4.2.2. Choix et préparation du terrain
L'importance cruciale du choix du site
énumérée dans la littérature est établie
dans la pratique comme une norme à respecter si l'on
veut bien produire de la noix de cajou.
Le site de plantation d'anacardier doit être
accessible (pour faciliter l'accès, la réalisation des
opérations culturales et l'évacuation du produit). L'INRAB
(2003), dans ses études, suggère dans le guide
pratique pour une production des noix d'anacardiers de
qualité que le site de plantation soit exondé et non
inondable. Le site doit être par ailleurs de climat favorable et
de conditions édaphiques conformes aux normes écologiques de la
plante. La préparation du sol passe par le débroussaillage et
l'essouchage quand il s'agit de nouvelles friches. Une plantation sur un site
déjà utilisé sans être
épuisé par d'autres cultures notamment vivrières
peut minimiser les coûts de préparation. Une bonne
préparation améliore la croissance du jeune plant et
accélère la période de production. Il est essentiel de
bien préparer le sol afin que l'arbre puisse produire le plus tôt
possible. Un arbre bien planté produit après deux
à trois saisons et un arbre mal planté
après cinq saisons (Lacroix, 2003). Mais de plus, un arbre bien
planté réagira beaucoup mieux face à la
sécheresse, aux feux éventuels et surtout aux
parasites. Le résultat final est que lorsque l'on plante bien un
anacardier, on gagne beaucoup plus d'argent. C'est certainement
déjà à ce niveau que l'on peut le plus
agir afin d'améliorer la qualité des plantations et par
la suite des noix récoltées.
La pratique du choix du site de plantation dans notre
zone d'étude est résumée par les figures N°7 et
8.
La première figure indique que 80% des
plantations sont installées sur les sites non inondables, des
sites à priori accessibles et facilitant la production
des noix. Les types d'association et la culture régulière des
cultures vivrières sur les champs portant les anacardiers obligeraient
les producteurs à les installer sur les sols non
inondables. De plus la relative disponibilité des terres
cultivées peut être une raison, les producteurs n'étant pas
contraints de produire que sur les sols difficiles d'accès. L'analyse
croisée de ces données avec les modes de faire valoir nous
indiquent que les producteurs qui installent leurs plantations
sur des sites non inondables ont comme mode de faire valoir, l'héritage
partagé et non partagé. On remarque aussi que les producteurs qui
tiennent les plantations domaniales appartiennent à
cette catégorie de producteurs installés sur les sites
non inondables.
De l'autre côté, on note que 20% des
plantations sont installées sur des sites inondables. Le graphique
suivant indique en détail la nature des sites.
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Sur les 20% des sites inondables qui accueillent des
plantations, nous avons 10% qui sont des bas-fonds non
aménagés, 8% qui sont des bas-fonds sommairement
aménagés et 2% qui sont aménagés. En clair, les
bas-fonds non aménagés emportent la grande
partie des sites inondables suivis des bas-fonds sommairement
aménagés. Cette grande proportion traduit
l'effort personnel d'aménagement des bas-fonds. La
plupart des planteurs
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qui s'installent sur les sites inondables sont des
planteurs dont les modes de faire valoir fréquents sont l'emprunt, le
don non transmissible.
L'autre caractéristique essentielle des sites est
leur utilisation préalable pour les cultures vivrières.
En effet, sur les nouvelles friches, les producteurs cultivent d'abord les
cultures vivrières. Comme le note Tandjiékpon (2005),
après le défrichement le paysan plante l'igname et lui associe
immédiatement des plants d'anacardiers ou à
partir de la deuxième année lorsque le coton est
semé. C'est le cas de l'arrivée de l'anacardier en cours de
rotation. Dans le cas de l'arrivée de l'anacardier en fin de
rotation, il constate qu'après le
défrichement, le paysan installe de l'igname suivie
des autres cultures vivrières puis le coton avant d'introduire sous
forme de jachère cultivée de l'anacardier lorsque la terre
a besoin de repos. Les résultats obtenus sur cet
aspect dans notre zone d'étude est illustré par
la figure N°9.
Le graphique indique que 92% des planteurs ont au
moins une fois produit des cultures vivrières ou d'autres cultures avant
l'installation de plantations d'anacardiers. Ce fort pourcentage s'explique par
le fait de l'impératif de profiter de la
fertilité des sols pour les cultures vivrières qui
représentent la charnière de l'agriculture de subsistance
largement pratiquée dans la zone d'étude et au Bénin en
général. De plus, la durée relative de l'anacardier avant
fructification estimée à une moyenne de quatre
ans n'encourage pas son installation comme première culture sur une
nouvelle friche. 8% des plantations installées avant les cultures sont
l'oeuvre des producteurs que l'on peut appeler producteurs «
modernes ».
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