1.9. Poème
Le poème c'est cette petite chose de mots qui se
saisit d'un instant du monde et l'offre à l'autre, le fait durer, en
fait mémoire. Une sorte de photographie sans image, l'image demeure en
soi-même, elle est créée par les mots, la piste du dire.
Le poème serait ce texte court qui dit quelque chose du monde
réel ou imaginaire, qui dit que les mots sont là pour s'en
servir, pour jouer avec comme pour interroger ? Pour raconter, partager, mettre
en place et créer des mondes ; autant de mondes que de poèmes et
beaucoup plus de mondes encore que de poètes : chaque lecteur
réagit différemment. Dufays, J. L., et al, 2005, pp.
234-235).
Pour nous, poème est un texte dont l'auteur
écrit ce qu'il pense sur le monde, il exprime ses sentiments, travers de
mots qu'il utilise dans son texte.
Le poème sert à jouer des mots comme on joue de
la guitare, de la flûte ou du piano. Ça sert à faire
savoir qu'on est triste, ou bien d'humeur fantaisiste. Ça remplace
quelques larmes, ça fait rire ou ça désarme. Ça
sert à parler de soi, ou bien de n'importe quoi. Le poème est
considéré comme un voyage intérieur, un moyen d'ouvrir son
coeur. Au fond, ça ne sert à rien, mais ça rend la vie
plus belle, comme un tour de magicien, un sourire.
1.10. Phases d'exploitation d'un texte littéraire
(Poème)
Enseigner la littérature
n'équivaut pas ou ne doit équivaloir, à enseigner un
savoir sur la littérature, exactement de la même façon, et
un peu pour les mêmes raisons, qu'enseigner une langue ne signifie pas en
faire apprendre la grammaire. (A. Séoud, 1997, pp. 132. 133).
Le texte littéraire a quatre phases d'exploitation a
savoir :
1. La Lecture comme moyen de découverte du
texte littéraire
La première étape d'investigation et de
découverte du texte littéraire est la lecture, nous soumettons
aux apprenants dans un premier temps un texte littéraire. Ceci consiste
à mettre l'apprenant au contact du texte, et c'est ainsi qu'il va
découvrir l'objet d'étude. Afin de vérifier la
capacité d'analyse du texte, on lui proposera un ensemble de questions
de compréhension et d'analyse: identifier le type du texte, les types de
tonalités et du discours, la progression thématique,
linéaire et spirale du texte.
L'enseignement des textes littéraires doit amener
à l'apprentissage de la langue en apprenant à communiquer et
à écrire en cette langue. C'est pendant la lecture que
l'apprenant peut manier le texte à sa façon selon sa
flexibilité, en adoptant par exemple la méthode intertextuelle,
le texte devient cette espèce d'oeuvre ouverte dont parle Birago Diop,
d'un lecteur libre d'interpréter le texte des différents sens
possibles. D'ailleurs un texte est rempli d'indices, de traces dont la valeur
sémantique pour le lecteur échappe souvent au narrateur
lui-même. (Beylard-Ozeroff, 2007, p.35).
Ce qui nous comprenons de cet auteur c'est, l'apprenant devra
apprendre à manipuler le texte de manière plus autonome et
à définir le type du texte et le type du discours dans un premier
temps. Pour que l'activité de lecture soit bénéfique il
faut qu'elle conduise à la production, à la communication, il ne
faut pas que la lecture soit dissociée de l'écriture. La lecture
doit de se faire à partir de ce est écrit.
Le meilleur moyen d'exploiter le texte littéraire
et le faire découvrir aux apprenants est la lecture, lire pour analyser,
pour comprendre, interpréter, c'est ici que la méthode
sémiotique est la plus recommandée car elle permet au lecteur de
modeler le sens du texte selon les différentes possibilités qui
s'offrent à lui. Le document littéraire, lieu où, par
excellence, la langue travaille de manière non linéaire et non
univoque, se prête particulièrement à des lectures
plurielles. (Jean-Louis Beylard-Ozeroff, 1998, p. 29).
Ainsi, nous pouvons conclure que, tout en jouant avec les
différentes signifiances le lecteur joue indirectement avec la structure
du texte et par là-même avec la langue du texte afin de mieux
appréhender le texte littéraire, l'enseignant doit adapter des
méthodes pluridisciplinaires, à la fois historique,
littéraire, linguistique. Mais l'analyse sémiotique est la mieux
adaptée dans notre cas car elle permet de mieux appréhender le
texte littéraire dans sa structure et sa texture langagière,
c'est-à dire la langue, comme elle permet aussi au lecteur de faire une
lecture plurielle, d'exploiter la polyphonie du texte.
