L'analyse de cette partie révèle que les
organisations locales, au-delà de l'entraide et la solidarité
entre les membres à travers les tontines et les prêts, n'ont pas
d'autres activités.
Par ailleurs, selon l'enquête, seules les associations
d'émigrés ont des actions concrètes touchant toute la
communauté. De par leurs actions communautaires, les associations
d'émigrés ont apporté un nouveau changement dans les
actions associatives. L'expérience personnelle des migrants (double
appartenance) constitue un atout supplémentaire dans leurs initiatives
de développement. En raison de leur parcours de vie, les migrants ont
une double appartenance culturelle qui constitue un avantage
considérable dans la réalisation d'activité. D'ailleurs,
ces associations se distinguent souvent dans la recherche du partenaire avec
des ONG et des collectivités locales dans leur pays d'accueil à
travers la coopération décentralisée. En effet, du fait de
leur diversité et de leur imbrication dans l'économie et le
social, ces activités réalisées par les
émigrés à travers leurs associations se situent dans un
champ qui dépasse largement la sphère quartier. En outre, ces
dernières années, devant la crise financière et
institutionnelle que traverse le pays et face à l'incapacité de
l'Etat à satisfaire les demandes sociales, les émigrés ont
franchi un palier supplémentaire en inscrivant de plus en plus leurs
actions dans un domaine qui relève du service public. C'est notamment le
cas de l'ONG de Self Help lorsque, par son initiative, elle supplée aux
carences du pouvoir
Mémoire Mbossé BADIANE, ESEA/DECOF 2015
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Migration internationale et dynamique organisationnelle
dans les territoires d'origines : Cas de la Commune de Louga
public et de la collectivité locale, en mettant en
place au niveau communautaire des structures, sanitaires, sociales, etc. A
travers ces actions, les émigrés affirment davantage leur
rôle dans le développement et renforcent en même temps leur
légitimité.
A Louga, les associations de migrants ont aujourd'hui pour la
plupart des cas acquis un statut légal dans leur pays d'accueil. C'est
pourquoi généralement tout en étant présentes dans
les débats de coopération internationale entre leur pays
d'origine et leur pays d'accueil, elles bénéficient des avantages
comme de subventions.
Ici, nous verrons qu'une prise en compte spécifique
s'avère judicieuse pour bien élucider les réalisations
faites par les associations.
En ce qui a trait à l'ONG self Help, les
activités déjà réalisées sont pour
l'essentiel centrées sur des actions d'appui au secteur de la
santé. D'autres projets sont en cours de réalisation et
participent tous à l'épanouissement et au bien être des
populations de la région de Louga. Dans l'entretien que nous avons
réalisé avec le secrétaire permanent de Self Help, ce
dernier affirme que «le voeu de chaque émigré est de
contribuer au développement de Louga. Cependant, dans
l'individualité les résultats seront presque caducs. Ainsi, en
regroupant les moyens, à travers l'association, il sera possible de
s'attaquer à des secteurs comme la santé, l'éducation,
etc., en apportant des équipements par exemple».
Ainsi, l'ONG Self Help, a dans la région de Louga
octroyé des matériels sanitaires (lits, draps, lots de
médicaments technologie etc.) d'une valeur de 141 645 518 F
pour les Centres de Santé de Louga, Linguère,
Kébémer, Communes et Communautés rurales, Maison
d'arrêt, école coranique de Koki etc.
La migration a également contribué à
l'ouverture d'esprit des migrants qui à travers les associations
appuient les communautés d'origine notamment des malades et personnes
dans le besoin. C'est notamment le cas de l'ARRL qui centre ses
réalisations sur des actions humanitaires telles que l'appui aux
malades, l'achat d'ordonnances etc.
En dehors de Ndiambour Self-Help et de l'association des
ressortissants de la Région de Louga celles de `'And Bolo Liguey
Louga», `'And Bolo Dieuf'' et `'Deggo» dont les interventions sont
circonscrites au niveau de leurs quartiers, certains émigrés, de
par la position qu'ils occupent dans leurs pays d'accueil, font des
investissements à but communautaire. C'est ce qui fait dire à
l'Inspecteur d'Académie de Louga : « Que certains
émigrés font des actions d'une importance capitale pour
l'école et la jeunesse, car il y a l'école Keur Serigne Louga Sud
qui a bénéficié d'une salle informatique d'une vingtaine
de
Mémoire Mbossé BADIANE, ESEA/DECOF 2015
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Migration internationale et dynamique organisationnelle
dans les territoires d'origines : Cas de la Commune de Louga
micro-ordinateurs grâce à l'initiative d'un
émigré qui est professeur dans un lycée Français et
qui est venu avec ses élèves pour installer les machines
».
Plusieurs exemples similaires auraient pu se renforcer «
s'il y avait une synergie des efforts de la part des émigrés, des
autorités locales et éventuellement des partenaires au
développement ».
Ainsi, les actions communautaires des émigrés,
bien que diversement appréciées par les populations souffrent
d'une absence de coordination entre les associations d'émigrés,
les autorités municipales et les associations locales.