Stéréotypes sociaux et achèvement du cycle primaire par les filles: cas de l'arrondissement de Mora( Télécharger le fichier original )par Lopsiwa MAIRAMA Université de Yaoundé I - Diplome des professeurs de l'enseignement normal deuxième grade (DIPEN II) 2010 |
4.1.2- PRESENTATION THEMATIQUE DES RESULTATSLa présentation et la description des résultats suivent l'ordre du thème de l'étude et sont repartis en trois centres d'intérêt : d'abord les croyances ayant des fondements religieux (coran), ensuite les attributions sociales traditionnelles vis-à-vis de la femme et enfin les préjugés d'ordre traditionnels guidant les jugements de groupes sur la femme. Ces résultats sont présentés en tableaux suivis des commentaires. 4.1.2.1- Les croyances ayant des fondements religieux (coran) qui guident les jugements des groupes sur la femme.Tableau n012 : Distribution des pourcentages selon ce que pensent les enquêtés(es) sur le statut de la femme au regard des croyances religieuses.
Au regard de ce tableau, il ressort que 79,16 % pensent que les modes de jugements des groupe sociaux sur les femmes sont « collectifs ». Sous un autre angle, 20,84% des membres pensent plutôt que ce mode de jugement émane de chaque individu selon ses convictions religieuses. Suivons les propos d'un membre du focus group : « il ya une totale confusion entre la tradition et la religion et une mauvaise interprétation des saintes écritures.par exemple, les haoussas vivant entre la frontière du Cameroun et du Nigeria qui sont même fortement ancré dans la religion comprennent mieux le sens de l'école moderne, alors nous autres qui n'avons fait que nous adonner à la religion islamique, pourquoi n'en ferions-nous pas autant ? ». Allant dans le même ordre d'idées, un sujet de l'enquête s'exprime : « certains parents préfèrent que leurs filles suivent une éducation islamique car la crainte reste grande de voir l'éducation occidentale promouvoir chez les filles des valeurs et un comportement qui est contraire aux normes culturelles les croyances religieuses font que dans plusieurs pays, les parents rejettent l'école publique qui, souvent véhicule des programmes et des valeurs de type occidental ».
Tableau no 13 : Distribution de pourcentage selon ce que les enquêtés pensent de l'opinion du milieu sur la fille au regard des croyances religieuses. Il ressort de ce tableau que 83,33 % des membres du focus group pensent que l'opinion du milieu sur la fille est « significatif » au regard de la religion islamique, la fille est destinée pour le mariage, aussi 16,67 % pensent-ils que cette opinion n'est pas « significative » car, d'après eux la fille doit bénéficier des mêmes chances que le garçon en matière d'éducation. Un interviewé déclare à cet effet en se basant toujours sur un hadith : Coran Sourate 6, verset 6 « privées d'intelligence: En quoi, reprit-il, O Envoyé de Dieu, consiste l'infériorité de notre intelligence et de notre religion? Est-ce que le témoignage de la femme n'équivaut pas seulement à la moitié de celui d'un homme? répliqua le Prophète. Certes, oui, dirai-je, à cause de l'infériorité de leur religion. Occupantes de l'enfer: Ah! Troupes de femmes, faites l'aumône, car on m'a fait voir que vous formiez la majeure partie des gens de l'enfer...». L'école, note un leader local, est toujours perçue par les parents comme une source de libertinage pour les filles, une menace pour la religion, une perte de temps, le lieu d'acquisition de mauvaises habitudes, une source d'inquiétude pour le mariage, et pour la famille. Tableau n0 14: Distribution des pourcentages selon ce que les enquêtés pensent de l'impact de la coutume au regard des croyances religieuses.
