Les effets du vin sur la santé( Télécharger le fichier original )par Anne Drillaud, Justine Mrozek, Hortense Cabouret ESPAS - Université Catholique de Lille - Ingénierie 2013 |
III. LA CULTURE DU VIN ANCRÉE DANS NOS RACINES1. HistoireC'est en 600 avant J--C que le vin naît en territoire français, grâce aux Grecs qui fondent la colonie de Marseille et plantent du vignoble dans l'arrière pays64. Ce vin est vite accaparé par les Gaulois qui s'efforcent d'adapter les rites grecs aux coutumes locales. Rare et exotique, le vin est un breuvage que l'on se doit de boire aux yeux de tous dans une luxueuse vaisselle importée (vases en bronze fabriqués en Italie, céramiques à figures rouges et noires provenant de Grèce). Dans un premier temps, les gaulois boivent ce vin pour l'ivresse qu'il procure, tendant vers un but précis : la transe qui rapproche l'homme des divinités à travers la consommation et la libation du vin (rituel religieux consistant en la présentation d'une boisson en offrande à un Dieu, en renversant quelques gouttes sur le sol ou sur un autel). Le vin occupe alors une place importante dans la vie religieuse. Ce n'est qu'après la conquête des romains de 52 av. J--C que les Gaulois commencent à produire du vin en abondance. C'est donc aux premiers siècles de notre ère qu'il faut faire remonter l'origine de nos grands vignobles. Alors que les vins de l'Antiquité étaient coupés d'eau et agrémentés d'herbes et d'aromates, le vin sous la forme où nous le consommons aujourd'hui apparaît au Moyen Âge65. À la fin du Xème siècle, Bordeaux est la seule région viticole à ne pas être sous influence de l'Église, elle commence alors à se développer. Le vignoble bordelais prend son véritable essor à la fin du XIIème siècle. Par la suite, la Révolution démantèle complètement le vignoble français qui appartenait essentiellement aux seigneurs et aux communautés religieuses. Au cours du XIXème siècle, deux faites nouveaux bouleversent la production vinicole: la création du chemin de fer qui facilite le commerce du vin et l'apparition du phylloxéra, minuscule mais dramatique puceron, qui ravage tous les vignobles d'Europe. On découvre alors le remède à ce fléau en greffant des plants américains sur des cépages européens. Le savant Louis Pasteur se passionne pour l'étude du vin, ouvrant ainsi la voie à l'oenologie moderne. La consommation de vins en France a largement évolué depuis les années 1980.
64 D'après le site hominides.com ; les origines du vin - paru le 03.07.07 65 D'après le site toutlevin.com ; l'histoire du vin
46 achats du vin66. Chez les jeunes, la majorité a bu son premier vers lors d'un repas de famille, du vin ou du champagne. Ce sont bien souvent les parents qui incitent leurs enfants à boire du « bon vin » ou un « bon champagne », car, c'est dans notre culture française. Le vin est au coeur du quotidien des Français. 93% des Français déclarent que le vin est la boisson qui accompagne les repas et trois Français sur quatre associent le vin à la convivialité (75%)67. Ils sont également 88% à considérer que le vin leur permet de passer un bon moment et 70% à dire que le vin rend plus festif leur quotidien. Un Français sur deux consomme du vin au moins une fois par semaine. Les consommateurs les plus réguliers sont toujours parmi les plus âgés. Le vin s'offre facilement et de plus en plus souvent, à l'occasion d'un dîner entre amis ou même pour une occasion particulière comme un anniversaire (87% des Français offrent du vin à leurs amis quand ils sont invités et 83% pour des occasions particulières comme un anniversaire). La gastronomie et la cuisine sont parmi les thèmes de discussion les plus fréquents des Français. Le vin est également très fréquemment abordé et cela bien plus souvent que le football (72% des Français parlent régulièrement de vin contre 44% des Français parlent du foot). Le vin reste très présent dans la tête des Français car même quand ils sont en vacances, 4 Français sur 5 cherchent à découvrir ou acheter des vins locaux. Sans être des experts en vin (seul un Français sur deux déclare bien connaître le vin), les Français sont capables de citer, facilement et de manière spontanée, des noms de vignoble et des termes liés au produit lui--même (cru, vendanges, vigne, boisson...). Le vin a su évoluer avec son temps et demeure une boisson ni branchée, ni ringarde (plus les personnes interrogées sont jeunes, plus elles considèrent le vin comme une boisson branchée). Les Français sont 79% à considérer que le vin est bon pour la santé. Dans un contexte économique difficile, le vin demeure un vecteur de convivialité et du mieux vivre ensemble. Aujourd'hui, cette culture s'étend vers les jeunes. Le nombre d'écoles d'oenologie ainsi que les associations étudiantes sur le vin ne cessent d'augmenter. En effet, de nombreux clubs d'oenologie et de dégustation sont implantés dans les grandes écoles françaises, Sciences Po, HEC, Dauphine... Les nouveaux commerçants du vin l'ont compris: le plaisir du vin touche plusieurs générations de français. Le choix d'un point de vente est donc de plus en plus minutieux. Ce choix est ainsi guidé par une recherche sensorielle: les amateurs attachent de l'importance à une ambiance agréable et à la possibilité de déguster sur place68. La plus part des amateurs de vin considèrent qu'il est nécessaire d'être connaisseur pour apprécier le vin. Forts de cette expertise, l'achat d'une bouteille ne se fait pas au hasard. Les amateurs ne formulent pas non plus d'attente spécifique quant aux conseils et aux recommandations sur le point de vente. Ils sont également peu sensibles à la prescription des guides et revues spécialisés, qu'ils connaissent globalement bien mais ne lisent pas. 66 D'après le site legout.com ; Le vin et les français, une histoire de coeur 67 D'après le site vin & société 2010 ; les Français et le vin : Baromètre Ifop 68 D'après une enquête d'Ipsos France; Profil et habitudes des amateurs de vin - paru le 24.10.2012
47 Figure 19 : Évolution mensuelle des exportations de vins et spiritueux69 LE FRENCH PARADOX ( paradoxe français): Naissance du French Paradox: Attaque, infarctus, accident vasculaire cérébral... autant de maladies cardiovasculaires qui ont été, en France responsables en 2008 de 30% des décès chez les femmes et 25% des décès chez les hommes. De nombreux facteurs agissent sur le déclenchement de ces maladies : alimentation déséquilibrée et trop riche en graisse, stress, manque d'activité physique, tabac, surpoids, hypertension, diabète... Dès l'Antiquité le vin fut considéré comme le symbole de la vie par analogie au sang. On l'utilisait depuis longtemps non seulement comme boisson, mais aussi comme support chargé de véhiculer les différents remèdes administrés. 69 D'après le site viti-- net.com
48 Le paradoxe français, c'est le constat que les Français souffrent assez peu de maladies cardio-vasculaires malgré un régime alimentaire riche en graisses saturées. C'est le médecin irlandais Samuel Black qui le remarqua le premier en 1819. Il a été remarqué un rapport Nord-Sud en rapport avec l'alimentation pour les accidents cardio-vasculaires. En effet plus on vit au Nord de l'Europe, plus les risques cardio-vasculaires sont importants. Les endroits où l'on est le moins sujet aux maladies cardiaques sont la Crête (d'où le fameux régime Crétois à base de légumes, de poissons, de viandes blanches et d'huile d'Olive) et le Sud- Ouest de la France (vins rouges et cuisine du canard) d'où l'appellation de French paradoxe. Aussi, en 1992, l'équipe de Serge Renaud (le spécialiste de la nutrition) a montré que les Français - qui avaient un régime alimentaire aussi riche en lipides et les mêmes facteurs de risque que les Américains - présentaient un taux de décès par maladies cardio-vasculaires plus faible. La cause de cette différence de taux de décès? La consommation modérée de vin, typique des Français. Une revue scientifique s'en est fait l'écho à travers le monde médical et a démontré que deux à trois verres de vin rouge par jour peuvent diminuer le risque d'infarctus du myocarde. Les chercheurs français décrivent une courbe « dite en J », avec une baisse du risque cardiovasculaire pour des consommations de 20 à 40 g d'alcool par jour (2 à 4 verres de vin) et une augmentation du risque pour des consommations supérieures. En fait, le vin rouge doit ses propriétés protectrices à sa grande richesse en antioxydants naturels : tanins, flavonoïdes, mais surtout en OPC (Oligomères Pro Cyanolidiques). Ils protègent les parois des vaisseaux, diminuent leur perméabilité et par leur effet antioxydant ont une action favorable sur le taux de cholestérol. Mais le vin a un sérieux inconvénient, c'est sa teneur en alcool. L'abus d'alcool fait des ravages aussi terribles et encore plus rapides que le cholestérol. Voilà pourquoi des chercheurs ont tenté de conserver les remarquables substances actives antioxydantes du vin en éliminant ce qu'il contient de négatif pour la santé, c'est-à-dire l'alcool. Et ils y sont parvenus.
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