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Média, support, temporalité : le cas des pure-players de presse.

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par Colin FAY
Université Rennes 2 - Master Information et Communication 2014
  

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3.2.2. Le choix des signes

La recherche de la rapidité peut conditionner le choix de la nature des signes : l'image et le son sont importants, puisque plus immédiats. Cependant ces choix de signes multimédias ne sont pas anodins : un événement ne se raconte et ne se lit pas de la même manière si on y intègre simplement du texte ou si on y met une image, une vidéo ou du son. Comme le souligne Barthes (1957:195) : « l'image est (...) plus impérative que l'écriture, elle impose la signification d'un coup, sans l'analyser, sans la disperser. » En effet, « il se pourrait que les mots, et même pire les arguments (É) soient devenus trop lents pour la vitesse du monde de la modernité tardive. » (Rosa,2010:76-77) Même si le texte est toujours présent, on voit l'image se diffuser massivement.

Sur PP, pas un seul article ne se trouve dépourvu d'image illustrative. Il en va de même pour les RSN : aucune publication sur Facebook n'est faite sans image Ñ le système de gestion du fil d'actualité incitant d'ailleurs à l'utilisation des images. Il en va de même sur Twitter : sur notre corpus de 100 tweets, 66 possèdent une image ou un lien vers Instagram. Pour reprendre l'exemple du live-tweet que nous avons déjà analysé, sur 25 tweets, 20 contiennent une image (directement ou sur Instagram). PP a par la suite de cet événement publié deux articles pour faire le bilan de ce festival. Un premier intitulé « Le bilan de PP », un second « F en 5 photos Instagram ». De prime abord, nous constatons un bilan basé sur l'image, avec l'article en 5 publications Instagram, les deux conjoints dans le résultat de recherche affichant, pour l'article « Le bilan » 56 partages, l'article « en 5 photos » 228 partages. Un premier niveau de lecture montre déjà une popularité plus importante de l'agrégation d'images. En second niveau de lecture, nous constatons que l'article de photos Instagram compte 4991 lectures, soit deux fois plus que l'article bilan et ses 2655 lectures, confirmant la popularité de l'appel à l'image. Cependant, si nous nous concentrons sur le contenu, nous pouvons constater que l'article bilan comporte lui aussi cinq photos tirées d'Instagram91. Nous voyons sur cet exemple l'importance de l'appel à l'image : titrer la présence de photos Instagram récolte deux fois plus de lecteurs que la simple mention d'un bilan Ñ l'article bilan comptabilise un nombre proche de la moyenne générale de lecture de PP (2345 lectures en moyenne par article), alors que l'article de photos comptabilise deux fois plus de lectures que la moyenne. Pourtant, les deux articles révèlent la même quantité d'image Instagram Ñ l'article bilan contenant d'ailleurs plus d'images que l'article photo.

Comme le souligne Wollast (2012:21) « la force narrative de l'image n'est pas à négliger. » Le choix des signes n'est pas neutre, et sous-tend une caractéristique fondamentale du langage : tout langage est action, dans le sens d'action de détermination, c'est-à-dire influant sur la manière dont l'événement va être reçu. En effet, comme le dit Quéré (1994:27) : « l'explication d'un événement, et plus largement sa «normalisation», dépendent de la description sous laquelle il a été placé, et plus précisément encore de la sémantique des termes utilisés. » Quel impact le numérique a-t-il sur ce choix sémiotique ? Tout d'abord, comme nous venons de le voir, la plateforme numérique impose des formats de mise en page : image en en-têtes, catégorisation dans les catégories pré-existantes, mots-clés, etc.

91 Plus une vidéo et un lecteur de musique.

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Colin FAY

De plus, le numérique est un dispositif multi-médias, encourageant l'insertion de signes de toutes sortes : des textes sont confrontés à des images, des vidéos, de la musique, etc. Cependant, ces choix de signes multimédias ne sont pas anodins : un événement ne se raconte et ne se lit pas de la même manière si on y intègre simplement une image ou si on y met une vidéo avec son. La lecture est aussi orientée par l'image qui sera choisie pour servir d'en tête à l'article : les images Ñ utilisées en en-tête sur le site mais aussi sur les RSN Ñ sont créatrices d'une première étape d'un « contexte de description » (Quéré,1994:23) qui engendrera chez le lecteur un premier horizon d'attente.

Nous voyons donc que « les images sont évidemment plus rapides que les mots, sans même parler des arguments ; elles ont des effets instantanés, bien que largement inconscients. » (Rosa,2010:76) Cependant, cet usage massif de l'image n'est pas sans impact sur les lecteurs, puisque les images ont tendance à provoquer « des réactions viscérales qui sont largement ou même complètement immunisées contre le pouvoir des meilleurs arguments. » (ibid) Ce que souligne également Lits (2008:24) : « à la différence de l'écrit qui est toujours un regard distancié par rapport au réel dont il rend compte, l'image n'implique pas une grande distanciation »

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