2.3. Le sentiment d'injustice
La théorie de l'équité (Adams, 1965) est
considérée habituellement comme un fondement théorique
pertinent pour étudier le problème de l'injustice. Elle explique
la motivation au travail par la disposition de l'individu à comparer sa
situation personnelle à celles d'autres personnes. Ainsi,
l'employé observe son environnement professionnel pour savoir s'il est
traité avec équité dans son entreprise. Il va effectuer
des comparaisons « internes » entre ses contributions
(intensité de l'effort, temps consacré, discrimination subie,
compétences et habiletés acquises) et ses rétributions
(rémunérations, salaires, qualité de vie, pouvoir,
prestige), puis « externes », c'est-à-dire va comparer sur le
même principe les contributions et les rétributions d'autrui.
L'employé élabore ses ratios selon son propre
système de perception. Lorsqu'il perçoit une
égalité entre ses ratios, il éprouve un sentiment
d'équité. En revanche, lorsqu'il perçoit des
différences entre ses ratios, il éprouve un sentiment
d'iniquité. L'iniquité pousse l'individu à chercher un
moyen de la réduire. Parmi les moyens dont il dispose il peut tenter de
modifier ses contributions (exemple : travailler moins) ou ses
rétributions (exemple : négocier une augmentation).
Dans un contexte de restructuration, le salarié va
également s'interroger sur les nouveaux termes de l'échange :
quelles sont les nouvelles attentes de la part de l'organisation concernant le
système de production, les conditions de travail, les relations
humaines, etc., d'autant qu'il a également une nouvelle offre à
proposer, en termes d'implication organisationnelle et de relations avec les
autres membres de l'entreprise.
En fonction des réponses obtenues à ces diverses
interrogations, le salarié modifie son attitude et son comportement en
vue d'établir une nouvelle situation d'équilibre. Il est alors
probable que, dès lors qu'il ressent un sentiment d'iniquité
découlant de la mise en oeuvre d'une restructuration. Il
réévalue alors son niveau d'implication dans l'organisation.
Ainsi, l'efficacité perçue semble intimement liée à
un ensemble de réactions défensives et agit sur celles-ci dans le
sens de Bandura (2003).
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