6.8. Ingestibilité des ensilages
Les ruminants sont généralement nourris avec des
fourrages verts ou conservés et des aliments concentrés
distribués selon l'objectif de la production. Maximiser la part de
fourrage dans la ration est le principal moyen pour réduire le
coût d'alimentation.
La capacité d'ingestion d'un aliment dépend
étroitement de sa valeur nutritive et des performances de l'animal
(Jarrige, 1988; Jarrige et al., 1995). L'ingestibilité d'un
fourrage est définie par la quantité de matière
sèche ingérée lorsque ce fourrage est distribué
à volonté comme seul aliment à un animal dit standard dont
la capacité ne varie pas. L'ingestibilité des fourrages ainsi que
la capacité d'ingestion des animaux s'expriment en unité
d'encombrement (UE). C'est ainsi qu'il est bon de prévoir
l'ingestibilité des fourrages et les performances des animaux pour
établir et gérer les stocks (Dulphy et Doreau, 1981).
6.8.1. Ingestion volontaire des ensilages
Outre la valeur nutritive, les performances animales sont
étroitement liées à la quantité d'aliments
ingérée. La connaissance de ce paramètre est donc d'une
grande importance en vue de maximiser la productivité des animaux
à partir des fourrages. Malheureusement, il n'est pas aisé de
connaitre avec précision l'ingestion volontaire des aliments parce
qu'elle est très variable. Cette variation semble être
accentuée dans le cas des ensilages plutôt qu'avec les autres
fourrages à cause, sans doute, des effets négatifs
supplémentaires qu'exercent certains éléments
intrinsèques de cet aliment (Haddad, 1997). L'ingestibilité des
ensilages est en général, inférieure à celle des
fourrages verts correspondant comme l'avait déjà montré
Demarquilly (1973). Cette ingestibilité de l'ensilage (QE) dépend
de l'ingestibilité de la plante verte (QV). Dulphy et Doreau (1981), ont
établi la liaison suivante, pour les graminées, quel que soit le
type de machine de récolte :
QE = 13,1+ 0,571 QV #177; 9.0 (QE et QV sont exprimées en
g MS/ kg P0,75 )
La conservation des fourrages par ensilage n'affecte
directement ni la digestibilité, ni la conservation de l'énergie
métabolisable, mais résulte dans une ingestion plus faible que
celle du fourrage frais correspondant (Wilkins, 1974). Demarquilly (1973) a
montré chez des moutons que l'ensilage entraîne une diminution
importante de 33% en moyenne, et très variable de 1 à 64% de
l'ingestion comparée aux fourrages frais (graminées ou
légumineuses) à partir de quel l'ensilage a été
réalisé. La réduction est plus forte chez les ovins que
chez les bovins (Dulphy et Michalet, 1975). En outre, elle est plus forte avec
l'ensilage d'herbe que celui du maïs.
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