3.8. Modification de la composition des acides du sulla
par ensilage
Si pour une raison ou pour une autre, les conditions
nécessaires pour assurer la multiplication des bactéries
lactiques (absence d'air et présence des sucres fermentescibles) ne sont
pas atteintes dans le silo, le pH reste supérieur à 4,2 des
processus indésirables de dégradation de la matière
végétale se développent. Ceux-ci provoquent des pertes
pouvant atteindre 20 à 50% de la matière sèche. Il existe
en effet un risque de développement des bactéries butyriques (qui
sont strictement anaérobies). Ces dernières, amenées
à travers le sol, transforment les sucres en acide butyrique, acide
acétique, CO2 et hydrogène. En même temps, ces
bactéries peuvent provoquer la fermentation de l'acide lactique
initialement formé.
Deux molécules d'acide lactique se transforment en une
seule molécule d'acide butyrique et le milieu devient moins acide. Les
bactéries butyriques agissent également sur les protéines
qu'elles décomposent en ammoniac (Gouet, 1979). Les bactéries
protéolytiques agissent par oxydoréduction, désamination
et décarboxylation (Soltner, 1989). Il y a donc une dégradation
importante de la valeur azotée du fourrage avec formation des produits
diminuant l'appétibilité de l'ensilage (NH3, AGV(acides gras
volatils), et amines) et plus ou moins toxiques pour l'animal (amines). Une
odeur de vinaigre, indice d'un excès d'acide acétique, traduit un
tassement insuffisant (Moule, 1971). Une odeur nauséabonde de beurre
rance et de butyrate, renseigne sur le développement de fermentations
butyriques néfastes pour l'animal. En effet, l'excès de butyrate
traverse la paroi du rumen et se transforme en corps cétoniques dont
l'accumulation dans le sang provoque l'acétonémie (Vambelle
et al., 1981). Lors de l'étude des liaisons entre les
quantités d'ensilage ingérées et leurs
caractéristiques fermentaires, Wilkins et al., (1971) ont
montré que l'ammoniac et les acides gras volatils
particulièrement l'acide acétique, sont responsables de la
diminution de l'ingestion des ensilages.
3.8.1. Acide acétique
Un ensilage de fourrage est considéré d'une
excellente qualité de conservation, lorsqu'il répond à
certaines normes rappelées par Dulphy et Demarquilly (1981) et
Demarquilly et Andrieu (1988), entre autre la teneur en acide acétique
qui doit être inférieure à 25 g/kg MS. Les ensilages du
sulla traités sont caractérisés par des teneurs en acide
acétique de 6,18 à 88,68 et 12,2 à 89,43% respectivement
pour le sulla de 1ère et 2ème année de culture.
D'après Leduc et Fournier (1998) un ensilage
présentant une teneur en acide acétique inférieure
à 4% est généralement considéré comme bon.
Cependant dans un excellent ensilage la teneur en acide acétique reste
inférieure à 2%.
D P1 EP1 RP1 ERP1 P2 EP2 RP2 ERP2 P3 EP3 RP3 ERP3
Traitements

Acide Acetique g/kg de MS
Sulla 1
Sulla 2
ppds 5% : 0,0022
x
w
p
p
l
m
p
o
u
n
j j i
gh
f
q
s
h
c
b
a
r
r
v
t
k
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Figure 56. Effet des divers traitements sur
le taux d'acide acétique de l'ensilage du sulla. D: sulla directe, P1:
préfanage 24h, EP1: éclatement et préfanage 24h, RP1:
retournement et préfanage 24h, ERP1: éclatement, retournement et
préfanage 24h, P2: préfanage 48h, EP2: éclatement et
préfanage 48h, RP2: retournement et préfanage 48h, ERP2:
éclatement, retournement et préfanage 48h, P3: préfanage
72h, EP3: éclatement et préfanage 72h, RP3: retournement et
préfanage 72h, ERP3: éclatement, retournement et préfanage
72h.
D'après Dulphy et Demarquilly (1981), les ensilages P3
et ERP2 relatifs aux deux sullas et de 2ème année
peuvent être classés comme excellents avec des taux d'acide
acétique compris entre 6,18 et 15,32%. Les traitements EP31-2, RP31-2,
ERP31-2, EP11 et RP21 ont produit de bons ensilages ayant des taux d'acide
acétique de 26,23 à 36,17%. Alors que RP11-2, ERP11-2, D2, P12,
P22 et EP12 sont considérés comme de très mauvais
ensilages. Fournier (2007) a rapporté un taux d'acide acétique de
l'ordre de 2,4% dans un ensilage de luzerne issu d'un andain bien exposé
à l'ensoleillement. Cette condition contribue à une meilleure
ouverture des stomates et par conséquent un gain de matière
sèche. Cependant, plus l'andain est large, plus la perte en eau
s'effectue rapidement. L'humidité du sol ainsi que la densité de
l'andain affectent négativement la perte en eau de la plante.
Aeschlimann (2005) a constaté que les teneurs en acide acétique
d'un ensilage de luzerne sont négativement corrélés
à la teneur en matière sèche du fourrage à la
coupe.
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