L'une des spécificités du texte
littéraire est la polysémie, et la polyphonie, d'où la
pluralité des sens, la pluralité des langues puisqu'il y a
forcément langue étrangère et langue mère
d'où aussi la pluralité culturelle et ou l'interculturel et
l'intertextuel. C'est cette spécificité du texte
littéraire francophone qu'il faudrait saisir en classe du FLE.
2-Le texte comme moyen d'accès
à la culture.
Il est certain que tout enseignement de la
littérature nécessite une connaissance de la langue dans laquelle
cette littérature est écrite, et enseigner les
littératures francophones de langue française nécessitent
une connaissance du français langue étrangère. Si
l'étude de la littérature amène à
réfléchir sur l'histoire, la rhétorique, la stylistique ou
encore l'esthétique, il amène surtout dans notre cas à
réfléchir sur la langue parce que c'est une langue
étrangère, sur la culture de l'autre à la quelle
l'apprenant oppose sa culture et sa langue. L'objectif de l'enseignant des
littératures francophones étant de transmettre un savoir
littéraire dans un contexte bien précis, d'enseigner des textes
littéraires à des apprenants censés déjà
connaître la langue française, et d'avoir les outils linguistiques
de base indispensables à la compréhension du texte.
(Cervera, 2009, p. 46.)
Du point de vue personnel, la littérature est un
support privilégié de la formation humaniste puisqu'elle ouvre
sur toutes les dimensions d' l'humain (histoire, culture, imaginaire), de cette
façon, la littérature permet de développer et d'enrichir
la personnalité des lecteurs. La nécessité de la
transmission littéraire comme lieu de mémoire et de langue
réside dans le fait que c'est aussi un lieu de savoir culturel et
d'émotion.
Le texte littéraire est considéré comme
une expression, un regard fragmentaire porté sur un modèle
culturel. C'est en ce sens que nous envisageons l'apprentissage d'une langue
étrangère. Puisqu'apprendre une langue étrangère ce
n'est pas seulement étudier la langue, il faut établir un
parallèle entre la découverte d'une culture et l'apprentissage
d'une langue.
En somme sur la citation de Cervera, nous comprenons que,
mettre en évidence cette culture partagée l'apprentissage de la
langue étrangère implique donc la découverte de nouvelles
pratiques culturelles et de nouvelles valeurs.
D'après Mekhnache (2010, p. 126.), "le texte
littéraire francophone est plus familier à l'apprenant qu'un
texte de littérature française en ce qu'il le plonge dans une
culture qu'il partage ou qu'il connait avant de lui proposer une langue
étrangère, c'est ici que la motivation de l'apprenant est la plus
visible. Le contact de l'apprenant avec le texte lui permet d'accéder
à la culture de l'Autre, le contact avec le texte littéraire
francophone lui permet exceptionnellement d'avoir un regard extérieur
sur sa propre culture mais à travers la langue française, qui dit
langue dit culture. Le texte littéraire s'il peut servir de support ou
de moyen à l'apprentissage de la langue, il peut être aussi un
outil efficace d'entrer dans d'autres cultures et par là-même
d'apporter un regard différent sur sa propre culture".
Du point de vue personnel, nous comprenons que le texte
littéraire est donc le lieu, le moment et l'occasion propices pour
l'apprenant d'entrer dans la langue/culture de l'autre et de reconfigurer sa
propre identité, à travers des interactions autour de ce texte.
Dans sa construction même le texte littéraire est
intertextuel, à partir du moment où il rentre en rapport avec
d'autres textes. Le contact avec le texte met l'apprenant au contact d'autres
textes mais aussi avec d'autres cultures, l'apprentissage de la
littérature et de langue ne se conçoit jamais en dehors du
processus de comparaison. Tout au cours de l'apprentissage, l'apprenant compare
le texte qu'il lit à d'autres textes, sa langue à la langue de
l'Autre, et par là même sa propre culture à la culture du
texte.
