Introduction
Ce mémoire est l'aboutissement de deux années de
réflexion et d'apprentissage sur le theme du développement
intégré, c'est-à-dire un développement dans lequel
la prise de décision tient compte des aspects sociaux,
économiques, environnementaux et des générations
présentes et futures.
En effet, depuis le rapport de la Commission Brundtland en
1987, suivi de la conférence de Rio en 1992 et tout récemment
à Johannesburg en 2002, la question du développement durable est
devenue une priorité et semble constituer un juste milieu ou un
compromis par rapport aux solutions proposées par le groupe du «
Club de Rome »1.
Le concept de développement durable que reprennent tous
les discours politiques, doit quitter ce cadre et se traduire désormais
par des actions concretes sur les chantiers du développement. C'est dans
cette optique que nous osons croire que le développement du continent
africain pourra se faire tout en se démarquant des schémas suivis
par nos prédécesseurs, c'est-à-dire par la voie de
« l'autre developpement » (Berr, 2004) et aussi
défendu par d'autres auteurs.
Il est réel aujourd'hui que la voie du progres
essentiellement "matérialiste", qui consistait à faire du profit
à partir de calculs uniquement économiques, n'est plus
rassurante. Les ressources, initialement vue comme infinies ne le sont pas en
réalité. Il faut alors refonder un nouvel ordre de
développement, sinon le systeme va s'arreter de tourner rond à
l'image de la crise financiere de 2008 issue du libéralisme à
outrance.
La prise de conscience, d'un naufrage écologique certain,
est à l'origine
du rapprochement interdisciplinaire entre aménagistes,
ingénieurs, sociologues, écologistes, investisseurs, bailleurs de
fonds, etc., pour des prises de décisions intégrées, dans
l'exécution des projets de développement.
Pour réussir cet "autre développement", qui
satisfait aux « besoins et aux aspirations de l'humanite actuelle sans
compromettre la capacite des genérations futures de repondre aux leurs
» (André et al., 2003), nous pouvons agir aux niveaux
sectoriels, ce qui nous conduira vers un global
ma»trisé. Un des outils créés, pour
permettre l'exécution efficace de ce principe, est l'évaluation
environnementale. Cette derniere a pour objectif d'améliorer la
qualité des investissements et des aménagements dans les actions
de développement et de prendre en comptes les aspects sociaux tels que
la pauvreté, le culturel, les droits des populations autochtones,
etc.
Partir du sectoriel vers le général, c'est la
démarche que soutient le theme, "routes et developpement durable,
rTMle des etudes d'impact sur l'environnement : cas du programme sectoriel des
transports (PST) au Burkina Faso", à travers l'expérience
d'un pays en voie de développement.
1 Partisans de la « croissance Zéro
», dans leur rapport intitulé Halte à la
croissance
Il s'agira de développer les avantages liés
à cette nouvelle vision de construction intégrée qui prend
en compte, économie, société et environnement. En clair,
nous tenterons d'analyser comment les études d'impacts environnementaux
participent-elles à cette mise en interaction des différents
piliers du développement durable et en particulier dans le domaine des
travaux routiers.
En effet, il s'agira de répondre principalement
à la question suivante: les études d'impact sur l'environnement
des projets routiers, peuvent-elles contribuer au renforcement d'une politique
de développement durable ?
Pour se faire, nous avons tout d'abord effectué une
recherche bibliographique sur le rapprochement route, développement
durable, environnement, étude d'impact. Une expérience pratique
de trois mois sur des chantiers de construction et de bitumage de routes RN22
et RN27 au Burkina Faso, pendant la période de stage, nous a par
ailleurs permis d'effectuer une analyse environnementale de travaux routiers en
cours, afin de mieux appréhender leurs impacts sur l'environnement. Pour
expérimenter certaines solutions biologiques couramment
préconisées dans les rapports d'étude d'impact, nous avons
également mené une étude expérimentale de
protection de remblai routier en utilisant le vétiver (Vetiveria
zizanioides) en vue de soutenir ces solutions biologiques souvent
performantes sur le plan technique, durables, économiques et qui
permettent l'intégration de la route au paysage naturel.
Notre étude sera scindée en quatre chapitres. Le
premier chapitre pose la problématique et résume la
méthodologie suivie pour atteindre l'objectif visé. Le second
fait une synthèse de la revue documentaire sur la problématique
route et développement durable, décrit le cadre institutionnel,
la stratégie du deuxième programme sectoriel des transports au
Burkina Faso (PST-2), sous l'angle du développement durable. Le
troisième chapitre expose les études de cas
réalisées durant la période de stage de mise en situation
professionnelle, notamment l'analyse environnementale des travaux sur la RN27
(Yéguéresso- Diébougou) et une étude
expérimentale de bio-ingénierie routière sur le projet de
construction et de bitumage de la RN22 (Ouagadougou-Kongoussi) qui ont pour
objectifs, respectivement, de démontrer la pertinence et l'importance
d'une EIE dans la conception des projets routiers, d'apprécier le
respect des recommandations du rapport d'EIE par les différents acteurs
et de proposer l'intégration de solutions économiquement viables,
durables et qui permettent d'améliorer l'intégration de la route
au paysage naturel. Enfin, le quatrième chapitre présente notre
contribution, en termes de propositions d'ordre organisationnel et technique,
pour un renforcement de la politique du programme dans une perspective de
développement durable dans le secteur routier au Burkina Faso.
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