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Le recours gracieux préalable au Cameroun, trente ans après

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par Grégoire Yves DOUNGUE KAMO
Université de Dschang Cameroun - Master en droit public 2011
  

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SECTION-2 : LES JUSTIFICATIONS DES EXCEPTIONS
À LA RÈGLE DU RECOURS GRACIEUX PRÉALABLE

Les justifications des exceptions à la règle du recours gracieux préalable au Cameroun sont diverses. La dispense du RGP dans les recours contre les décisions de la CDBF découle sans doute de l'instruction dont les dossiers font l'objet devant cet organisme. Pour le reste, ces justifications peuvent être divisées en deux groupes. Le premier groupe rassemble les justifications découlant de la promotion des droits de l'homme et des libertés publiques (Paragraphe 1), tandis que le second groupe tient à la prise en considération des questions électorales (Paragraphe 2).

PARAGRAPHE- 1 : LA PROMOTION DES DROITS DE

L'HOMME ET LIBERTÉS PUBLIQUES

La poussée démocratique a sûrement influé de façon positive sur l'orientation du législateur dans les lois du début des années 90. Ces lois renferment dans certaines de leurs dispositions des dérogations à la règle du recours gracieux préalable comme nous avons pu le relever. Le souci de ces lois était entre autres la promotion des droits de l'homme et libertés publiques.

À la faveur de l'ouverture démocratique au Cameroun, plusieurs lois s'inscrivant dans le cadre de la protection et de la promotion des libertés publiques ont été prises. Il s'agit de la loi n° 90/056 du 19 décembre 1990 sur les partis politiques et la loi n°90 /053 du 19 décembre 1990 sur les associations précitées. Ces dérogations importantes participent, à n'en point douter, à l'affermissement des droits de l'homme et libertés fondamentales. Il va de soi qu'à un moment donné, le recours gracieux préalable est apparu comme une arme tracassière entre les mains de l'Administration. En d'autres termes, il était

une sorte de « mouroir » pour les litiges administratifs. Il en résulte que la sanction d'un droit ou d'une liberté publique violée par les agissements de l'Administration pouvait ne pas être assurée parce le requérant s'était trompé par exemple sur la destination du RGP.

Le droit à un procès équitable est au coeur de la doctrine juridique, et cette question préoccupe au plus haut point les avocats et les plaideurs éventuels ainsi que les magistrats. On ne saurait occulter le fait que « le droit à un procès équitable est un élément central et essentiel de l'État de droit »127. S'il se trouve que le justiciable administré est sacrifié du fait du recours gracieux préalable à l'autel de la bureaucratie administrative, cela pose inévitablement un problème de l'égalité des parties en conflits. Lorsque le juge administratif ne parvient pas à protéger les libertés consacrées du fait du RGP, il y a lieu de s'inquiéter.

C'est la raison pour laquelle sur une matière autant sensible que les libertés publiques, le législateur dispense à certains égards les recourant de l'obligation de former un recours gracieux préalable. Le même raisonnement vaut à quelques exceptions près pour certaines branches du contentieux électoral.

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