6.6. Qualité des ensilages
La qualité des ensilages peut être
appréciée par la couleur et l'odeur du produit, mais
également par l'analyse des produits de fermentations. Ces derniers sont
les acides gras volatils (AGV), les alcools et les produits azotés qui
constituent avec le pH les caractéristiques fermentaires des
ensilages.
6.6.1. Méthodes subjectives
d'appréciation
- La couleur: un bon ensilage doit conserver la
couleur initiale du fourrage vert. Ce critère est un indice d'une bonne
conservation lactique (Moule, 1971). Parmi les facteurs qui influencent la
couleur de l'ensilage, se trouve la température (Vambelle et
al., 1981).
Température basse couleur voisine de celle de la plante
ensilée;
Température > 30°C couleur jaune foncée;
et
45°C < Température < 60° couleur brune.
La couleur brune constitue un signe de putréfaction,
liée à une mauvaise fermeture du silo (Najjar, 1990).
La couleur des jus représente aussi un indice de la
qualité fermentaire du silo. Plus le jus est de couleur claire mieux
l'ensilage est réussi (Moreau et al., 1982).
- L'odeur : L'odeur doit être fruitée et
acide, mais agréable. Une odeur de vinaigre, indice d'un excès
d'acide acétique, traduit un tassement insuffisant (Moule, 1971). Une
odeur nauséabonde de beurre rance et de butyrate, renseigne sur le
développement de fermentations butyriques néfastes pour l'animal.
En effet, l'excès de butyrate traverse la paroi du rumen et se
transforme en corps cétoniques dont l'accumulation dans le sang provoque
l'acétonémie (Vambelle et al., 1981).
- La structure : La structure de la plante doit
être complètement reconnaissable après ensilage. Une
structure détruite est signe d'une putréfaction avancée.
Un aspect visqueux, glaireux de l'ensilage dénote l'action des
microorganismes péctolytiques (sporulant) dans l'ensilage (Moreau et
al., 1982).
6.6.2. Méthodes chimiques
d'appréciation
Elles visent la connaissance de la qualité de
conservation et en particulier à savoir si les techniques mises en
oeuvre pour conserver le fourrage ont été maitrisées pour
permettre une acidification de la masse végétale. Il s'agit
essentiellement, de la détermination de l'acidité du produit et
du dosage des principaux métabolites de fermentation tels que les acides
organiques (acétique, propionique, butyrique et lactique) mais
également l'ammoniac et l'azote soluble (Vambelle et al.,
1981).
- Critères de conservation de l'ensilage: un
ensilage de fourrage direct est considéré d'une excellente
qualité de conservation, lorsqu'il répond à certaines
normes établies par Dulphy et Demarquilly (1981) et Demarquilly et
Andrieu (1988): teneur en acide acétique inférieure
à 20-25 g/kg MS; pH inférieur à 4; azote ammoniacal
inférieur à 5-6% de l'azote total; azote soluble inférieur
à 50% de l'azote total; et acides propionique et butyrique: absence ou
traces.
Au-delà de ces valeurs, la qualité de
conservation est considérée mauvaise. Les légumineuses
s'ensilent difficilement d'où le recours à un critère
d'appréciation qui est le rapport sucres sur protéines qui est un
bon indice pour apprécier la facilité avec la quelle un fourrage
se prête à l'ensilage:
- r > 1,2 l'ensilage ne mérite aucun conservateur;
- r > 0,8 l'ensilage est facile;
- 0,4 < r < 0,7 l'ensilage est difficile à
réussir;
- r < 0,4 l'ensilage est toujours raté (Moreau et
al., 1982).
- Le rapport N-NH3 / Nt : le rapport azote ammoniacal
sur azote total de l'ensilage nous donne des indications sur l'état de
dégradation plus ou moins avancé des protéines. Il
représente indiscutablement un test d'appréciation de la
conservation des protéines ensilées (Tableau 1).
Tableau 1. Classification de la qualité
de conservation des ensilages selon %N-NH3/Nt Vambelle (1992)
Qualité de conservation
|
% N-NH3 / Nt
|
Très bonne
|
0-5
|
Bonne
|
5-10
|
Satisfaisante
|
10-15
|
Médiocre
|
15-20
|
Mauvaise
|
20-30
|
Très mauvaise
|
> 30
|
Nt: azote total ; N-NH3: azote ammoniacal
|
|
- Autres critères d'appréciation de la
qualité des ensilages
Dulphy et Demarquilly (1981) ont mis au point un barème
d'appréciation de la qualité des ensilages en 5 classes en
délimitant les classes selon les teneurs en acides gras volatils et en
N-NH3 (% N total de l'ensilage). La première borne a été
fixée à 330 moles d'AGV par kg de MS (soit 20g d'acide
acétique et pas de butyrique); l'écart entre 2 bornes a
également été fixé à cette valeur. Cet
écart permet, avec 5 classes, de couvrir pratiquement toute la gamme des
teneurs en acides gras volatils des ensilages. Ils ont ensuite fixé les
bornes correspondantes pour N-NH3 % Nt (Tableau 2).
Tableau 2. Barème d'appréciation
de la qualité des ensilages (Dulphy et Demarquilly, 1981)
AGV mmole/kg MS
|
C4 N-NH3 % Nt Ns (%Nt)
|
g/kg
MS
|
|
|
|
|
Classe
|
|
|
|
Maïs
|
Luzerne
|
Autres plantes
|
|
Excellent
|
< 330
|
<20
|
0
|
<5
|
<8
|
<7
|
<50
|
Bon
|
330-660
|
20-40
|
<5
|
5-10
|
8-12
|
7-10
|
50-60
|
Médiocre
|
660-1000
|
40-55
|
>5
|
10-15
|
12-15
|
10-12
|
60-70
|
Mauvais
|
1000-1330
|
55-75
|
>5
|
15-20
|
16-20
|
15-20
|
>65
|
Très mauvais
|
>1330
|
>75
|
>5
|
>20
|
>20
|
>20
|
>75
|
AGV: acides gras volatils; : acide acétique; C4: acide
propionique; N: azote; N-NH3: azote ammoniacal; Nt: azote total; Ns: azote
soluble
|