WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Considerations historico-juridiques sur le regime politique haitien

( Télécharger le fichier original )
par Jhensly Endy Frederic
Faculte de Droit et des Sciences Economiques, UEH - Droit 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Section II.- Souhaits sur le devenir du régime politique

Le régime parlementaire bi-représentatif instauré par la Constitution de 1987 fonctionne depuis plus d'un quart siècle. D'aucuns pensent qu'il est à la base de toutes les crises de la société, loin de là, nous-même, nous avons relaté les cas dans lesquels il constitue une cause d'instabilité dans le pays et les défis juridiques auxquels il fait face. Dans un régime où la nomination d'un Premier Ministre suscite tant de remous, tant de contestations, tant de négociations, tant de perte de temps, cela constitue en quelque sorte une source d'instabilité.

En parlant de Premier Ministre, il est important de voir ce dernier tant au niveau de sa nomination qu'au niveau des conséquences de son renvoi ou de sa démission. Comme nous venons tout juste de le dire, sa nomination implique beaucoup de négociations. Demeurer en fonction pendant plus de deux ans l'est aussi sur la base de négociations. Quand nous disons négociations, nous faisons allusion à l'argent et aux portefeuilles ministériels à donner. Il joue le

117 Rapport national de la République d'Haïti. Tendances récentes et situation actuelle de l'éducation et de la formation des Adultes. (EDFoA, Avril 2008).

85

rôle fusible du pouvoir Exécutif, il reçoit tous les chocs que doit subir ce dit pouvoir. Il est le responsable politique de tous les actes de ce pouvoir.

En cas de démission ou de renvoi, le Gouvernement ne peut rien faire pour l'État que d'en liquider les affaires courantes. Les programmes déjà élaborés par le Gouvernement renvoyé sont susceptibles de rester dans les tiroirs ou dans les poubelles pour toujours si le nouveau Gouvernement ne s'y identifie pas pour une quelconque raison que ce soit. Et dès lors, tous les deniers qui ont été dépensés à cette fin sont dilapidés. Un pays pauvre ne peut se permettre de se baigner dans le gaspillage économique. Jamais, il ne doit se lancer dans des activités dont les conséquences seront néfastes à sa propre économie.

La bonne marche d'un régime dépend aussi de sa relation avec le peuple. Nous l'avons dit plus haut que le niveau de participation du peuple dans les sphères politiques est aussi déterminant dans le fonctionnement d'un régime politique. Si le choix du candidat ne se fait pas par la voie des urnes, cela a une conséquence sur la nature du régime. La représentation politique implique que le peuple participe aux décisions politiques par le choix des représentants. Si les représentants vont diriger au nom du peuple, ce dernier doit choisir librement et consciemment les personnes capable d'apporter le mieux ses revendications.

Par rapport à toutes ces considérations, nous entendons proposer un régime présidentiel qui charrie avec lui les moeurs et us du peuple haïtien (A) et d'un coup, nous nous attendons à des résultats possibles(B).

A.- Un régime présidentiel à l'haïtienne

Sans autorité que nous sommes, un régime présidentiel serait bienvenu pour pallier à une série de problèmes auxquels confronte la République d'Haïti. Dans lequel, l'Exécutif monocéphale est doté d'une administration pour conduire la politique sur la base de laquelle a été élu le Chef de l'État au suffrage universel direct. D'où une sécurité de choix du programme politique. Le candidat sera élu sur la base d'un programme politique, et le choix du peuple serait respecté parce qu'il n'y aurait pas un Premier Ministre pour présenter une politique générale dont la ratification dépendrait de la volonté d'un parlement.

86

Il n'y aurait pas de Gouvernement jouant le rôle de fusible dont l'absence constituerait un handicap majeur pour le fonctionnement du pays. L'administration présidentielle serait pourvue de Secrétaires d'État compétents pour appliquer la politique de ladite administration dans un domaine bien spécifique. Plus le peuple est proche du pouvoir, plus il lui est facile d'exercer son influence sur les grandes décisions nationales118. On aurait, en effet, dix administrations périphériques placées sous le contrôle de l'administration centrale ayant à sa tête l'Administrateur Centrale ou Générale nommé par le Président de la République, après avis facultatif des Présidents des deux chambres.

Cet Administrateur Central pourrait être questionné par le parlement sur l'application de la politique générale du Président et en cas d'insatisfaction, il demande, par une résolution, au Président de la République de choisir un autre Administrateur sans que les administrateurs périphériques ne sont pas obligés de partir. Et le Président peut décider, de son propre gré, de mettre fin au mandat de cet Administrateur Central. Et dans les deux cas, cela ne peut se faire une seule fois par an.

Dans lequel régime, la place d'un parlement dont les membres seront élus à la majorité des suffrages exprimés, serait tout à fait de mise, car il remplirait normalement sa mission principale de faire des lois sur toutes les questions d'intérêt général. Légiférer est une fonction politique moderne119. La loi est au coeur de la politique moderne, elle doit contribuer au recul des conceptions séculaires qui font de la politique une simple affaire de pouvoir en Haïti. A cet égard, les parlementaires n'auraient pas l'envie d'être porteurs des programmes de développement pour leur département ou leur circonscription, car l'administration départementale y serait présente et prendrait connaissance de tous les problèmes y relatifs.

a) Régime respectant les valeurs démocratiques

Un régime démocratique moderne est nanti d'un ensemble de mécanismes et d'exigences différents de ceux qui ont été retenus pour expliquer la démocratie athénienne. Il n'est plus

118 Ici, nous nous situons dans la même position que Jean Rénol Elie, qui veut que le peuple soit plus proche du pouvoir, in Participation, Décentralisation, Collectivités territoriales en Haïti. Bibliothèque nationale, P-au-P, Mars 2008, p 63-75.

