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Effets négatifs du redoublement précoce sur la réussite au CEPD (Certificat d'Etudes du Premier Degré)au Togo

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par Komivi OGOUWA
Université de Lomé - DEA sociologie de l'éducation 2009
  

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3-3/ Le redoublement et l'origine sociale des redoublants

Du fait que l'enseignement primaire s'adresse théoriquement aux enfants d'une même classe d'âge sans discrimination ni différenciation de filières, la différence de performances scolaires selon l'origine sociale paraît très significative pour cette étude dans plusieurs études. Beaucoup d'études soulignent la marque de l'origine sociale dans la fréquence des redoublements et des retards scolaires.

L'étude menée par Caille J-P (2004) permet d'analyser l'impact des différentes variables sur la probabilité du redoublement au cours de la scolarité primaire. Il analyse que, toutes choses étant égales par ailleurs : le seul fait d'avoir un père « cadre supérieur » plutôt qu'un père « ouvrier », augmente de 10,5 % les chances de connaître une scolarité sans redoublement. En répartissant les redoublants selon leur origine sociale et leur nationalité, il remarqua que les élèves dont les parents sont inactifs redoublent plus que les enfants des enseignants, de professions intermédiaires ou d'artisans. L'un des résultats les plus importants de cette analyse est qu'il ne ressort pas de handicaps significatifs chez les élèves étrangers en France par rapport aux élèves du même milieu social. Si, en moyenne, 54,3 % des élèves étrangers n'ont pas connu le redoublement en primaire contre 76,3 % des élèves français, c'est dû à un effet de structure c'est-à-dire à un effet lié à d'autres caractéristiques que l'on retrouve le plus fréquemment chez les élèves étrangers (origine sociale plus modeste, famille plus nombreuse, etc.). Seuls les enfants qui ont passé au moins trois années scolaires hors de France rencontrent, toutes choses égales par ailleurs, de réelles difficultés. Pour Caille, les élèves d'origine sociale pauvre redoublent plus que les élèves d'origine sociale riche.

Après avoir mentionné que le phénomène est fréquemment sous évalué dans les statistiques, Owen Eisemon Thomas (1981) souligne l'importance respective des facteurs explicatifs liés à la famille et de ceux liés à l'école. Il montre l'incidence des redoublements sur l'échec scolaire et l'abandon des études. Toute généralisation doit cependant être nuancée : le taux de redoublement est parfois surévalué et s'il est vrai que les élèves appartenant à des milieux socialement et économiquement défavorisés redoublent plus souvent que les autres, les groupes marginalisés réagissent différemment à des conditions et des stimulations identiques. La tendance générale masque des différences de culture en matière de redoublement entre régions et sous-régions. Pour que les interventions soient efficaces, elles doivent porter à la fois sur le milieu familial et sur le milieu scolaire, être ciblées et adaptées aux circonstances particulières. Il est vrai qu'un nombre important d'élèves redouble chaque année. Le taux du redoublement est normalement tenu pour un bon indicateur de l'efficacité d'un système éducatif. Lorsque ce taux est élevé, cela signifie que beaucoup d'élèves n'ont pas atteint le niveau que l'on attend d'eux. Mais les raisons de ces redoublements peuvent être variées et ne sont pas toujours faciles à détecter, comme il n'est pas facile non plus d'en prévoir les conséquences sur l'apprentissage et la carrière future de l'élève concerné. Les causes et les conséquences sur le redoublement varient sans doute d'un pays à un autre. C'est dans la même conception que Walo Hutmacher (1992), Directeur du service de la recherche sociologique du département de l'instruction publique de Genève, à partir d'une étude des taux de redoublement, montrait que les écarts se creusaient entre favorisés et défavorisés. Ce constat a suscité un vaste débat, qui a notamment donné lieu à un Forum réunissant plusieurs centaines d'enseignants et de cadres de l'école primaire. Un an plus tard, une rénovation de l'enseignement primaire a été mise en chantier, dans le sens des cycles d'apprentissage, donc en vue d'une suppression du redoublement. C'est en ce sens que Hutmacher (1992), pense que :

 « Le redoublement n'est qu'un indicateur - incertain - des inégalités d'apprentissage. Or, jeter le thermomètre n'a jamais fait tomber la fièvre. La suppression du redoublement est une mesure nécessaire, mais pas suffisante, et que toute solution alternative ne vaudra que par sa capacité à atténuer les disparités effectives d'apprentissage. La démocratisation des études se joue sur les acquis réels des générations successives et donc sur les moyens que se donnent les systèmes éducatifs de développer, en lieu et place du redoublement, une véritable individualisation des parcours de formation, fondée sur une organisation scolaire et des didactiques qui permettent une réelle différenciation de l'enseignement, des suivis sur l'ensemble d'un cycle d'étude, une évaluation formative, des méthodes actives dans toutes les classes ».

Conclusion de la revue de la littérature

Les auteurs des études antérieures ont comparé les compétences des enfants avant et après l'année redoublée aux résultats de la fin de l'année, et certains ont souligné les effets (positifs, négatifs) du redoublement. Pour la plupart des chercheurs, le redoublement n'améliore pas les performances des élèves. Après l'année répétée, le redoublant présente les mêmes problèmes. Pour eux, le redoublement n'est pas efficace. Ceux qui ont évalué la décision de redoublement concluent qu'elle n'est pas bien perçue par les parents et elle a été toujours contournée à cause de son coût financier.

Ensuite, à la question de savoir s'il faut redoubler tôt ou tardivement l'école primaire, d'aucuns répondent qu'il vaut mieux reprendre les cours préparatoires, lorsque l'élève est plus jeune, que les cours élémentaires et moyens. Par contre, d'autres pensent que le redoublement précoce est nuisible non seulement à la progression scolaire du redoublant, mais il ne suffit pas non plus à résoudre les difficultés scolaires.

Enfin des études révèlent la marque de l'origine sociale dans les phénomènes du redoublement et du retard scolaire. Elles suggèrent que les élèves d'origine pauvre redoublent plus que les élèves d'origine riche. Ces études affirment aussi qu'à des conditions et motivations identiques, les élèves des milieux socialement et économiquement défavorisés réussissent aussi bien que les élèves des milieux favorisés.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand