoup de chance, car il y a
un bon soutien, et ils apprécient la rapidité d'action. Parfois,
le chef de service intervient, c'est une étape supplémentaire
pour l'adolescent qui prend conscience de la gravité de ses actes. Ils
sont satisfait de la disponibilité de l'équipe.
D'autre part, ils font ressortir le besoin d'être
soutenu par leur conjoint qui apportent une vision extérieure. Ce sont
souvent eux qui tempèrent la situation quand la relation se complique
entre l'assistant familial et le jeune.
Mme S a reconnu que les accompagnements que j'ai
effectué auprès d'Amélie durant 5 mois, ont
été bénéfiques. En effet, je rencontrais
Amélie tous les mercredi après-midis dans le but de soulager la
famille d'accueil. Cela m'a permis, d'autant plus, de mieux faire sa
connaissance, et en passant du temps avec elle, j'ai déterminé le
quotidien que pouvait vivre Mme S.
Afin de développer le rôle de l'éducateur
auprès des jeunes, je vous décris par la suite, les
accompagnements avec Amélie, ainsi que ceux que j'ai effectué
plus ponctuellement avec Adrien, Damien et Jules.
1 Jeanne CHOIQUIER et Yvette MOULIN, op.cit., p.151
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