3.1.b DEPASSER LES CLIVAGES POUR CONSTRUIRE UNE VISION
COMMUNE
Dépasser les clivages n'est pas chose aisée car
le développement du dialogue social territorial a amené de
nouvelles méthodes de travail auxquelles les partenaires sociaux doivent
s'adapter. Cette adaptation est nécessaire pour un dialogue de
qualité qui doit permettre de co-construire un intérêt
commun.
Etant donné la grande divergence des
intérêts qui peuvent être exprimés, il est
nécessaire en premier lieu d'établir un véritable
diagnostic partagé. Cette première phase doit poser les bases du
dialogue en construisant un socle commun de connaissances (diagnostic du
contexte socio-économique, anticipation des mutations, identification
des problèmes à résoudre, etc.).
Le CESE met en avant que les lieux de dialogue social
territorial « favorisent la connaissance réciproque des
acteurs. » Il est avéré que « ces rencontres
entre acteurs permettent de dépasser certaines postures, facilitent les
relations de confiance et peuvent favoriser ensuite la conclusion d'engagements
contractuels dans des cadres définis. » En effet, les parties
prenantes doivent s'accorder sur un objet commun pour pouvoir avancer. Annette
Jobert met en avant que le cadre moins institutionnalisé du dialogue
social territorial, par rapport au dialogue social classique, « permet
de dépasser certaines postures et peut favoriser la conclusion
d'engagements contractuels » (Jobert, 2008).
Jacques Perrat poursuit dans ce sens en expliquant que la
reconnaissance entre les hommes permet ainsi à des «
arrangements territoriaux » de voir le jour, ce qui serait impossible
sur une échelle plus large (Perrat, 2009). Ainsi, la dimension
personnelle que prennent les échanges et le développement d'une
certaine empathie sont fondamentales. La permanence des hommes et des femmes
dans les lieux de dialogue et la fréquence de leurs échanges
favorisent le développement de cette empathie
La reconnaissance qui permet de dépasser les clivages
et de construire une vision commune est un processus qui suppose une forte
volonté des acteurs. Elle est également conditionnée par
le facteur temps qui est essentiel pour que les relations créées
soient fructueuses.
3.1.c L'IMPORTANCE DU TEMPS POUR LA RECONNAISSANCE ENTRE
PARTIES PRENANTES
Pour que les parties prenantes collaborent et co-construisent
leurs projets, établir des diagnostics partagés ne suffit. Du
temps est nécessaire à la création d'un climat de
confiance et pour permettre la réalisation d'apprentissages communs.
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Le temps est nécessaire pour créer un climat de
confiance entre les parties prenantes qui comme nous l'avons
évoqués, peuvent ne pas partager les mêmes méthodes
de travail, cultures, pratiques, etc. D'après Annette Jobert, la
confiance « a tendance à se renforcer en même temps que
se consolide la démarche territoriale et que les acteurs apprennent
à mieux se connaître et à se respecter » (Jobert,
2006).
Pour agir efficacement, du temps est nécessaire pour
que les parties prenantes réalisent des apprentissages communs. Ces
apprentissages portent sur des méthodes de travail, des codes communs
à adopter, sur la communication entre autres.
Le temps nécessaire à la construction des
projets de dialogue social territorial peut interpeller voir inquiéter.
Il est nécessaire d'admettre que les premiers résultats peuvent
prendre plusieurs années avant de voir le jour. L'efficacité du
dialogue social territorial est donc en partie conditionnée au temps. Un
enjeu important est alors de pérenniser ces lieux de dialogue dans le
temps afin de permettre aux acteurs de se faire confiance et d'agir
collectivement. Cela suppose de trouver de fortes volonté individuelles,
collectives ou politiques afin de porter et de « faire vivre » ces
lieux de dialogue.
On remarque que sans cette volonté, certains lieux de
dialogue prennent le risque de devenir des instances ou un consensus mou se
crée en permanence, ce qui ne débouche pas sur des actions
novatrices et ayant des impacts forts et positifs sur les territoires.
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