2.3. Les restructurations socialement responsables
Au-delà des ces bonnes pratiques rapportées par
la littérature, il nous semble qu'une des clés de réussite
d'une restructuration se trouve également dans la capacité des
dirigeants à se mouvoir dans les contraintes qu'impose le cadre
législatif. En cela, il est intéressant de considérer ce
cadre au même titre qu'un outil de gestion certes contraignant mais aussi
habilitant, ouvrant alors le champ des possibles. En cela, la question de son
appropriation par les acteurs demeure entière puisque conditionne son
succès non seulement en termes de maîtrise des sureffectifs pour
assurer l'équilibre économique mais aussi comme un outil de
remobilisation des survivants au service de la redynamisation de l'entreprise
et de la responsabilité sociale de l'entreprise sur un territoire
donné. Moisdon (1997) et d'autres (David, 1998, Detchessahar et
Journé, 2007, Havard et Krohmer, 2008) postulent que l'effet d'un outil
de gestion dépend moins de son objet initial (la volonté du ou
des créateurs) et davantage de la manière dont il est
utilisé dans l'action par les acteurs qui s'en saisissent. Dès
lors, il est envisageable de considérer le PSE davantage comme un outil
d'exploration que de contrôle (Moisdon, 1997).
Igalens et Vicens, (2005) en parlants du volet
conséquences sociales des restructurations en invite « les
entreprises à associer plus activement leur personnel àla gestion
des changements qui peuvent en résulter»). Partant de
là, des chercheurs ont tenté d'appliquer aux restructurations les
principes de la RSE autour de pratiques de mutation industrielle dite
socialement responsable mettant en exergue un principe de responsabilité
« négociée, exercée en amont, au cours et en aval des
processus derestructuration » (Fayolle, 2004). Etre socialement
responsable en matière de restructuration signifie alors satisfaire
pleinement aux obligations légales mais aussi aller au-delà et
investir massivement le capital humain, environnemental et les relations avec
les parties prenantes. Igalens et Vicens (2005, p.111) défendent que
pour être considérée comme socialement responsable,
l'entreprise doit intégrer dans toute restructuration deux dimensions :
interne et externe. Interne, parce qu'une entreprise socialement responsable se
doit de mettre en place des pratiques permettant d'anticiper des
transformations : toutes les pratiques visant à préparer les
salariées aux mutations industrielles (globalement les actions
liées à une gestion prévisionnelle dans sa forme la plus
optimale). Lorsque ces anticipations n'ont pu être menées, il
s'agit alors de s'interroger sur le périmètre de
responsabilité de l'entreprise à l'égard des
salariés (sortants et restants). Externe ensuite, parce qu'une
entreprise en restructuration ne peut que difficilement faire l'impasse
à la fois sur les questions d'accompagnement des salariés
sortants ainsi que sur la gestion des partie prenantes externes comme les
réseaux de fournisseurs, de distributeurs, les collectivités
locales, les banques, ...
De là, les auteurs proposent deux dimensions pour
caractériser une restructuration « socialement responsable » :
un processus concerté mettant en avant l'importance du dialogue social
et une démarche globale intégrant une réflexion de
réorganisation couplée à l'intégration des parties
prenantes aux différentes phases aux différentes phases du
processus de restructuration (préparation, décision, mise en
oeuvre).
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