4.1.3.4.7 Avantages et bénéfices
Parmi les avantages dont peut bénéficier une
communauté de pratique, Valerie Chanal (2000) a épinglé
quelques-uns notamment:
- Une flexibilité plus grande dans l'accès
à l'information, un meilleur partage de l'information stratégique
entre pairs et une résolution des problèmes mieux adaptée
à un contexte d'apprentissage ou de travail au moment opportun.
- L'expérimentation de la coopération et de la
collaboration dans la négociation d'une résolution de
problèmes se voulant plus novatrice et plus efficace.
- La mise en commun orientée des expertises (
connaissances, habilités et attitudes requises à une
résolution générant des apprentissages distribuées
entre les individus qui peuvent être transférables à
d'autres contextes de travail à l'intérieur de
l'organisation).
- Le développement des valeurs et d'une éthique
de travail ( respect, confiance, attention, empathie, responsabilité,
conscience, performance) sur la recherche de l'excellence, la construction des
connaissances et de l'intelligence collective.
- La conservation et l'archivage des résolutions des
problèmes expérimentés qui sont emmagasinés au sein
d'une mémoire accessible à tous les membres d'une
organisation.
- L'émergence de l'innovation.
- La formalisation des meilleures pratiques.
Stéphanie Parot et al (2004) de leur côté
démontrent lumineusement que la création de communautés de
pratique dans une organisation peut apporter cinq principaux
bénéfices. Chacun de ces bénéfices peut être
d'importance et de nature différentes selon les acteurs et la situation
de chaque entreprise :
1. Faciliter l'apprentissage.
Les organisations classiques ne sont pas faites pour
apprendre. Un nombre important de leçons et de retours
d'expériences est acquis puis perdu, par exemple en matière de
gestion de projet ou bien encore à l'occasion de départs en
retraite. Les communautés de pratique facilitent l'apprentissage de
plusieurs manières :
- En constituant des référentiels métier
pour rassembler les savoirs individuels épars et pour capitaliser les
retours d'expériences.
- En accélérant l'intégration des
nouveaux collaborateurs. Au travers de leur participation active aux
échanges, ces nouveaux collaborateurs s'approprient plus vite le
savoir-faire métier et tissent plus vite leur propre réseau
relationnel.
- En facilitant la confrontation d'idées, le
croisement de compétences et le partage de bonnes pratiques. Le savoir
évolue ainsi continuellement et se diffuse plus rapidement.
2. Maîtriser et approfondir un domaine d'expertise.
Les communautés de pratique permettent également
de constituer de véritables réseaux d'experts. En
fédérant durablement les experts internes ou même externes
d'un domaine, l'entreprise aura à sa disposition une source d'expertise
disponible pour valider une hypothèse, explorer une nouvelle idée
ou bien acquérir très vite une connaissance approfondie d'un
sujet.
3. Accélérer l'innovation.
Etant entendu que l'innovation repose sur la capacité
à identifier et à valider de nouvelles solutions pour
répondre au mieux à des problématiques existantes ou
nouvelles, une communauté de pratique propose ainsi un cadre
particulièrement propice à l'innovation :
- en fédérant tous les acteurs directement ou
indirectement
concernés, elle facilite la détection
d'idées neuves.
- en connectant et mobilisant rapidement les
compétences pertinentes, elle permet une qualification rapide des
idées intéressantes.
- en permettant des collaborations multiples mais efficaces
entre experts, elle accélère le développement et la mise
au point de l'innovation.
4. Faciliter la résolution des problèmes.
Une communauté de pratique facilite la
résolution de problèmes en permettant la mise en relation de
personnes ayant les mêmes types de problématiques à
résoudre. Chaque membre peut ainsi d'une part solliciter l'avis et
l'expérience des autres et d'autre part accéder aux
différentes solutions capitalisées. Au fil du temps, ces
échanges développent tout à la fois la capacité
d'analyse de chacun et le capital connaissances de l'ensemble.
5. Mutualiser des ressources rares.
Les communautés de pratique permettent de partager des
ressources rares selon une logique mutualiste « Partageons ensemble pour
être plus forts individuellement ». Ainsi, chaque membre pourra-t-il
utiliser les ressources de ses pairs et participer à moindre frais
à la mise au
point de nouvelles ressources : documents types, outils, bases
d'informations, guides techniques, etc.
Enfin, Denis Meingan (2003) résume explicitement les
apports de la communauté de pratique pour les membres, la
communauté et l'organisation ou la firme à travers le tableau
suivant :
|
Membres
|
Communauté
|
Société / Organisation
|
|
- Partage des bonnes
|
- Développement
|
- Amélioration de la
|
|
pratiques.
|
d'un langage
|
performance
|
MESURABLE
|
- Amélioration du
|
commun pour le
|
opérationnelle
|
|
travail de chacun
|
domaine
|
- Développement du
|
|
- Augmentation des
|
- Constitution de la
|
potentiel d'innovation
|
|
compétences
|
mémoire du domaine
- Création des nouvelles connaissances
|
- Complément du fonctionnement en équipe
projet
|
|
- Enrichissement du
|
- Insertion des experts
|
- Prise de conscience
|
|
périmètre de travail
|
dans des espaces de
|
des limites d'un mode
|
|
- Valorisation des
|
collaboration
|
de fonctionnement sur
|
|
initiatives, de la
|
- Renforcement de la
|
des processus.
|
NON
|
créativité et des
|
cohésion des
|
- Développement d'une
|
MESURABLE
|
innovations
|
collaborateurs.
|
culture de partage
|
|
- Rapidité d'accès au
|
- Valorisation du
|
- Décloisonnement de
|
|
savoir-faire
|
patrimoine des
|
la société ou de
|
|
- Fourniture d'un support à l'apprentissage
|
connaissances
|
l'organisation
|
Tableau n°1: Apports de la communauté de pratique
"Modèle".
Les apports retenus sont classés dans le tableau ci-contre
à partir de deux dimensions : le niveau d'apport et le type d'apport.
Le niveau de l'apport permet d'identifier à qui la
communauté de pratique va être principalement profitable, les
membres, la communauté en elle-même et la société ou
l'organisation.
Le type de l'apport sert à préciser s'il est
possible ou non de définir un mode de mesure adapté pour
l'apport identifié. Les apports mesurables sont utilisés
le plus souvent dans le calcul du retour sur investissement. Les apports
non
mesurables, quant à eux, se positionnent dans une
perspective de politique d'entreprise ou d'organisation.
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