Au regard de cette distribution, l'on peut noter que 83,33 % des membres du groupe que l'impact de la coutume au des croyances religieuses est « fort ». Sous un autre cadre, 16,67 % seulement soutiennent l'idée selon laquelle la fille a le droit d'aller à l'école au même titre que son et pensent plutôt que cet impact est « faible » au regard des croyances religieuses. Les membres du groupe justifient leurs avis par les propos suivants : « les apprennent la prostitution à l'école. Voulez-vous donc que nous confions nos affaires à une telle femme» ? A cette occasion, un leader local affirme : « lorsqu'un parent envoie sa fille à l'école, c'est pour lui ramener un diplôme et non un « bâtard ». Il continue en disant : « depuis que ma fille va à l'école des blancs, elle ne veut plus participer aux tâches domestiques, si c'est cela que l'on apprend à l'école des blancs, je préfère garder ma fille auprès de moi ». Tableau n015 : Distribution du pourcentage selon ce que les enquêtés pensent du lien qui existe entre les perceptions du groupe vis-à-vis de la femme au regard des croyances religieuses.
Au regard de cet tableau, 72,92 % des membres du groupe attribuent une cause religieuse à la faible fréquentation scolaire des filles et pensent le mode de perception du groupe vis-à-vis de la femme est « positif». De l'autre côté, 27,08 % pensent plutôt cette perception est « négative » au regard des croyances religieuses. Ils lui attribuent à cet effet une cause culturelle. Si l'on s'en tient aux avis des uns et des autres, l'on peut relever que ces attributions sont associées à des causes prédéterminées comme la culture ou les clichés. A cet effet, l'entretien avec la coordonnatrice du Recamef de Mora s'avère révélateur : « par exemple l'attribution culturelle des populations de Mora serait d'inférer au fait que les mères qui font du commerce utilisent leurs filles pour vendre les produits qu'elles fabriquent elles-mêmes à la maison. La raison qui explique cela est qu'il serait mal vu par la société et par leurs maris qu'elles sortent de chez elles. Par la même occasion, la zone de Mora étant située à la frontière entre le Cameroun et le Nigéria, la fille est obligée d'accompagner sa mère les jours de marche de peur d'être courtisée par les passants ou les commerçants ». Allant dans le même ordre d'idées, un membre de la société civile corrobore : « la manière de penser des groupes par rapport au pôle de diffusion de l'information qu'on en fait selon son accessibilité, c'est-à-dire par leur traitement superficiel de l'information, montre que les groupes socioculturels venant d'ailleurs( Kanuri, Mada, Haoussas par exemple) ont plus de chance d'accéder à l'école moderne et d'y rester au détriment des autochtones que sont les mandaras ».
Tableau n0 16: Distribution de pourcentage selon ce que la femme pense d'elle-même au regard des croyances religieuses (coran). En ce qui concerne ce que la femme pense d'elle-même, il ressort de ce tableau que 75 % des membres du groupe réalisent le fait que l'environnement dans lequel vivent les filles poussent les femmes a ne plus se mettre en « valeur », 25 % des membres pensent plutôt que cette perception de soi est « valorisante ».En effet, cette tendance à la dévalorisation de soi est imbriquée entre l'environnement social et le comportement de certains parents vis-à-vis de la scolarisation de leurs filles. Bon nombre des sujets du groupe partagent cette opinion : ce n'est pas que nous ne voulons pas envoyer nos filles à l'école, mais nous ne faisons que mettre en pratique ce que nous enseigne l'islam. Une fille musulmane n'a droit qu'à trois sorties : elle sort du ventre de sa mère et grandit auprès de ses parents ; à l'âge de se marier, elle sort de chez son père pour rester chez son mari ; quand elle meurt, elle sort de l'enclos de son mari pour être enterrée et ça, elles le savent ».un autre sujet de l'enquête corrobore : « une fille musulmane digne de ce nom ne doit pas connaitre ses premières menstrues chez ses parents. Aussi, pour avoir de la valeur dans une société comme la notre et ne pas finir `'vieille fille'', il faut aller en mariage. Cela fait la fierté de la famille ». |
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