Le changement en entreprise, un mal nécessaire pour y optimiser la performance ?( Télécharger le fichier original )par Amélie MOTEAU EMA Vendée - Mastère de Management Spécialisé en Alternance MSA 2 0000 |
2. Les répercussions des changements sur la santé mentale des travailleursComme je le mentionnais plus tôt dans ma recherche, les changements opérés dans les organisations depuis une trentaine d'années ont été considérables. Dans un monde économique en mutation, confronté à la concurrence, sous l'effet des modifications technologiques, managériales, organisationnelles, de nouvelles pathologies du travail apparaissent : surcharge, peur, harcèlement, dépression, suicide. Chaque travailleur dispose de sa propre identité et va réagir de manière différente d'autres individus à une situation identique. Cependant, depuis plus de vingt ans et de manière globale, les salariés expriment au travers des enquêtes menées entre autres par la DARES pour la France et par l'Agence européenne pour l'amélioration des conditions de vie et de travail au niveau de l'Europe, une dégradation continue de leurs conditions de travail. Les changements organisationnels intervenant dans le travail sont trop souvent conçus sans dialogue ni échange avec les salariés, pourtant les premiers concernés par leur mise en oeuvre. De plus, ces changements se réalisent souvent avec des fréquences de plus en plus élevées, provoquant une succession de phases d'apprentissage qui par nature engendrent une dégradation des conditions de travail. J'en parlais dans la partie précédente, les organisations tayloriennes sont toujours présentes dans de nombreuses entreprises, avec en plus des augmentations de charge de travail pour les salariés. Cette intensification peut également être provoquée par des changements organisationnels. En effet, le travail dans l'urgence permanente demande souvent une attention soutenue et une accélération des rythmes et constitue une agression pour l'organisme. Dans ce contexte, 23% des salariés affirment ne pas avoir le temps nécessaire pour effectuer correctement et de manière satisfaisante leur travail39(*). Ce chiffre m'amène à bien comprendre le lien entre performance sociale et économique. En effet, ces changements sont contre-performants pour les salariés et par ricochet pour l'entreprise. 3. Les conséquences du stress professionnel sur la performance organisationnelleLe stress a des répercussions majeures sur la vie de l'entreprise. Son impact sur la performance organisationnelle a été essentiellement examiné à travers les coûts qu'occasionne le stress, ces coûts affectant la performance financière de l'organisation. Cependant, le stress professionnel a également des impacts forts sur les comportements des salariés ; l'évaluation économique du stress professionnel repose majoritairement sur des données d'absentéisme. 1. L'absentéisme comme conséquence comportementale du stress professionnelL'absentéisme peut être défini comme « une incapacité temporaire, élargie ou permanente de travailler du fait d'une maladie ou d'une infirmité »40(*). Les causes de ce phénomène sont diverses, mais l'absentéisme en entreprise est souvent l'indicateur d'une faille dans l'organisation du travail. C'est notamment le cas dans une période de changement, où les repères des salariés sont bouleversés. Une enquête a été réalisée du 7 au 28 avril 2016 par Internet auprès d'un échantillon représentatif de 1515 salariés d'entreprises de 50 personnes et plus, et par téléphone auprès de 305 DRH d'entreprises de même taille. L'étude montre clairement la corrélation entre organisation du travail et absentéisme. L'enquête révèle un bond de 17% du taux d'absentéisme, qui passe de 2,8% en 2014 à 3,3% en 2015. 20% des salariés estiment que leur arrêt est lié à leur travail : 14% sont dus à des tensions liées à l'organisation du travail et 6% suite à des difficultés liées aux pratiques managériales de l'entreprise. En outre, un salarié « soumis à une charge de travail, à des situations stressantes, ou encore à une fonction dont les tâches sont monotones, diminue sa capacité de travail et accroît son risque d'absentéisme »41(*). * 39 BOISARD P., CARTRON D., GOLLAC M., VALEYRE A., Temps et travail : l'intensité du travail, 2002. * 40 Site « Travailler santé », la démarche de santé durable des entreprises, 9 septembre 2016. * 41Securex : « Agir face à l'absentéisme en France », 2011. |
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