4.2.17. La commercialisation
Les noix récoltées sont vendues dans leur
majorité suivant deux circuits, tous deux indirects : il s'agit de la
commercialisation avec des collecteurs et de la commercialisation
groupée (voir les figu res 17 et 18). La vente dans les
marchés est marginale et se passe par petites quantités. Ces deux
circuits se livrent une concurrence atroce sur le terrain tellement les enjeux
sont grands. Quelque soit le cas, le produit objet de la transaction est la
noix brute en général, comme il se passe dans tout le pays, en
dehors de quelques deux cas de transformation artisanale que certaines femmes
productrices pratiquent, mais pas à plein temps. La commercialisation
peut être segmentée en trois grandes périodes que sont la
pré-campagne, la campagne proprement dite et la post-campagne. En effet,
dès les prémices, les exportateurs ou leurs intermédiaires
commanditent la collecte primaire par le biais des collecteurs, très
souvent autochtones de Kouandé. Ces derniers parcourent les zones de
production et signent des sortes de « marchés à terme
»15 avec les producteurs. L'activité
est très développée à Birni
où nous avons dénombré près d'une cinquante de
collecteurs primaires. Elle est aussi très rémunératrice
car la tonne est collectée à 10.000 F CFA en moyenne. De l'autre
côté, les groupements sur la base des prévisions
déclarées par chacun de leur membre lance également une
collecte précoce avant les ressources financières acquises
auprès de la CLCAM. Tout ceci se déroule avant le lancement
officiel de la campagne de commercialisation des noix de cajou par le
Gouvernement: c'est la campagne proprement dite. Mais engrange-t-elle autant de
volumes que la pré-campagne? Pas si sûr puisque même si les
volumes ne sont passés de la main du vendeur à l'acheteur, les
transactions sont faites verbalement déjà. La post-campagne
concerne le volume
15 Sur la base des productions passées et du rendement
attendu au moment du contrat, qui par ailleurs est verbal, le collecteur
primaire avance une certaine somme d'argent au producteur afin de garantir
l'achat de ses noix à la récolte. Les prix sont
négociés en deçà du prix fixé et tourne
autour de 100F CFA le Kilogramme. Le plus souvent, il ne s'agit que d'une
avance qui est complété lorsque la production est
réellement entre les mains du collecteur.
résiduel et les noix que les groupements ont
rassemblées dans leurs «entrepôts ». En
réalité, les partenaires des groupements mettent souvent du temps
à venir et rabaissent même souvent les prix du Kilo. Ainsi les
charges du le personnel engagé dans la collecte primaire, les
opérations pré -vente (pesée, gardiennage et location
magasin...) et le service de crédit
pris à la CLCAM ne rentabilisent pas la
commercialisation groupée et démobilisent les producteurs par
rapport à cette méthode de vente. Mieux, même si cette
méthode à son terme rémunérait la qualité et
garantirait un cash important au producteur, elle n'a pas l'avantage de
libérer à tout le moins de l'argent frais à petit coup en
cette période de difficultés financières comparativement
aux flux monétaires proposés par les collecteurs commis par les
exportateurs. C'est d'ailleurs ce qui explique que la commercialisation
groupée transacte peu de volumes de noix brutes et ses prévisions
annuelles ne sont pas souvent atteintes. En témoignent ces chiffres de
l'année 2008 et de l'envergure de cette opération. Sur les
prévisions de 1800 tonnes de noix à acheter suivant ce
procédé, l'URPA n'a pu réussir qu'à acheter que 200
tonnes soit 11% des objectifs. Sur 54% des producteurs qui déclarent
appartenir à un groupement, seulement 40% participent à la
commercialisation groupée. Bien que membres des groupements, 13% des
producteurs préfèrent livrer leurs produits aux collecteurs
commis par les exportateurs. Cet pourcentage, malgré sa
modération, traduit toute la difficulté que la commercialisation
groupée éprouve pour s'imposer comme méthode de
commercialisation des noix à Kouandé pourtant qualifié de
modèle dans cette méthode toujours en expérimentation dans
les zones productrices d'anacarde au Bénin. Il importe aussi d'ajouter
que les producteurs quelle que soit leur appartenance, livrent très
souvent une partie de leur production aux collecteurs «
Téékoun » avant la collecte en groupement. Ces trois
séquences de commercialisation n'offrent pas les mêmes prix. La
Figure N° 16 traduit la fluctuation des prix courant le
temps
Pré-campagne
Prix moyen: 150FCFA/Kg
Campagne proprement dite Prix moyen
:200FCFA/Kg
Post-campagne
Prix moyen :120/KgFCFA
Figure N° 16: représentation
schématique de la fluctuation du prix du Kilogramme de noix brute
à Kouandé. Source: Notre recherche à
Kouandé, 2008.
A la lecture de ce diagramme, on note que les producteurs qui
ont encore le plus grand volume de noix sur eux dans la pré-campagne et
la campagne proprement dite ont des prix meilleurs à ceux qui les
vendent en post-campagne.
Les producteurs
Vente dans les marchés
Collecteurs primaires niveau village
Collecteur primaire au niveau Arrondissement ou commune
Représentant de l'exportateur
Figure N°17: Circuit de commercialisation
des noix brutes de cajou hors des groupements à Kouandé.
Source: Notre recherche à Kouandé,
2008.
Producteurs
CVPA
UCPA
Vente dans les marchés
Figure N°18: Circuit de commercialisation
des noix brutes de cajou dans les
groupements à Kouandé : la commercialisation
groupée. Source: Notre recherche à
Kouandé, 2008.
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