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La lutte contre la criminalité financière au Cameroun

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par Arsène Gérard ESSONO EDOU
Université de Yaoundé II - Diplôme dà¢â‚¬â„¢Etudes Approfondies 2012
  

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2°) Les autres difficultés

La mise en oeuvre d'une lutte efficace contre la criminalité financière se trouve en butte à plusieurs autres difficultés, qui freinent son évolution.

D'abord, l'on pourrait citer le manque de création des organes pourtant prévus par la loi. Comme exemple, nous pouvons parler du cas de la Commission de la déclaration des biens, pourtant organisée par la loi N°2006/003 du 25 Avril 2006 portant sur la déclaration des biens et avoirs. Bien que cette commission soit prévue depuis l'année 2006, elle n'est pas encore mise en place, ce qui empêche de considérer pleinement cette loi comme un outil de détection des criminels financiers. En effet, en l'absence de ladite commission, aucun organe n'a été prévu par la loi pour recevoir les déclarations de biens des personnes assujetties. Ce qui entraine la gestion de la chose publique, sans que l'on soit véritablement obligé de justifier l'origine de ses biens. On manquera alors de base véritable pour affirmer avec exactitude que les biens d'une personne ont évolué de manière exponentielle au cours de l'exercice de son mandat. Pourtant, rien n'explique le retard dans la mise en place de cette commission. En effet, même l'absence du Sénat, dont un membre fait partie de cette commission, peut être palliée par l'exercice par l'Assemblée Nationale de tous les devoirs dévolus au Parlement. Le retard dans la mise en place de cette commission entraine donc un frein à l'avancée de la lutte contre la criminalité financière.

Une autre difficulté, non négligeable, que rencontrent les organes de lutte contre la criminalité financière, est l'absence de confiance totale de la part des camerounais. En effet, pour qu'elles puissent exercer leur action de manière complète, il faudrait nécessairement qu'elles puissent bénéficier d'une confiance de la part des personnes pour lesquelles elles exercent leurs missions. Une fois que cette confiance sera acquise, le citoyen camerounais sera mieux à même de collaborer avec les organes de lutte contre la criminalité. Or, il faut dire que les citoyens ne collaborent pas encore véritablement avec les institutions citées, ce qui retarde leur action, parce que, pour certaines infractions telles que la corruption, il est difficilement possible de procéder à son éradication sans l'aide des victimes. Le manque de confiance ainsi soulevé pourrait être dû à la faible répression observée des criminels financiers, ce qui devrait amener les institutions étatiques à porter à la connaissance du public, les actions fortes menées pour l'éradication de ce nouveau type de criminalité. Une fois que les populations auront constaté l'efficacité de la lutte entreprise, elles seront plus à même d'aider les organes de lutte contre la criminalité financière.

Enfin, l'une des limites des outils juridiques camerounais reste et demeure dans le caractère assez international de la criminalité financière. En effet, s'exerçant beaucoup, pour certaines infractions, sur une échelle internationale, la criminalité financière devient difficile à maîtriser pour les juridictions camerounaises, car sévir dans un pays ne sert très souvent qu'à permettre à d'autres délinquants qui sont coauteurs de mieux se préparer et s'adapter aux évolutions du droit. Comme le soulignait Jean De MAILLARD, « la lutte contre la criminalité financière se heurte (...) souvent aux limites des justices nationales qui n'ont pas d'outils juridiques suffisamment adaptés face à des phénomènes internationaux de grande ampleur. »

Le système camerounais de lutte contre la criminalité financière a donc un impact mitigé, tant sur la scène nationale qu'internationale. En effet, alors qu'il semble apporter des débuts de réponse aux attentes de l'Etat et de la communauté internationale, plusieurs difficultés persistent et demeurent, empêchant une éradication totale de la criminalité financière. Dans le sens d'avancer vers une lutte véritablement efficace, il serait souhaitable que certaines propositions soient prises en compte, pour une amélioration du système camerounais de lutte contre la criminalité financière.

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