6.2. Raisons du conditionnement
Au moment de la coupe, les plantes fourragères
contiennent 75 à 85 % d'eau. Une grande partie de cette eau doit
être éliminée afin d'obtenir un produit apte à
être conservé par la voie sèche (teneur en eau
inférieure à 15 à 20 %) ou par la voie humide.
En étudiant le principe de la fenaison, on observe que
l'eau contenue dans les limbes ou les feuilles s'évacue assez rapidement
sous l'action du soleil et du vent ; en revanche, celle contenue dans les tiges
est nettement plus difficile à évacuer, car leur rapport
surface/volume est plus défavorable que pour les feuilles ; de plus, la
cuticule cireuse des parois externes des tiges est très
imperméable. Le conditionnement consiste à dégrader
mécaniquement la structure des tiges par pliage, frottement, laminage,
brossage, chocs, percussion, lacération ou écrasement. Ces
actions mécaniques conduisent à une altération de la
cuticule, à un accroissement de la porosité des tissus, à
une augmentation de la surface d'évaporation (favorables aux
échanges gazeux) et finalement à une vitesse de séchage
des tiges voisine de celle des feuilles. L'agressivité du
conditionnement doit être cependant mesurée, afin d'éviter
les pertes dues à la création de jus, au morcellement des tiges
et à l'arrachement ou à l'émiettement des feuilles. Il
convient donc de surveiller la qualité du travail obtenu et de corriger
si nécessaire les réglages, sachant que les résultats sont
très dépendants de la nature du fourrage, de sa densité,
du mode de conditionnement et de la vitesse d'avancement de la machine. En plus
des actions mécaniques sur les tiges et les feuilles, le conditionnement
conduit aussi à la formation d'un andain suffisamment aéré
pour faciliter la circulation de l'air et les échanges gazeux. Il
convient d'éviter un tronçonnement trop important des tiges qui a
pour effet d'entraîner un affaissement de l'andain et une
réduction de son aération.
Si les conditions météorologiques sont
favorables, le conditionnement réduit le temps de séjour du
fourrage sur le sol et la récolte est ainsi plus rapidement mise
à l'abri et de meilleure qualité grâce à la
réduction des pertes d'éléments nutritifs.
Toutefois, si le fourrage conditionné perd plus vite
son eau, il devient beaucoup plus sensible aux aléas climatiques ; en
cas de pluie, un lessivage des éléments les plus solubles est
à craindre, d'autant plus que le fanage est avancé.
Le conditionnement est particulièrement indiqué
pour les graminées à grosses tiges et les légumineuses; on
estime que, par beau temps, le conditionnement mécanique peut conduire
à gagner en 36 heures sur le temps de séchage du foin, 10
à 15 points de matière sèche, en plus, par rapport au
fanage naturel ; cet écart varie bien entendu en fonction des conditions
atmosphériques : soleil, vent, humidité du sol et
hygrométrie de l'air.
Le conditionnement est réalisé au moment de la
coupe en utilisant une faucheuseconditionneuse. La faucheuse est
généralement rotative et le système de conditionnement
peut être soit du type à rouleaux, à doigts, à
brosses ou à fléaux (Sansoucy et Soltane, 1979 et Suttie,
2004).
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