Ainsi nous pouvons affirmer qu'il n'est pas possible, pour des
élèves, de percevoir ce qui constitue leur propre environnement
culturel sans terme de comparaison. Ce n'est qu'après avoir
découvert la culture de l'autre qu'ils puissent percevoir ce qui fonde
ses particularités culturelles.
3. Le texte littéraire, un lieu de travail du
langage
Le texte devient selon la conception de Barthes, un espace
de langue un espace à observer, à interroger, comme
révélateur du fonctionnement multiple du système de la
langue. (J. PEYTARD, 1986, p. 247).
Du point de vue personnel, nous affirmons que le texte est cet
objet-produit comme un lieu de travail du langage, c'est-à-dire,
où l'on peut percevoir et analyser les effets discursifs singuliers.
Le contact avec le texte littéraire est avant tout un
contact avec la langue du texte. C'est alors que toute activité
d'analyse du texte est forcément une analyse de la langue. La phase de
lecture et d'analyse textuelle doit préparer à une
deuxième étape plus importante, la production ou l'écrit,
indissociable de la lecture. Si en phase de lecture nous observons une certaine
motivation de la part de l'apprenant, ici il semble complètement
démotivé, car il craint l'écrit.
La question est ici comment motiver l'apprenant à
l'écrit?
Introduire le texte littéraire en classes de langue
permettrait à la fois de transmettre des connaissances culturelles et
esthétiques qui serviront à développer les
compétences de communication, de l'usage de la langue.
4. Explorer, exploiter, et s'approprier la langue par
le texte.
Il ne suffit pas pour autant d'apprendre une langue
à l'étudiant mais il faut savoir aussi lui donner les moyens de
se l'approprier. Dans le cadre de l'enseignement du FLE, l'enseignement de la
littérature est l'une des meilleures chances que l'on puisse offrir
à l'apprenant pour s'approprier la langue étrangère.
(J. PEYTARD, 1986, p. 247).
Ainsi, si l'exploration du texte littéraire par la
lecture et les activités de compréhension est plus
agréable et plus aisée où les apprenants trouvent du
plaisir à découvrir des textes et les explorer par la lecture, la
production écrite est nettement plus difficile et pénible. En
somme on doit entrainer l'apprenant à s'approprier la langue et
l'employer à des fins langagières. C'est cette phase qui pose
problème dans l'apprentissage du FLE.
En littérature le texte est avant tout exploité
afin de transmettre un savoir littéraire, mais en classe du FLE, cela ne
doit pas être sa seule finalité, il doit être
exploité pour réaliser plusieurs objectifs pédagogiques:
linguistiques; enseigner un texte quelconque c'est apprendre indirectement la
langue de ce texte, objectifs esthétiques qui concerneront
l'apprentissage de la stylistique, et de la rhétorique et enfin des
objectifs sociohistoriques et culturels, car tout texte reflète d'abord
la société et la culture à laquelle il renvoie. En projet
didactique l'enseignant doit prendre conscience de toutes ces dimensions de
l'enseignement du texte littéraire et non seulement de l'aspect
littéraire afin d'élargir le champ d'investigation du texte et le
rendre plus flexible à des usages multiples afin de permettre à
l'apprenant à se l'approprier à des usages variés.
Le texte littéraire ne doit pas être
exploité à des fins esthétiques, stylistiques et
culturelles, mais aussi et surtout dans le cas de la formation en licence de
langue, à des fins langagières. Le texte doit être le lieu
de tous les plaisirs de langue et donner goût à l'apprentissage de
langue afin de motiver les apprenants.
L'introduction et l'exploitation du texte
littéraire dans le projet didactique viserait à concilier
traitement communicatif et prise en charge effective des dimensions
esthétiques et culturelles pour un développement des
compétences de production.
La démarche que nous allons présenter, sert a
l'analyse des textes littéraires comme le Poème.
Selon ALBERT, M.C., Souchon, M. (2000, p. 251), pour faire une
bonne analyse d'un texte littéraire tel comme un poème, nous
devons suivre la démarche suivantes :
a) Méthode
I. Etude du paratexte
Lexique: niveau de langue, champs lexicaux.
Enonciation: pronoms, temps des verbes,
énonciateur et destinataire.
Point de vue focalisations et types de
narrateur (interne, externe)
Figures de style dominantes (métaphores,
comparaisons, hyperboles, etc.).
Marques du genre : s'il y a des vers, il faut
commenter les rimes, les effets de sonorité (allitérations,
assonances).
b) Structure
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