B- Les difficultés d'ordre
institutionnel
Les difficultés d'ordre institutionnel
rencontrées par la lutte contre la criminalité financière
peuvent être classées en deux grands groupes : le manque de
formation et d'infrastructures et les autres difficultés
rencontrées par certains organes et institutions.
1°) L'insuffisance de
formation et d'infrastructures
La mise en place d'une lutte efficace contre la
criminalité financière au Cameroun suppose des agents
formés et aptes à utiliser les instruments mis à leur
disposition. Ainsi donc, afin de réussir à connaitre les modes
utilisés par les criminels financiers et mettre fin à ce type de
criminalité, diverses compétences sont requises :
juridiques, économiques, sociales, etc. Alors, pour avoir une lutte
efficace, il faut organiser fréquemment des formations pour mieux
outiller les acteurs de la lutte contre la criminalité
financière.
Il est vrai, plusieurs organismes de lutte contre la
criminalité financière ont pris le parti de former leurs membres,
pour qu'ils puissent mener leurs actions de la manière la plus efficace
possible. C'est le cas par exemple du Contrôle Supérieur de
l'Etat, qui organise régulièrement des sessions de formation pour
ses agents vérificateurs. Mais, c'est le problème de la
stabilité des cadres formés qui se pose à ce niveau. En
effet, l'on constate un constant changement d'administration des personnes
physiques exerçant au Contrôle supérieur de l'Etat, dans
les commissions de lutte contre la criminalité financière, etc.
Ce qui ne facilite pas la lutte contre la criminalité financière,
car les nouvelles autorités mises en place auront d'abord à
être formées à l'utilisation des outils mis à leur
disposition. Lorsqu'elles n'ont pas à subir une nouvelle formation, il
faudra tout au moins qu'elles prennent un certain temps, nécessaire afin
qu'elles s'imprègnent de leurs nouvelles fonctions. En effet, en tant
que tels, ils sont souvent amenés à subir un changement
d'administration, ce qui pose un certain problème quant à la mise
en place des mesures de contrôle de la gestion publique. Pour que des
mesures efficientes de contrôle puissent être prises, il est
nécessaire que ceux qui sont chargés de le faire subissent
continuellement des formations, afin de s'adapter aux nouvelles méthodes
de contrôle de la gestion publique. Cependant, lorsqu'ils subissent
continuellement des changements d'administration, le processus de formation
sera toujours renouvelé, car les nouveaux contrôleurs devront
nécessairement être formés, afin de les rendre mieux
outillés. A titre d'exemple, il a été organisé, du
3 au 4 Septembre 2012, un séminaire de formation des nouveaux agents du
Ministère délégué à la Présidence de
la République en charge du Contrôle Supérieur de l'Etat.
Cette difficulté n'a pas encore de solution définitive pour le
moment, et les agents vérificateurs continuent de subir les exigences
liées à leur qualité de fonctionnaires.
On le voit, le problème de formation des agents
chargés de mettre en oeuvre la lutte contre la criminalité
financière est beaucoup lié à celui de leur
instabilité. Cependant, lorsque l'on pose le problème de
formation, il faut aussi penser à un acteur de la lutte contre la
criminalité financière souvent négligé, mais dont
l'importance est cruciale : il s'agit du citoyen lui-même. En effet,
plusieurs organes prévoient la collaboration des citoyens dans la mise
en oeuvre de la criminalité financière. Le décret
instituant la CONAC, par exemple, prévoit la dénonciation des
criminels financiers par toute personne ayant été au courant
d'actes de corruption. Or, les citoyens ont pour principal problème la
méconnaissance du rôle exact qu'ils doivent jouer dans cette lutte
contre la criminalité financière. Ils ignorent le plus souvent
qu'ils ont le droit de dénoncer les actes d'abus dont ils souffrent, ce
qui entraine une certaine impunité des criminels financiers. Le manque
de formation ou l'insuffisance d'information des citoyens associés
à la lutte contre la criminalité financière entraine donc
le retard de cette lutte, car tous les acteurs doivent nécessairement
connaître leur rôle pour tendre vers une éradication
effective de la criminalité financière.
Au-delà de ces difficultés, il se pose celle
relative au faible déploiement des organes de lutte contre la
criminalité financière sur l'ensemble du territoire national.
Pour un résultat efficace de la lutte contre les infractions
financières, il serait plus aisé de faire en sorte que les
organes de lutte contre cette criminalité soient présents sur
l'ensemble du territoire national. Leur présence auprès du
gestionnaire de la chose publique et privée permettra d'accentuer
d'abord leur rôle préventif. Certes, la CONAC a récemment
pris la décision d'avoir une représentation au moins dans chaque
département, mais il faudrait que, non seulement cela soit effectif,
mais aussi que les autres organismes puissent lui emboiter le pas. Il est vrai
que cela est difficile pour certaines structures telles que l'ANIF qui a un
nombre réduit de membres, mais, afin de permettre que les
déclarations de soupçon soient reçues à temps pour
que les informations soient vite traitées, il serait nécessaire
de voir dans quelle mesure rapprocher les citoyens des organes de lutte contre
la criminalité financière.
Au-delà du manque de formation et d'infrastructures,
les institutions chargées de la lutte contre la criminalité
financière rencontrent plusieurs autres difficultés.
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