6.8.2. Action du pH
L'alimentation peut influencer le pH du jus de rumen. Une
chute de pH ruminal est observée suite à l'ingestion d'une grande
quantité d'aliments rapidement fermentescibles. A cet effet,
l'acidité peut inhiber l'appétit par différentes voies,
notamment au niveau de la digestion microbienne dans le rumen. Martens (1979) a
montré qu'un pH inférieur à 6 du jus de rumen a un effet
dépressif sur la cellulolyse entraînant ainsi une réduction
de l'appétit. Par contre Bouchet (1980) a montré qu'une
augmentation de pH d'un aliment de 3,2 à 4,4 et 4,8 avec l'addition de
magnésium a amélioré son appétibilité. En
effet, un pH optimum de 5,7 augmente l'ingestion du fourrage et la production
laitière (Erdman, 1988).
6.8.3. Action des acides gras volatils et des
composés azotés
Lors de l'étude des liaisons entre les quantités
d'ensilage ingérées et leurs caractéristiques
fermentaires, Wilkins et al., (1971) ont montré que l'ammoniac
et les acides gras volatils particulièrement l'acide acétique,
sont responsables de la dépression de l'ingestion des ensilages.
Cependant, l'acide lactique est corrélé
positivement avec l'ingestion. Sur des génisses recevant de l'ensilage
d'herbe avec un mélange d'acide acétique et d'acétate,
Deswysen (1980) a observé une réduction de l'ingestion volontaire
de la matière sèche. En outre, Wilkins et al., (1971) et
Demarquilly (1973) ont observé une liaison négative entre la
quantité d'ensilage ingérée et la teneur d'ensilage en
azote ammoniacal. Cependant, une teneur élevée en ammoniac ne
semble pas la cause directe de la faible ingestibilité de l'ensilage.
La formation d'ammoniac dans les ensilages de mauvaise
qualité est toujours accompagnée d'une production importante
d'acides aminés en amine, histamine, putrescine et cadaverine. Or, ces
produits résultant de la dégradation des protéines ont une
action directe sur les quantités d'ensilage ingérées et
peuvent aussi être simplement l'indice de présence d'autres
substances non connues (Neumark et al., 1964).
Les variations d'ingestion entre les différents
ensilages seraient donc liées aux modifications de la qualité
fermentaire de ces ensilages plutôt qu'à leur teneur en acides
gras volatils.
Mais l'ensilage peut aussi exercer une action inhibitrice sur
l'ingestibilité du fourrage par sa teneur en acides gras longs ou en
acides du type isobutyrique et isovalérique qui existent à des
concentrations relativement élevées dans les ensilages mal
conservés (Bueno et Ruckebusch, 1974).
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