3.6.1.2- Description de l'analyse de contenu
L'analyse de contenu est un ensemble d'instruments
méthodologiques de plus en plus raffinés et en constante
amélioration s'appliquant à des « discours »
extrêmement diversifiés et fondé sur la déduction
ainsi que l'inférence. Il s'agit d'un effort d'interprétation qui
se balance entre deux pôles, d'une part, la rigueur de
l'objectivité, et, d'autre part, la fécondité de la
subjectivité (Bardin, 1986). L'analyse de contenu s'organise autour de
trois phases chronologiques : la pré analyse, l'exploitation du
matériel ainsi que le traitement des résultats,
l'inférence et l'interprétation.
3.6.1.2.1- La pré analyse
Il s'agit de l'étape préliminaire d'intuition et
d'organisation pour opérationnaliser et systématiser les
idées de départ afin d'aboutir à un schéma ou
à un plan d'analyse. Cette phase a trois missions : le choix des
documents à soumettre à l'analyse, la formulation des
hypothèses ainsi que des objectifs et l'élaboration des
indicateurs sur lesquels s'appuiera l'interprétation finale. Ces
missions ne se succèdent pas obligatoirement de manière
chronologique mais sont très liées les unes aux autres. La
pré analyse ambitionne d'organiser l'information mais elle est
composée, elle-même, d'activités non structurées et
« ouvertes ». Pour mener à bien ses trois missions plusieurs
étapes traversent la phase de la pré analyse :
- le choix des documents, où on prend contact avec
divers matériaux possibles pour déterminer celui qui sera le
mieux à même de correspondre aux différents critères
en jeu ;
- la lecture flottante pour faire connaissance avec les
documents à analyser en laissant venir à soi les impressions et
certaines orientations ainsi que pour délimiter le champ
d'investigation, construire l'objet de la recherche. En présence des
données, il s'agit donc de les lire et de les relire pour tenter de bien
saisir leur message apparent.
3.6.1.2.2- L'exploitation du
matériel
Le but poursuivi durant cette phase centrale d'une analyse de
contenu consiste à appliquer, au corpus de données, des
traitements autorisant l'accès à une signification
différente répondant à la problématique mais ne
dénaturant pas le contenu initial. Cette deuxième phase consiste
surtout à procéder aux opérations de codage,
décompte ou énumération en fonction des consignes
préalablement formulées. Elle comporte deux étapes
clés :
- l'opération de catégorisation consiste en
l'élaboration ou en l'application d'une grille de catégories,
c'est-à-dire des rubriques rassemblant des éléments ayant
des caractères communs sous un titre générique, et en la
classification des données du corpus dans celles-ci. Il s'agit donc de
la classification d'éléments constitutifs d'un ensemble par
différenciation puis regroupement par genre (analogie) d'après
des critères définis afin de fournir, par condensation, une
représentation simplifiée des données brutes (Bardin,
1986).
- le codage/comptage des unités où on applique
les catégories au corpus et donc, où l'on remplit les grilles
d'analyse selon, d'une part, l'unité d'enregistrement retenue,
c'est-à-dire le segment déterminé de contenu que le
chercheur a décidé de retenir pour le faire entrer dans la grille
d'analyse et, d'autre part, l'unité de numération,
c'est-à-dire la manière dont l'analyste va compter lorsqu'il a
choisi de recourir à la quantification ; l'unité de
numération correspond donc à ce qu'il compte. Pour
Mucchielli (2006), toutes les méthodes qualitatives semblent mettre en
oeuvre des processus intellectuels communs.
Mucchielli (2006) a dégagé ces processus de
l'induction analytique, de la théorie ancrée, de l'approche
phénoménologique, de l'analyse structurale et de la
systématique des relations. A cet effet, Mucchielli (2006 :15)
pense que ces processus sont « faits à base de comparaison, de
généralisation, de mise en relation et de construction
corrélative d'une forme et d'un sens à travers l'utilisation des
autres processus ».
3.6.1.2.3- Traitement, inférence et
interprétation des données.
Lors de cette phase, les données brutes sont
traitées de manière à être significatives et
valides. Ainsi, des opérations statistiques simples, tels que, par
exemple, des pourcentages, permettent d'établir des tableaux de
résultats, des diagrammes, des figures, des modèles qui
condensent et mettent en relief les informations apportées par l'analyse
(Bardin, 1986). Ces résultats peuvent être soumis à des
épreuves statistiques et des tests de validité pour plus de
rigueur.
L'interprétation des résultats consiste à
prendre appui sur les éléments mis au jour par la
catégorisation pour fonder une lecture à la fois originale et
objective du corpus étudié. Cette phase de l'analyse de contenu
est certainement la plus intéressante puisqu'elle permet, d'une part,
à évaluer la fécondité du dispositif, et, d'autre
part, à déterminer la valeur des hypothèses.
Pour Bardin (1986 : 100) « les résultats
acquis, la confrontation systématique avec le matériel, le type
d'inférences obtenues peuvent servir de base à une autre analyse
ordonnée autour de nouvelles dimensions théoriques ou
pratiquées grâce à des techniques
différentes ».
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