B. Les droits et libertés des citoyens
Ils sont énumérés dans le texte du 19 mai
1960. Dans un Etat de droit, les droits et libertés des citoyens
occupent une place de choix. C'est dans cette perspective que T. MUHINDO
MALONGA écrit : « Le souci légitime de protection des
droits et libertés fondamentaux et individuels conduit à un
renforcement du rôle du droit dans la société et à
celui du juge chargé de faire respecter les droits fondamentaux, au
détriment du politique »35.
La présente loi consacrée aux droits et
libertés des citoyens traduit l'indéfectible attachement des
populations congolaises aux droits de l'homme et aux principes de la
démocratie. Elle s'inspire de leur primordial souci d'assurer le respect
de la personne humaine sans distinction aucune de race, de couleur, de sexe, de
langue, de religion, de nationalité, d'opinion
politique ou autre, d'origine sociale, de fortune, de
naissance ou de toute autre situation. Elle avait pour objet de définir
les droits dont les individus jouissent au Congo et dont les autorités
doivent assurer le respect ou favoriser la réalisation. Il est
écrit aux termes de l'article 1 al. 3, « la présente loi
a pour objet de définir les droits dont les individus jouissent au Congo
et dont les autorités doivent assurer le respect ou favoriser la
réalisation ».
L'Etat de droit prône une égalité des
citoyens devant la loi et qu'aucune forme de discrimination ne serait
tolérable. L'Etat de droit se fonde sur la notion de la
35 Cf. T. MUHINDO MALONGA, Art. Cit., p.
12.
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Etat de droit dans l'histoire constitutionnelle de la
R.D.C. Par : ABDOUL KARIM KAPITENE
dignité humaine. Ainsi, l'art. 2 dispose : «
Tous les habitants du Congo sont libres et égaux en dignité
et en droits ». L'art. 3 ajoute : « Toute personne a droit
au respect et à la protection de sa vie et de son
intégrité corporelle. Nul ne peut être soumis à la
torture, ni à des peines ou traitements inhumains ou dégrandants
».
L'Etat de droit est établi uniquement et simplement
dans l'intérêt et pour la sauvegarde des citoyens dont il place
les droits au-dessus de toute atteinte. Malgré ce positionnement des
droits, l'important serait de les acquérir dans une totale
liberté. Sans liberté, rien ne peut marcher. Elle est le moteur
de la démocratie. A cet effet, l'art. 4 dispose : « Toute
personne a droit à la liberté. Nul ne peut être tenu en
esclave. Nul ne peut être astreint à accomplir un travail
forcé ou obligatoire ». L'article 6 ajoute : « Toute
personne a droit en pleine égalité à ce que sa cause soit
entendue équitablement par un tribunal indépendant et impartial
qui décidera par un jugement motivé rendu en séance
publique (...) ». L'art. 12 mentionne : « Toute personne a
droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion
».
Malheureusement, cette loi n'a pas été
d'application. Les dirigeants ainsi que la classe politique de la
RDC vont plus se fier aux activités de leurs partis politiques et
à la conquête du pouvoir au détriment de l'application de
cette loi ; ce qui implique l'écroulement de la fondation qui pouvait
servir de base à la construction de l'Etat de droit en RDC. Ils oublient
que leur mission est immense et que les dangers principaux qui les menacent
sont l'inexpérience des populations à se gouverner. Les congolais
ne sont pas conscients du fait que la démocratie est toujours chose
complexe, elle est le fruit d'un long et pénible cheminement
individuel d'abord, collectif ensuite et qu'il leur faut au préalable
accomplir leur lente et sûre maturation et que, dans le cas de
leur pays, la démocratie implique que les hommes,
égaux en principe et au regard de la loi, soient susceptibles
de vivres ensemble avec tout ce que cela comporte non seulement d'aspiration et
d'intérêts communs mais aussi de formation d'habitude et de
réactions concordantes.
Après un certain temps, les congolais vont se rendre
compte que le pays n'avance presque pas et cela, peut-être, parce qu'ils
appliquent une Constitution
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Etat de droit dans l'histoire constitutionnelle de la
R.D.C. Par : ABDOUL KARIM KAPITENE
octroyée. Ainsi, ayant le souci de consolider
l'unité nationale et de faire montre de leur adhésion à la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, ils élaboreront
leur Constitution qui sera la première écrite par les congolais :
c'est la Constitution de Luluabourg.
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