4.2.14. La récolte
Avant même d'aborder l'opération proprement dite,
comparons les données du rendement obtenu à Kouandé
à celui obtenu au plan national. Le rendement moyen au niveau de la zone
d'étude sur quinze années d'exploitation est de 307,85kg/ha. Les
données de la FAO donnent en moyenne 225.175333 kg/ha sur la même
période. Le test t de student (t=3,583 et p=0,001) indique que la
différence est significative et confirme que la commune de
Kouandé a un avantage par rapport aux autres zones de production.
La récolte est une opération culturale dont la
délicatesse procède de son importance dans la production d'une
noix de qualité. En effet, dans cette opération
s'exécutent de nombreuses et minutieuses tâches dont l'impact
direct sur la qualité est sans pareil. Elle intervient une fois l'an et
court du mois de janvier à celui de mars. Le conseil agricole indique
clairement que les noix ne sont mûres à récolter que
lorsqu'elles ont chuté. Plusieurs paramètres de qualité se
jouent là (Taux
14 Il s'agit du rapport entre la quantité de noix
réellement ramassée et celle tombée ou produite par la
plante.
d'humidité, taux d'impureté, taux de noix
immatures ou malades, KOR...). Les noix doivent donc être
ramassées, aussi très rapidement et séparées de
leur pomme et non mélangées aux noix immatures et malades. Les
efforts de la vulgarisation se sont pendant longtemps axés sur cette
norme de production et désormais les producteurs n'ignorent guère
les déconvenues que génère une cueillette
prématurée sur arbre des anacardiers. Les producteurs de
Kouandé dans leur majorité déclarent ramasser les noix
à leur chute et seulement à ce moment. 3,33% des producteurs
seulement récoltent précocement les noix sur arbre. Cette frange
des planteurs évoque le vol pour justifier ce type de récolte.
Mais il faut noter une inadéquation entre les données de
l'enquête sur ce paramètre et la réalité de la
qualité des noix produites à Kouandé. Il sera donc
analysé plus loin dans la caractérisation des producteurs et de
l'explication corrélée avec les éléments
clés de détermination de qualité et de normes de
production, les raisons de ce contraste.
Par contre, l'analyse de nos données montre que 82% des
producteurs ramassent tardivement leurs noix et le nombre moyen de jours pour
le ramassage oscille entre 2 et 3 (Voir figure N°13). La
raison de ce comportement est le souci, pour les petits exploitants, de
ramasser une quantité importante de noix et, pour les grands
exploitants, d'optimiser des charges de récolte, car ces derniers
emploient la main d'oeuvre salariée pour la récolte des noix. Les
autres 18% qui ramassent systématiquement les noix sont ceux qui ont
suivi une formation. Cette attitude dénote d'une alerte au vol et un
gain de la proximité des plantations des habitations ou d'une
disponibilité abondante de la main d'oeuvre familiale.
Par ailleurs, environ 73% des producteurs ne séparent
pas immédiatement les noix des pommes contre seulement 27% qui le font
(voir figure N°14). En effet, la pratique dans notre zone
d'étude consiste à rassembler les prises du ramassage en des tas
où pommes et noix sont mélangées, pour enfin les
séparer posément au bou t d'une moyenne de 4 heures. Cette
manière de faire aurait l'avantage de faire gagner du temps et
d'accroître le rendement de ramassage au mépris de l'augmentation
de l'humidité des noix. On pourrait néanmoins rappeler que le
séchage bref à l'ombre qu'ils font observer réduirait
l'effet évoqué supra.
L'autre pan important d'une bonne récolte est
le mélange des noix. En effet, le taux des noix immatures et/ou malades
est un paramètre composite très déterminant dans la
détermination de la qualité des noix brutes de cajou.
|
Comme l'indique la figure N°15 , 58% des
producteurs de Kouandé mélangent pour 48% qui ne mélangent
pas. Cette statistique est très encourageante et s'explique par la
commercialisation groupée, fortement développée au sein
des groupements, par laquelle les rémunérations
sont discriminées en fonction du taux de noix immatures et/ou
malades.
|
|