II-2-3 Les théories sur les interactions dans le
travail de groupe
II-2-3-1 L'aménagement des communications
horizontales à l'intérieur d'une structure verticale selon G.
FERRY (1970)
Le maître garde l'initiative et le pouvoir. C'est lui
qui choisit les thèmes d'étude, qui décide des
interventions, qui évalue le travail accompli. Il contrôle
à tout moment la situation. Mais il définit des zones ouvertes
aux communications horizontales : discussions, recherches en équipe ou
recherche collective d'idées, élaboration en commun de demandes
ou de critiques relatives à l'enseignement. Il se met ainsi en position
de dialogue avec le groupe des élèves. Un feed-back est
créé, grâce auquel le dosage de la transmission est
susceptible d'être rectifié, les décisions
modifiées, le style de l'enseignement dynamisé. Ce qui est
important, c'est la subordination des échanges qui se développent
plus ou moins dans le groupe des élèves aux fins de
transmission.
L'explication des progrès individuels suite à un
travail de groupe peut se faire par des théories. Nous nous sommes
intéressé à deux théories de J. ROUX (1996) que
sont la théorie
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du conflit sociocognitif (II-2-3-2) et celle de la
transformation de la fonction communicative (II-2-3-3).
II-2-3-2 La théorie du conflit sociocognitif
Lorsque les échanges interactifs sont l'occasion de
conflits (au sens de confrontations contradictoires) du fait des points de vue
différents des sujets pour résoudre un problème,
s'installe conjointement entre eux un double conflit cognitif (intra
individuel : parce que chaque sujet prend conscience des réponses autres
que les siennes ; et interindividuel : parce que les réponses sont
différentes) et un conflit social (parce que les sujets ont
obligation de coordonner les points de vue pour parvenir à un accord et
fournir une réponse commune).
C'est alors par « intériorisation des
coordinations inter individuelles » que sont expliqués les
progrès individuels subséquents (CARUGATI et G. MUGNY, 1985 ; C.
DALZON, 1990 ; W. DOISE et G. MUGNY 1981, A.N. PERRET-CLERMONT, 1996/1979 ; M.
GILLY, 1989, 1990, 1993, 1995).
II-2-3-3 La théorie de la transformation de la
fonction communicative
Le processus de passage des régulations
interindividuelles aux régulations intra-individuelles, constaté
au cours des situations interactives (ou peu après), peut s'expliquer
par le statut et rôle du langage dans l'interaction. Toute communication,
visant à la résolution d'un problème à plusieurs,
est une suite de transactions (séquences sociocognitives de
négociation et de construction de sens) pour
construire l'intersubjectivité nécessaire à
l'aboutissement d'une réponse mutualisée et agréée
par les partenaires (A. TROGNON et K. KOTULSKI, 1999). Dans un tel contexte, la
conversation est un moyen privilégié pour accomplir ce processus
de construction d'intersubjectivité.
La thèse permettant d'expliquer
l'ontogénèse des processus mentaux supérieurs est alors la
suivante : toute énonciation langagière (via les signes du
langage) est un acte de médiation qui assure conjointement une fonction
sociale communicative (« externe ») et une fonction cognitive
significative (« interne ») ; ces deux fonctions, interindividuelle
et intra-individuelle s'accomplissent en même temps pour construire et
donner du sens aux situations. Ces signes pourront alors devenir des «
outils » pour l'enfant, lui permettant de développer sa propre
compétence à penser ...
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