4.2. LES OPERATIONS
4.2.1. Choix des semences
Le choix des semences est le premier point essentiel, le point
de départ d'une plantation quantitativement et qualitativement rentable.
Une bonne noix est une noix grosse, bien remplie, et bien sèche, sans
morceau de pomme qui y colle, provenant d'un arbre sélectionné ou
« arbre plus >> selon la terminologie des généticiens
forestiers. Une semence de qualité se récolte d'abord sur un
arbre de bonne qualité dans un peuplement de qualité et à
maturité totale sur l'arbre.
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Le choix des noix admissibles est suivi d'un test de
flottaisonet/ou d'un tri pour sélectionner les
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semences. Une opération de trempageest quelques fois
recommandée. La multiplication sexuée de l'anacardier varie
considérablement en croissance, en productivité de noix et en
qualité du fait de la fécondation croisée observée
au niveau de l'espèce. La multiplication végétative peut
être utilisée pour produire le matériel de plantation
à partir des arbres «mères >> de phénotypes
supérieurs sélectionnés. Plusieurs technique s de
propagation végétative sont utilisées dont le greffage qui
a donné de bons résultats ailleurs et au Bénin (Martin et
al., 1998 et Nair et al., 1979 et Nambiar et al.,
1990et Ohler, 1979 et Agricultural Research Institute Naliendele MTWARA, 2001
et Tandjiékpon et al., 2003). Tout récemment, la
technique de propagation in vitro a été développée
sur l'anacardier dans le cadre de l'amélioration de l'espèce (Das
et al., 1996).
Les premières plantations de Kouandé ont
été installées grâce aux noix que le
Président H. Maga a apportées aux producteurs. En dehors des
efforts de l'Administration Forestière qui a introduit un
matériel végétal plus ou moins sain et des plants
«pépinières >>, la plupart des plantations sont
semées de noix acquises par échange inter-paysan. Les nouveaux
producteurs qui veulent se lancer dans la plantation d'anacardiers
récoltent dans les plantations de leurs pairs des noix mûres sur
des plants jugés performants. Le degré de performance se mesure
au regard des paramètres comme la grosseur, la couleur, le remplissage
de la noix et la productivité de l'arbre porteur. Les arbres
«performants >> à Kouandé sont assimilables à
quelques différences près aux « arbres plus >>
décrits par Lacroix (2003) à
12 Le test de flottaison consiste à
mettre les noix dans un seau d'eau salée et à n'utiliser que les
noix qui coulent franchement. En effet, les noix qui flottent sont probablement
attaquées par un rongeur qui creuse des galeries dans la noix qui, de ce
fait, pèsent moins ou sont mal formées. Pour le test de flottage,
on peut utiliser une solution à 10 % de sel.
13 Trempage : avant de semer une graine
d'anacardier, on peut la laisser 24 à 72 heures dans de l'eau à
température ambiante, ce qui favorise et accélère la
levée de la dormance. On élimine les graines flottantes. L'eau de
trempage est renouvelée toutes les 6 heures pour éliminer le
baume de cajou. Dans ce cas, la graine germe plus vite. On réalise cela
quand les pluies sont déjà bien installées. En saison
sèche, il ne faut pas tremper les graines avant de les semer.
Bassila. En effet, la pratique paysanne ne
garantit pas une pureté variétale puisque les plantations
ne sont pas mises en «quarantaine », l'une saine,
où l'on choisirait les noix à semer et les
autres malsaines à la production de semences. Une fois
les noix sélectionnées pour la mise en terre, elles sont
conservées dans un sac en polyéthylène dans la
majorité des cas et dans un coin de la chambre du producteur. Ce
conditionnement peut se révéler défavorable
à la conservation du potentiel germinatif de la noix et
impacte donc le taux de germination observé après
semis. Seuls quelques producteurs insistent sur le conditionnement en
sac de jute et dans un milieu aéré pour les noix «
semences ». De même les noix tardives,
récoltées dans la saison pluvieuse (Juillet-Août),
réputées impropres à la commercialisation, sont
reconnues par certains producteurs comme de bonnes semences. Cela encourage
leur récolte et leur utilisation par les producteurs. La figure N°6
traduit en pourcentage l'origine des semences.
A l'analyse de ce graphique, on note que 83%
des producteurs recourent à des semences de
qualité douteuse et peu sainement conservées. Seulement 17%
d'entre eux utilisent pour leurs plantations des plants issus des
pépinières et produits suivant les recommandations de l'URF. De
plus, il faut à tout le moins noter que cette frange de
producteurs n'a pas eu recours sur toutes ses plantations à
des plants sortis de pépinière puisque
l'expérience des plants sélectionnés est bien nouvelle
dans les pratiques des producteurs et date des dernières
formations qu'ils ont reçues. Par ailleurs, sur les 83%
des producteurs qui utilisent les noix comme semences, nous pouvons distinguer
ceux qui sèment des noix issues de leurs plantations (76%) et ceux qui
recourent à l'échange inter paysan du
matériel végétal (24%). Les producteurs
de Makrou, Kouandé et Birni, zones qui ont une longue pratique des
plantations domaniales, sont les potentiels fournisseurs et les plus nombreux
à procurer aux autres planteurs les
semences.
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