1.2. Des raisons de la construction de la voie
ferrée à Madagascar
1.2.1. Une raison sociopolitique
Parmi les justifications données à
la construction des chemins de fer à Madagascar, on est frappé
par le caractère très vague et la faible place des arguments
économiques. L'idée, en quelque sorte, allait de soi et de pair
avec celle de l'immense richesse supposée du pays, et avec le projet de
colonisation de la nouvelle conquête. Pour Gallieni, le projet de relier
Tananarive a la cote « date de l'époque même ou fut
décidée l'expédition de Madagascar6». Le
chemin de fer « constituera par excellence un instrument de civilisation
».
Le général se retranchait derrière l'une de
ses idées simples, mais fausses et infirmées par l'histoire :
tout comme l'impôt entait « moralisateur », le chemin de fer
était « civilisateur ». Il devait créer
l'activité économique ex nihilo tout comme les
décrets du Journal officiel devaient susciter le progrès
social des colonisés. Un tel discours était en fait l'expression
d'une vision géopolitique constitutive du modèle
politico-militaire de l'expansion coloniale française : d'abord,
s'installer au coeur de l'espace convoite et de la, rayonner vers sa
périphérie.
A Madagascar, cette vision s'appuyait sur un rêve tenace,
mais trompeur, celui de développer une colonisation de peuplement blanc
sur les Hautes-Terres ou, selon Gallieni en 1905, « l'activité
économique était appelée a prendre son maximum
d'intensité7». Dans l'immédiat, il s'agissait de
garantir la sécurité de la domination française sur l'ile
en assurant à Tananarive une liaison solide avec la mer. Parmi les
considérations économiques qui habillaient cette priorité,
il est un argument qui vaut d'être cité in extenso :
5 Historique et évolution des chemins de fer
Malagasy 1909-1989.
6 Rapport du general Gallieni au ministre des colonies sur la
situation générale de la colonie, Paris, Imprimerie des
Journaux officiels, 1905, p. 62.
7 J. Gallieni (1908: 48).
L'entrée du secteur privé dans les questions
environnementales, cas de MADARAIL S.A
Encadré1 : Propos du général Gallieni
« [...] L'achèvement de cette entreprise ouvrira a
l'Imerina un débouché aussi indispensable à sa
prospérité qu'a celle du reste de l'ile. Autour de Tananarive vit
un groupement d'un million d'individus au caractère industrieux, a
l'esprit éveille et âpres au gain que la nature a places dans un
isolement oppose a leur désir d'expansion. Dans ce noyau de population,
nous trouverons les meilleurs auxiliaires du développement
économique et social de la région littorale... le jour ou les
Hova pourront se rendre aisément hors de l'Imerina8
».
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8 Rapport du general Gallieni au ministre des
colonies sur la situation générale de la colonie, Paris,
Imprimerie des Journaux officiels, 1905, p. 64.
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L'entrée du secteur privé dans les questions
environnementales, cas de MADARAIL S.A
Illustration 1. Carte extraite de Madagascar
(Encyclopédie de l'empire français), 1947, t. II, p. 137
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