1.7. Les textes littéraires en classe de langue
Actuellement, l'intérêt pédagogique de
l'exploitation du texte littéraire en FLE est acquis, et les manuels
édités depuis dix ans l'utilisent fréquemment comme un
document authentique appartenant à la culture française. Il
semble pourtant que son usage en classe ne soit pas simple. (BEMPORAD, C.
et al, 2007, pp. 19-20).
Dans cette perspective, l'auteur veut nous affirmer que les
enseignants ont tendance à ne pas utiliser ces documents pour
privilégier les textes de presse, dans et hors du manuel. Les raisons
sont multiples, et nous pouvons citer, par exemple, l'a priori supposé
des apprenants à l'égard de ces textes qui sont jugés
difficiles d'accès et trop éloigné d'une pratique
effective de la langue. Le texte de presse, au contraire, est censé
être plus proche de ce que lisent les apprenants dans leur langue
maternelle. Il semble également que les objectifs d'apprentissage
liés au texte littéraire ne soient pas toujours formulés
clairement dans les manuels. La pertinence des activités portant sur la
lecture du texte littéraire est alors peu visible et l'enseignant passe
à autre chose.
1.8. Lecture Littéraire et Classe de
FLE
L'exploitation pédagogique du texte
littéraire en classe de FLE pose effectivement la question de
l'adéquation entre apprendre une langue et lire un texte
littéraire. Activité solitaire par excellence, cette lecture est
souvent le fruit d'une sélection personnelle, elle est
réalisée dans des conditions choisies, et son objectif est de
trouver un certain plaisir à la découverte des actions de
personnages auxquels le lecteur peut plus ou moins s'identifier. (Dufays,
J. L., et al, 2005, pp. 234-235).
Ainsi, nous comprenons que ce mode de lecture, qui peut
être qualifié d'authentique est bien difficile à mettre en
place en classe. Le texte est choisi par l'enseignant ou présenté
dans le manuel, la lecture a une portée collective, il s'agit le plus
souvent d'un court extrait et le ressenti de l'apprenant face au texte n'a
aucune place dans les activités proposées. La question qui
survient a lors est celle de l'objectif qu'il faut assigner à la lecture
d'un texte littéraire en classe de FLE, ou plutôt, des objectifs
les plus appropriés à l'exploitation pédagogique de ce
type de document authentique.
L'une des ambitions de l'approche communicative est de
permettre l'accès à l'autonomie de l'apprenant. La lecture
littéraire peut être une façon d'y parvenir. Dans de
nombreuses situations en dehors de la classe, l'apprenant ne dispose pas de
moyens variés pour pratiquer le français.
Donner des outils pour accéder en confiance
à ces livres est alors un objectif réaliste et adapté
à bien des terrains. Sans négliger l'apprentissage de l'oral, le
développement de compétences propres à la lecture
littéraire peut être inséré dans une progression
pédagogique au bénéfice des apprenants. Ces
compétences demandent toutefois de poursuivre la réflexion
didactique afin de les définir. Lire en langue étrangère
nécessite des stratégies spécifiques qui peuvent
être éloignées des habitudes de lecture en langue
maternelle. De même, pour choisir un livre, interpréter le
paratexte éditorial, s'orienter dans une librairie, il importe de
maîtriser certains codes éditoriaux, certaines classifications
génériques... qui ne sont que rarement enseignés. Cette
compétence globale, que nous désignerons par l'appellation
compétence lectoriale, peut être un véritable outil de
perfectionnement linguistique et culturel pour l'apprenant qui dispose ainsi
des clés d'accès à la littérature. (Dufays, J.
L., et al, 2005, pp. 234-235).
Dans cette perspective, nous pouvons affirmer que l'usage d'un
extrait littéraire pour un exercice de grammaire ou de conjugaison
apparaît totalement inapproprié, voire pénalisant pour le
caractère littéraire du texte. Au contraire, quand le texte est
accompagné de questions permettant une approche globale, quand il se
présente avec une reproduction de sa première de couverture, ou
une partie du paratexte disponible pour le lecteur habituel, la
compréhension se fait selon des stratégies plus proches de celles
qui sont utilisées hors de la classe.
Pour conclure, nous pouvons donc souligner la persistance dans
quelques manuels de l'usage grammatical de la littérature, face à
des activités de compréhension, de lexique et d'expression
personnelle qui correspondent davantage à la lecture littéraire
authentique.
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