2. Les problèmes engendrés
par la restructuration à PERENCO
Pour Dubouloy et Fabre (2002), la restructuration est avant
tout « une destruction, i.e. l'abandon d'une manière de
fonctionner, de travailler, de vivre ensemble au profit d'une
nouvelle ». De ce fait, une restructuration tend à
désigner un ensemble de mesures dont la particularité est
d'introduire une rupture entre le passé et l'avenir. La restructuration
des entreprises pose souvent de nombreuses préoccupations non seulement
pour les salariés amenés à vivre cette expérience
mais aussi pour les représentants du personnel amenés à
négocier les différentes mesures qui seront appliquées au
cours de cette opération mais encore et surtout pour les dirigeants
amenés à coordonner et orienter la dynamique stratégique
de l'entreprise.
2.1. L'état de santé des salariés
perturbé
Une opération de restructuration peut avoir une
incidence sur la santé mentale et physique des salariés. Certains
auteurs pensent que la restructuration peut affecter le moral et la
loyauté des salariés restant dans l'entreprise. Car ces derniers
seraient moins impliqués et peu productifs. Cette situation pourrait
alors engager la santé de l'encadrement. Il n'est pas certain que les
salariés qui ont réussi à garder leur emploi doivent
toujours être considérés comme des salariés
chanceux. Il existe de plus en plus de données sur ce que l'on appelle
le « syndrome du survivant (ou du rescapé) des licenciements
». Certains des salariés qui sont restés dans l'entreprise
ressentent un sentiment de culpabilité (« Pourquoi cela est-il
arrivé aux autres et pas à moi ? »), d'autres
éprouvent une incertitude permanente (« Serai-je le prochain sur la
liste ? »). Dans un contexte de post-restructuration, les employés
éprouvent souvent une certaine incertitude quant à l'orientation
future de l'entreprise et cela peut se manifester par une perte de confiance.
Même si les licenciements ont sécurisé l'avenir de
l'entreprise, les rescapés devront s'adapter aux nouvelles conditions de
travail. Ils ont souvent le sentiment que des modifications importantes sont
intervenues au niveau de leur travail et ils ont l'impression que les
rôles sont de plus en plus ambigus (En outre, dans la plupart des cas,
les restructurations ont pour but de rationaliser la production, ces
bouleversements incessants étant alors justifiés par la
quête de l'efficacité.Par ailleurs, l'impact sur la santé
est principalement psychique ou survient par médiation du psychisme. On
observe ainsi des expressions psychopathologiques visibles, assez facilement
reliées à l'organisation du travail. Il s'agit des violences au
travail, qui peuvent se traduire par des agressions, par des tentatives de
suicides ou des suicides sur les lieux de travail. D'autres études font
le lien entre insécurité dans l'emploi et dégradation de
la santé physique des salariés. Plus l'environnement du
salarié est précaire, plus celui ci est susceptible :
§ Troubles somatiques (maux de tête et les douleurs
lombaires, TMS, etc.),
§ Troublescardio-vasculaire,
§ Apparitiondemaladieschroniques,
§ Augmentation considérable de l'indice de masse
corporel (IMC).
Dans le cas de PERENCO, les entretiens exploratoires nous
révèlent que plusieurs salariés n'étaient pas en
bon état de santé et le poste médical du travail a
enregistré plusieurs cas de maladie lié au stress. Les discours
des ces entretiens révèlent que «80% de la population
était dans le choc, il y a eu des chocs psychologiques, des frustrations
et des peurs. ».
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