B. Effets de la restructuration sur le
comportement des salariés
La restructuration des entreprises a presque toujours des
effets sur le comportement des salariés. Certains dysfonctionnements
apparaissent au niveau des attitudes et des comportements des salariés
restants. Une attitude est une opinion adressée par une personne ou un
groupe qui détermine sa façon d'agir. C'est aussi une
manière affectée de se comporter (Encarta 2000). Nous montrerons
d'abord les problèmes posés par la restructuration au personnel
ensuite nous présenterons les réactions des employés face
aux restructurations.
1. Les problèmes posés par
la restructuration
Les salariés sont généralement inquiets
quant à leur avenir, en plus de cela les dirigeants font face à
de multiples problèmes et les représentants du personnel sont
écartelés en période de restructuration des
entreprises.
1.1. Les salariés perturbés
L'annonce de restructuration et les signes précurseurs
qui l'ont souvent précédée suscitent d'emblée
l'inquiétude des salariés quant à leur avenir. De fait,
l'entrée au chômage suite à un licenciement
économique surtout s'il est « sec » est souvent synonyme de
chômage, ou de détérioration des conditions d'emploi
(niveau de rémunération, statut, mobilités
pendulaires).
Le contexte de restructuration devenue permanent et le
développement des mobilités professionnelles qui y sont
associés sont souvent anxiogènes pour les salariés et
leurs familles. Car ces derniers ne s'y sentent pas souvent
préparé et de ce fait ils doivent se reconstruire sur des bases
incertaines (Cordier). L'analyse des mouvements d'emploi doit être
reliée à l'augmentation des transmissions sur le marché du
travail, dont la rupture d'emploi constitue un de ces aspects (Rouyer, 2001).
La restructuration affecte le moral et la loyauté des salariés
restants qui seraient dès lors moins impliqués et productifs.
Cela pourrait même engager la santé de l'encadrement. Ces
conclusions ont été présentées par la compagnie
d'assurance CIGNA et l'American Association qui mettent en évidence une
forte progression des pathologies liées au stress dans les entreprises
restructurées. Les restructurations ont des effets sur les pratiques de
travail, ainsi que l'analyse Marie Raveyre (2005-2008) : «
les réorganisations récurrentes d'entreprises conduisent à
déstabiliser les collectifs de travail et à des
dysfonctionnements multiples... ».
Certains auteurs ont démontré l'importance de
l'insécurité par rapport à l'emploi et ses
conséquences induites en termes de manifestations psychosomatiques.
L'insécurité est définie par la littérature comme
un phénomène à une ou deux dimensions. Dans une approche
unidimensionnelle, l'insécurité est soit cognitive (Caplan &
al, 1975), soit affective (Johnson, Messe & Crano, 1984). Sous l'angle
cognitif, l'insécurité peut se définir comme la
probabilité perçue par un individu de changements non voulus
concernant son emploi dans le futur. Sous l'angle affectif,
l'insécurité de l'emploi peut être
appréhendée comme la crainte associée à la
gravité des conséquences potentielles de cet
événement pour l'individu.
Les recherches les plus récentes proposent une
définition bidimensionnelle de l'insécurité
considérant que le concept comporte deux facettes indissociables. Dans
cette optique, Greenhalgh, et Rosenblatt, (1984) définissent
l'insécurité comme l'incapacité perçue par un
individu à maintenir une continuité souhaitée dans une
situation de travail menacée et par l'incapacité à agir
contre cette menace (capacité à influencer les décisions,
relations personnelles, etc.).
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