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La question prioritaire de constitutionnalité et le droit des étrangers

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par François KONGA
Université Paris VIII - Master 2 droit comparé systèmes de droit contemporains et diversité culturelle 2012
  

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B. Les réticences des juridictions suprêmes à transmettre une QPC

L'introduction d'une nouvelle procédure n'est jamais chose aisée. Elle bouleverse les habitudes des juridictions. Il ne semble pas que le législateur organique ait imaginé toutes les difficultés qui résulteraient de la mise en oeuvre de cette réforme, ni avoir envisagé toutes les hypothèses aujourd'hui dégagées par les juridictions de renvoi.

Les premières réticences sont venues de la Cour de cassation dans sa décision du 16 avril 2010 dans laquelle, elle a saisi la CJUE d'une question préjudicielle sur la compatibilité avec le droit communautaire du caractère prioritaire de la QPC.

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Cette période fut vite oubliée et est liée probablement à la phase d'adaptation à la

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procédure. Le nombre toujours croissant de renvoi des questions par les deux juridictions suprêmes traduit leur volonté de participer à la procédure de la QPC. Dans le cadre des droits des étrangers, les juridictions suprêmes sont enclines à reconnaître en grande majorité la constitutionnalité des dispositions restrictives des droits et libertés des étrangers sur lesquels on fait prévaloir l'objectif de la «maîtrise de flux migratoire».Comme l'a fait remarquer le Professeur Danièle LOCHAK, la majorité des lois modifiant l'ordonnance du 2 novembre 1945 puis le CESEDA ont fait l'objet de saisine du Conseil constitutionnel dans le cadre du contrôle a priori. Ce qui laisse peu de marge pour une QPC sauf à invoquer un changement de circonstance.

L'appropriation des raisonnements et des jurisprudences du Conseil par les juges de filtre qui se comportent en juge constitutionnel d'opportunité vont justifier la plupart des décisions de non-renvois des questions. L'appréciation restrictive de la condition de l'applicabilité au litige de la disposition législative contestée et le caractère sérieux de la question peuvent constituer des obstacles pour les justiciables. Le Conseil d'État arrive parfois à cultiver la théorie de l'acte claire et n'ose plus renvoyer des questions. La pratique des réserves d'interprétations consistant à sauver une loi afin d'éviter le vide juridique porte aussi le risque d'une rupture avec le juge administratif et judiciaire parce qu'elle réduit le pouvoir d'appréciation des juridictions suprêmes. Elle porte atteinte aux pouvoirs souverains du Conseil d'État et de la Cour de cassation.

Ces derniers pourront rompre ce lien fonctionnel que constitue la QPC54.En refusant de la renvoyer ou en ne suivant pas l'interprétation donnée par le Conseil constitutionnel, les juges du filtre porteraient atteinte à l'autorité de la chose jugée des décisions du Conseil-constitutionnel: surtout qu'aucune sanction n'est prévue en cas de non respect de ces réserves d'interprétations.

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