119 Castagnède Bernard, La politique sans pouvoir, puf, 2007, p49.

***Aux yeux de Castagnède, cette fonction ne peut être entre les mains de n'importe qui, mais entre les mains des représentants élus. La loi est le reflet de la volonté générale, elle doit être votée par les représentants de la majorité.

87

question d'un assemblage de textes théoriques dépourvu d'application ou l'éloge d'un ensemble de valeurs dont le respect est minime. Ce n'est pas non plus un régime de vingt mille personnes dont douze milles sont des hommes citoyens pouvant participer à la vie politique, et les autres sont écartés du champ politique parce qu'ils n'ont pas la qualité de citoyen. Il est plutôt un régime d'inclusion de plus de citoyens possible dans la vie sociale et dans les sphères du pouvoir.

L'un des plus grands accrocs à l'implémentation de la décentralisation dans ce pays à rêve démocratique, en plus de l'absence de la volonté de l'État, est un déficit de cadres administratifs compétents existant dans les autres villes du pays. L'État doit procéder, avant tout, à la formation des citoyens pour remplacer la médiocrité par l'excellence, la corruption et la malhonnêteté par l'intégrité, la lâcheté par la bravoure. D'où un véritable processus de décentralisation du pouvoir au profit de la collectivité.

Ce régime doit être pourvu d'un ensemble de mécanismes pour le respect de la Constitution et de la loi, comme valeur démocratique. Les règles constitutionnelles doivent être d'application stricte. Les lois ne doivent pas être bafouées au moment voulu. A titre d'exemple, nous pouvons considérer la violation très récente et flagrante enregistrée le 24 Octobre 2011, relative à l'arrestation du député en fonction Anel Belizaire. Le corps des membres du parlement est inviolable du jour de leur prestation de serment jusqu'à l'expiration de leur mandat. Les parlementaires jouissent tous de l'immunité, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas l'objet d'arrestation pour les crimes de droit commun sauf en cas de flagrant délit pour les cas emportant une peine afflictive et infamante (art 115). Le côté politique de la question ne nous intéresse guère mais l'arrestation d'un parlementaire doit se faire dans le respect de la loi.

Les punitions pour les violations constitutionnelles doivent être juridiques et non politiques. Toute violation juridique nécessite une sanction juridique et non politique. A la politique de sanctionner les violations politiques mais au Juridique de réglementer ou de sanctionner les pratiques illégales ou non-juridiques.

En somme, ce régime politique doit se préoccuper de la participation active du citoyen dans la prise de décisions politiques dont la première possibilité est les élections. Un représentant peut

88

être légal sans être légitime et tout pouvoir, dans un État moderne, doit être à la fois légal et légitime. Le non-respect de la loi comme boussole conduit à une entité chaotique ingouvernable.

b) De l'encadrement du régime souhaité

Le parlement ne serait plus un organe fondamentalement négociateur, mais toujours est-il, nous n'écartons pas la possibilité que ces deux pouvoirs établissent des relations réciproques. Le Président pourrait toujours utiliser son droit de veto sur les lois votées par le parlement, et celui-ci peut toujours mettre en accusation le Chef de l'État en cas d'abus de pouvoir sur une question donnée, et le pouvoir judiciaire serait normalement l'organe de contrôle principal des actes de ces deux pouvoirs. Les membres du pouvoir judiciaire seraient nommés par le Président sur une liste envoyée par le parlement en consultation avec les conseils communaux et départementaux. Passé le délai de trois mois sans faire ces nominations, l'assemblée nationale serait de plein-pouvoirs de le faire à sa place sur une majorité aggravée ou surqualifiée.

La fortification de ce régime politique en Haïti nécessite un système de partis dynamique. Le système de partis réduit au système de clans doit tirer sa révérence pour faire place à un système constant et dynamique. Dans une démocratie, limiter le nombre de partis n'est pas recommandé. Mais, la Constitution doit établir les grands principes concernant la naissance d'un parti politique. Et chaque parti doit être le véhicule de transport de formation juridique de ses membres et non pas porteur d'un discours démagogique conjoncturel.

Un parti politique doit atteindre un certain niveau d'âge avancé et de maturité avant de participer aux élections législatives et présidentielles. Un parti politique a un rôle très important à jouer dans un régime politique. La majorité que demande la Constitution pour voter une loi ou ratifier une convention doit être issue d'un parti ou plusieurs partis politiques. Donc, ces derniers doivent avoir juridiquement une certaine maturité, soit 5 ans ou dix ans d'existence.

Il est anormal, de se sentir bien dormir un soir, de se réveiller dans la matinée et décider de camper un parti politique sans objectif aucun et sans avoir la prétention de respecter les valeurs démocratiques. On ne peut décider de faire un parti politique sans connaître en réalité son rôle qui n'est pas uniquement la prise du pouvoir. Les partis jouent un rôle multiple dans la vie politique. Ils sont le moteur qui fait atterrir ou respecter le principe de la séparation des pouvoirs.

89

L'on peut même dire que le degré de séparation des pouvoirs dépend beaucoup plus du système de partis que des dispositions constitutionnelles.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein