2. Maladies liées au vin
Quand on consomme une boisson alcoolisée, l'alcool
traverse la paroi intestinale sans subir aucune modification et passe ainsi
très rapidement dans le sang: 15 à 30 minutes pour une personne
à jeun, 30 à 60 minutes si on a pris un repas. A travers le
réseau sanguin, l'alcool se répand dans l'ensemble de
l'organisme, notamment dans les organes les plus irrigués: le foie, le
coeur et le cerveau. Le foie va lentement transformer 95 % de l'alcool, les 5 %
restant sont éliminés par les poumons, les reins et par la
peau.
a. Le foie
L'abus du vin, tout comme les autres alcools sont souvent
associés aux maladies du foie. En effet, le foie traite environ 95% de
l'alcool qui circule dans le sang, mais il ne peut l'éliminer que dans
une certaine mesure. De plus, le travail de décomposition qu'il
réalise engendre la libération de substances toxiques pour ce
dernier. C'est pourquoi, une consommation excessive d'alcool peut
entraîner des troubles hépatiques telles qu'une stéatose
(caractérisée par une surcharge en lipides) ou
une cirrhose (ensemble de lésions diffuses et
3 Expertise collective Inserm (Institut National
de la Santé Et de la Recherche Médicale)2003. Alcool -
Dommages sociaux, abus et dépendance
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Les effets du vin sur la santé
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irréversibles du foie) et finir par abîmer le
foie.
Cependant, l'alcool est impliqué dans une cinquantaine de
pathologies. Il n'est guère d'organes qui ne soient pas touchés
par la consommation excessive d'alcool, le cerveau et le système nerveux
en premier.
L'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a
identifié que l'alcool était l'un des 10 premiers facteurs de
risque de la maladie, une étude suggère que un
décès sur dix en Europe est imputable à l'abus
d'alcool.
b. Cerveau et système
nerveux
Des troubles cognitifs sont fréquemment observés
chez plus de 50% des consommateurs excessifs. Ces troubles affectent la
mémoire, les capacités visuomotrices et perceptives et les
praxies (adaptation des mouvements au but visé).
Ces symptômes peuvent persister après le sevrage,
pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. Plus grave,
l'encéphalopathie de Wernicke (qui est un manque de coordination des
mouvements volontaires), surtout quand elle évolue en syndrome de
Korsakoff (troubles importants de la mémoire, fabulation, fausses
reconnaissances).
Il est certain que l'éthanol, lui-même, est
neurotoxique : à fortes doses, il perturbe les mécanismes de
transmission de l'information nerveuse. Il peut même détruire les
neurones. Mais l'alcool agit aussi de manière indirecte. Par exemple, il
peut induire une carence en vitamine B1 (thiamine), responsable du syndrome de
Wernicke-Korsakoff.
Une étude4 a démontré que, in
vivo, l'alcool chez des personnes dépendantes altère de
manière localisée la matière grise (cellules nerveuses)
et, de manière diffuse, la matière blanche (l'ensemble des
connections entre les régions du cerveau). Les chercheurs mettent
notamment en évidence que la consommation d'alcool à un âge
précoce entraîne une diminution de la matière grise dans
plusieurs zones cérébrales.
L'usage chronique d'alcool détruit les neurones soit
directement lors de l'absorption de doses massives, soit en empêchant
l'absorption digestive des vitamines B. Les neurones ayant absolument besoin de
ces vitamines pour vivre, il y a mort neuronale.
c. Cancers liés à
l'alcool
Des études récentes ont montré que l'alcool
est incriminé dans la genèse des cancers du sein et colorectaux.
La consommation d'alcool est donc associée avec certitude à la
survenue de 7 cancers : sein, cavité buccale, pharynx, larynx,
oesophage, foie et colon-rectum. Ce risque est indépendant du type de
boissons alcoolisées consommées: il est directement lié au
pouvoir cancérigène de l'éthanol que celles-ci
contiennent.
Le cancer du foie:
4 Etude en neuro-imagerie par des chercheurs de
l'Inserm, du service hospitalier Frédéric Joliot Curie (SHFJ)
à Orsay, des Hôpitaux Paul Brousse à Villejuif et Emile
Roux à Limeil-Brevannes
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Les effets du vin sur la santé
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Le cancer du foie peut se déclarer suite à une
consommation excessive d'alcool. Ce type de cancer n'apparaît que chez
les patients ayant d'abord développé une cirrhose. Pour ces
patients cirrhotiques, et en particulier pour ceux ayant été
infectés par le virus de l'hépatite B ou C, la probabilité
d'être atteints d'un cancer du foie dans les cinq années qui
suivent est estimée à 15-20%.
