2.3.3. Les grandes interrogations sur les normes
Cette partie de notre travail se penche sur les grandes
interrogations que soulèvent les questions de normes. Elles ne se
veulent pas exhaustives et n'ouvrent que le débat, tant les
inquiétudes et craintes de travers protectionnistes et dilatoires
s'accumulent comme dans des débats entre les acteurs et nations
commerçants et nourrissent les travaux de plusieurs chercheurs et
d'organisations oeuvrant pour un monde plus équitable. Nous n'aborderons
pas ici les questions sous cette perspective de normes comme obstacle à
l'échange, mais plutôt comme nécessité pour se
positionner sur un marché, même celui sur lequel on a un avantage
comparatif. La spécificité locale et la crédibilité
étendue, la responsabilité des ONG d'élaborations des
normes et des organismes d'accréditation, la question de
l'«industrie» de la certification, le coût de la norme, les
potentialités et contraintes pour les pays en voie de
développement et les petits exploitants, l'hyperdynamique des normes
seront abordés.
2.3.3.1. La spécificité locale et la
crédibilité étendue
La question de la crédibilité des normes est
celle qui soulève le plus d'interrogations. Elle recouvre le double plan
de l'élaboration des normes et de leur vérification et concerne
aussi bien les producteurs que les consommateurs. La crédibilité
internationale des normes est appliquée à des produits et ou
services fabriqués dans des conditions et circonstances
particulières. La production des noix d'anacarde varie d'une
localité à une autre, d'un pays à un autre, d'une
région à une autre ou d'un continent à un autre puisque
les conditions climatiques [(l'anacarde s'adapte bien aux régions
semiarides et arides avec une période sèche de 4 à 6 mois,
et peut se développer sous une pluviométrie annuelle comprise
entre 500 et 370 0 mm. A. occidentale tolère des régimes
pluviométriques de type uni et bimodal et toutefois, les pluies et temps
nuageux durant la floraison affectent la production de noix (FAO, 1988et French
et al., 1994 ; Gupta, 1993; Nair et al., 1979; Nambiar et
al., 1990; Ohler, 1979 ; Webb et al., 1984)]et les facteurs
de pratiques culturales varient également et de manière
remarquable à cause des disponibilités de facteurs de production
et des croyances ou valeurs. Ainsi donc comme le souligne Cora Dankers et
al. (2004), les exploitants travaillent dans des circonstances
très variées, sous différents climats et sur
différents sols, dans différentes situations
socio-économiques, avec différents niveaux de services et
d'infrastructures d'appui. Les consommateurs ne sont moins
hétérogènes parce que les perceptions, les revenus et les
priorités varient quant aux concepts de normes, ou de produits
biologiques ou autres. Pour donc assurer aux normes une
crédibilité internationale, la prise en compte des
spécificités locales des acteurs est importante, quoique
alourdissant le processus d'élaboration des normes dans la mesure
où les normes internationales tendent à harmoniser les
caractéristiques de produits obtenus sous différentes conditions.
En cela on pourrait déduire un défi permanent. Une
flexibilité suffisante pour des
interprétations plus spécifiques et pertinentes
pour chaque contexte local est sans doute une solution. Pour ces auteurs, les
normes trop générales sont difficiles à expliquer aux
consommateurs et les procédures d'inspection et de certification peuvent
nécessiter une adaptation à la situation locale même si
trop de flexibilité pourrait aller à l'encontre de la
nécessité d'une crédibilité forte.
La question de la crédibilité passe par les
segments de l'élaboration des normes et de la vérification.
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