6.3. Faucheuses-conditionneuses
Selon Suttie (2004) les premières machines de
conditionnement n'étaient pas combinées aux faucheuses. Elles
comportaient des rouleaux métalliques, plus ou moins agressifs, entre
lesquels passait le fourrage ; elles effectuaient un travail très
énergique et brutal, avec pertes de feuilles et de jus. Leur utilisation
séparée augmente la durée des chantiers et elles ont
été rapidement abandonnées au profit de conditionneuses
associées aux faucheuses.
Vers 1962 sont apparues des faucheuses conditionneuses
andaineuses à barre de coupe alternative et à système de
conditionnement à doigts ou à rouleaux. Ces machines ont
sensiblement simplifié les chantiers en permettant d'effectuer en un
seul passage coupe, conditionnement et andainage ; la seule limite étant
le fonctionnement des barres de coupe alternatives, peu aptes aux vitesses
élevées et aux fourrages denses. Depuis 1975, les
faucheuses-conditionneuses à systèmes de coupe rotatifs (disques
ou tambours) se sont développées et ont supplanté les
autres types.
Le conditionnement peut être obtenu par:
- Laminage: le fourrage est laminé sur toute la longueur
de la tige entre deux
rouleaux lisses appliqués plus ou moins fortement l'un
contre l'autre;
- Ecrasement: les tiges sont écrasées et
pliées en certains points, entre des rouleaux
cannelés;
- Laminage et écrasement: association d'un rouleau
cannelé assurant le pliage et d'un rouleau lisse réalisant
l'aplatissement; et
- Hachage: la matière est lacérée par des
fléaux.
- Systèmes de conditionnement à
rouleaux
Ce mode de conditionnement est réalisé par deux
rouleaux parallèles horizontaux tournant en sens inverse et
placés derrière les organes de coupe. Le fourrage coupé
est happé par ces rouleaux qui laminent les tiges, les plient et les
éclatent plus ou moins selon les profils utilisés. Le
conditionnement à rouleaux a une action efficace sur les tiges et noeuds
des légumineuses et des graminées à grosses tiges
(dactyle,...) ; moins agressif que les systèmes à doigts ou
fléaux, il est plutôt conseillé pour la récolte des
légumineuses car son action provoque moins d'effeuillage. Leur
écartement et leur pression sur le fourrage sont réglables par
des paliers mobiles à ressorts. Selon les cas, on rencontre des
conditionneurs à rouleaux lisses ou à rouleaux
crénelés.
- Conditionneurs à rouleaux lisses
Les rouleaux totalement lisses ne sont pratiquement plus
utilisés en raison de leur faible capacité d'absorption. Ils sont
constitués de deux cylindres d'acier ou de fonte qui entraînent le
fourrage par adhérence. La capacité d'absorption et
l'adhérence peuvent être améliorées en utilisant des
surfaces gaufrées ou striées. Le plus souvent, le diamètre
des rouleaux et leur vitesse sont identiques, mais certaines machines peuvent
présenter des rouleaux de diamètres différents ou des
rouleaux ayant des vitesses circonférentielles différentes.
- Conditionneurs à rouleaux
crénelés
Fréquemment utilisés pour les
légumineuses, ces conditionneurs comportent deux rouleaux synchrones
munis de nervures ou de barrettes qui augmentent le pouvoir d'absorption et
conditionnent les tiges et les feuilles par pression, laminage et pliage.
![](Les-systemes-fourragers-des-zones-montagneuses-contraintes-et-interts-des-fabacees-dans-la-fix12.png)
Figure 4. Différents principe de
conditionneurs à rouleaux (Suttie, 2004)
Les systèmes conditionneurs à rouleaux sont
surtout utilisés pour les légumineuses et les jeunes
graminées ; leur action agit préférentiellement sur les
parties présentant une certaine épaisseur : tiges, noeuds. Quel
que soit le type de rouleau retenu, le conditionnement n'est efficace que si le
système est alimenté régulièrement et sur toute la
largeur de la machine ; dans le cas contraire, le fourrage passe par paquets et
il est conditionné irrégulièrement.
