4.2.2 Nature de la connaissance
Le concept connaissance subit l'influence de plusieurs
courants de pensée. Depuis de nombreux siècles, philosophes et
autres intellectuels alimentent un débat passionné sur son
origine et sa nature.
Il existe ainsi une fracture entre les taxonomistes
classifiant les différents types de connaissances et leurs implications
en fonction des objets qu'ils poursuivent et les chercheurs qui tentent de
modéliser la connaissance dans l'organisation. La taxonomie opposant la
connaissance tacite à l'explicite dans la mesure où elle est une
des premières à être apparue est l'une des plus
célèbres et des plus pertinentes.
Polanyi (1966) en est considéré comme l'initiateur
bien qu'elle ait été reprise et popularisée par Nonaka et
Takeuchi (1995).
[12] DAVENPORT T.H., PRUSAK L..- Working knowledge: how
organisations manage what they know .- Boston : Havard Business School Press,
1998. - p.199.
Ces deux derniers, experts japonais du Knowledge Management,
mettent en évidence, dans leur ouvrage « The Knowledge-creating
company » devenu une référence, que la connaissance se
présente sous deux formes différentes : une forme tacite et une
forme explicite.
4.2.2.1 Connaissance tacite
C'est la connaissance que possèdent les individus. Elle
n'est pas formalisée et par conséquent difficilement
transmissible. Ce sont les compétences, le jugement, les
expériences, l'intuition, les secrets de métiers, les
savoir-faire, les tours de mains qu'un individu a acquis et
échangés lors des relations à l'intérieur de son
organisation.
Nonaka et Takeuchi soutiennent que cette connaissance tacite
existe dans l'esprit humain de manière symbolique. Elle est intimement
liée au vécu de l'individu et elle est constituée de
facteurs intangibles comme la perspicacité, la subjectivité, les
croyances, les valeurs, la vision personnelle du monde, les tours de mains et
les émotions. La nature subjective et intuitive de la connaissance
tacite la rend difficile à traiter ou à transmettre de
manière systématique. Intimement liée aux collaborateurs
qui la détiennent, la connaissance tacite est la forme du savoir la plus
répandue dans les entreprises ou organisations. De nombreux auteurs
admettent qu'elle représente 85% de la connaissance globale d'une
organisation.
Il convient de faire remarquer que pour que la connaissance
tacite soit communiquée et partagée dans l'organisation, elle
doit être convertie en mots ou nombres que n'importe qui peut comprendre.
Ce processus de conversion de tacite en explicite s'appelle articulation ou
formulation.
Dans le même ordre d'idées, Gaynard (2000)
soutient que la connaissance tacite de l'entreprise peut être
observée de manière individuelle ou de manière collective,
dans les activités quotidiennes des employés de l'entreprise et
de ses clients, quand les gens réalisent des activités, quand ils
ont des relations
entre eux ou quand ils placent l'activité de l'entreprise
au centre de leurs conversations.
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