5
Figure 1 : Développement des pathologies
hépatiques liées à la consommation abusive et chronique
d'alcool
Le cancer des voies aérodigestives
supérieures (VADS): Figure 2 : Voies aérodigestives
supérieures
(VADS)
Les gros consommateurs de vin et donc d'alcool présentent
également plus de risque de développer un cancer des voies
aérodigestives supérieures (bouche, pharynx, oesophage et larynx)
que ceux qui ne consomment pas ou peu d'alcool. Selon la quantité
d'alcool ingérée chaque jour, le risque est entre 2 et 6 fois
plus important. L'alcool et le tabac forment un redoutable cocktail aux effets
particulièrement néfastes. Consommés conjointement, ils
augmentent nettement le risque de survenue des cancers des voies
aérodigestives. Comparés à ceux qui ne boivent pas
d'alcool et ne fument pas de tabac, les consommateurs de plus de 45g d'alcool
par jour ont deux fois plus de risque de développer un cancer de la
cavité buccale et du pharynx. Ce risque est multiplié par 15
s'ils fument chaque jour plus de 40 cigarettes. De même, les personnes
qui boivent et
5 Institut National du Cancer - 2006
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Les effets du vin sur la santé
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fument beaucoup ont un risque de développer un cancer de
l'oesophage multiplié par 44.
6
Figure 3 : Effet combiné de l'alcool et du
tabac sur le risque relatif estimé de cancer du
larynx
Le cancer du sein:
D'autre part, le cancer du sein est aussi favorisé par de
la prise d'alcool, en effet, un étude démontre une augmentation
du risque de cancer du sein pour des doses d'alcool aussi basses que 5 à
9,9 grammes par jour, ce qui correspond à une consommation de 3 à
6 verres de vin par semaine. De plus, la fréquence de consommation n'a
pas eu d'influence mais la pratique du « binge drinking » ou «
cuite du week--end » augmente significativement le risque. Par rapport aux
femmes qui ne buvaient pas, celles qui buvaient même peu ont connu une
augmentation modeste du risque (+15%). Ce risque augmentait avec la
consommation d'alcool : les femmes buvant au moins 30 g d'alcool chaque jour
(l'équivalent de 2 verres) avaient un risque augmenté de 51%. Le
risque augmenterait de 10% pour chaque augmentation de 10 g de la consommation
d'alcool.
Les auteurs de l'étude expliquent: "Nous avons
trouvé un risque pour une consommation d'alcool même très
faible mais ce risque reste très modeste. Ces résultats sont
cohérents d'un point de vue physiologique: l'alcool augmente le taux
d'estrogènes dans le sang, ce qui signifie un risque plus faible
d'ostéoporose mais un risque un peu plus élevé de cancer
du sein (souvent hormono--dépendant). Quand nous disons aux gens qu'une
consommation faible ou modérée d'alcool protège des
maladies cardiovasculaires, de l'ostéoporose, du diabète et de la
démence vasculaire, nous devrions aussi préciser que cela
augmente légèrement le risque de cancer du sein."
Dans un éditorial accompagnant l'étude, le Dr
Steven Narod du Women's College Research Institute de Toronto (Canada) souligne
qu'en se basant sur ces travaux, des femmes âgées d'une
cinquantaine d'années consommant deux verres ou plus par jour verraient
leur risque de cancer du sein passer de 2,8% à 4,1%. Pour celles qui ne
boivent qu'un verre par jour, il augmenterait de 2,8% à 3,5%. Les
experts rappellent aussi qu'outre la consommation
6 Etude de l'institut national du cancer 2008
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d'alcool, d'autres facteurs permettent de limiter les risques de
cancer du sein, comme faire un régime en cas de surpoids, augmenter son
activité physique et arrêter de fumer.
Le cancer colorectal:
Une analyse7 concluait à un risque faible de
cancer colorectal associé à la consommation d'alcool en
émettant des réserves sur la réalité d'une relation
de cause à effet. Cette analyse a été basée sur
huit études. Les auteurs concluent à une augmentation modeste du
risque de cancer colorectal, essentiellement chez les forts consommateurs de
boissons alcoolisées. Par rapport aux non buveurs, le risque de cancer
colorectal est augmenté de 23% pour les consommateurs de 30g d'alcool!]
et de 41% pour 45g d'alcool!]. Le risque attribuable a été
estimé à 0.9% pour les femmes et 5% pour les hommes.
Autres cancers:
8
Figure 4 : Résultats pour diverses
localisations de cancers
7 Analyse de Longenecker et Al -- 1990
8 Etude portée sur le lien entre consommation
d'alcool et cancers -- Institut National du Cancer
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