- Systèmes conditionneurs à
doigts
Ce système de conditionnement connaît un
développement important, car il permet de traiter correctement
pratiquement tous les types de fourrages (davantage les graminées que
les légumineuses, plus sensibles à l'effeuillage). Les
conditionneurs à doigts comportent généralement un seul
rotor horizontal placé au- dessus ou juste derrière les organes
de coupe. Le conditionnement s'effectue de manière non sélective
par percussion, frottement et lacération. Il résulte de l'action
conjointe des doigts (vitesse, comportement élastique ou vibratoire), et
du frottement du fourrage contre les parois du carter du conditionneur.
- Systèmes conditionneurs à
brosses
Après la coupe, la récolte passe entre deux
rotors synchrones, parallèles, horizontaux et tournants en sens inverse
l'un de l'autre. Ces rotors peuvent être comparés à des
conditionneurs à doigts, dont les lamelles seraient remplacées
par des groupes de fils radiaux en matière plastique. Disposés
sur deux, quatre ou six rangées, les groupes de fils, retenus
radialement par des brides boulonnées, se comportent comme des
éléments de brosses rotatives. Au travail, la rotation de ces
brosses et le recouvrement de leurs « poils » entraînent le
fourrage et le conditionnent en le soumettant à de nombreuses
micro-percussions et à un effet de brossage intense. Les
micro-percussions tendent à froisser les tiges et feuilles, tandis que
l'effet de brossage tend à rayer la cuticule cireuse imperméable
qui recouvre les tiges. Ce mode de conditionnement, sans effet de fléau
et de compression, limite les pertes de limbes et de jus lors de la
récolte d'herbe jeune; ce système ne convient pas, en principe,
aux légumineuses.
- Systèmes conditionneurs à
fléaux
Contrairement aux doigts qui ne possèdent pas
d'articulation, les fléaux des systèmes conditionneurs sont
constitués par des pièces d'attaque articulées au rotor
horizontal qui les entraîne, à l'image des fléaux jadis
utilisés pour battre les épis des céréales. Soumis
à la force centrifuge, Ils peuvent s'incliner plus ou moins selon la
résistance du produit, ou s'effacer en cas de choc. Ils agissent par
chocs, lacération et frottement. Trop agressifs pour les
légumineuses, ils sont bien adaptés aux fourrages des prairies
naturelles ou des graminées à grosses tiges, surtout
destinés à être ensilés et préfanés.
L'intensité du conditionnement est obtenue par le réglage de la
position d'un écran pivotant situé à l'arrière du
carter.
- Systèmes conditionneurs à doigts
articulés et peignes
Ils comprennent un rotor garni de doigts mobiles
(fléaux tubulaires), lesquels passent entre les dents d'un peigne.
L'intensité du conditionnement est déterminée par
l'interpénétration des doigts du rotor et des dents du peigne. Le
peigne de conditionnement est réversible et son angle d'attaque par
rapport à l'axe du rotor est réglable il comporte d'un
côté des dents à profil large et arrondi pour le traitement
des fourrages délicats ; de l'autre côté, les dents
présentent un arrondi plus aigu pour un conditionnement plus
énergique. Si un corps étranger pénètre dans la
machine, les doigts s'escamotent et le peigne peut s'effacer et reprendre
automatiquement sa place sous l'action d'un ressort de rappel.
- Système «Mat»
Le terme «Mat» (qui signifie «tapis» en
anglais) s'applique à une technique de conditionnement très
violente et agressive qui désagrège la structure des plantes et
forme au sol une sorte de tapis végétal de faible
épaisseur appelé «Mat». Cette action aboutit à
une dessiccation beaucoup plus rapide du fourrage en éliminant les
barrières ou les protections naturelles qui freinent
l'évaporation de l'eau de constitution des cellules des plantes. Alors
que l'action des systèmes de conditionnement classiques est
volontairement limitée pour éviter la perte de jus, l'action du
système «Mat» permet de dépasser largement ce stade en
essorant par pression le fourrage écrasé et en le
réimprégnant des jus extraits. A sa sortie du système de
coupe à fléaux, le flux de fourrage est écrasé par
un conditionneur essoreur à rouleaux. A la sortie de ce conditionneur,
le fourrage est repris par un système de laminoir à rouleaux qui
le plaque au sol (tel un tapis) tout en lui restituant les jus.
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