1-1-3 Le modèle libéral et la figure du
manager et du médiateur : les emblèmes du travail social
professionnalisé depuis 30 ans
Le courant néo-libéral se défini comme
l'apparition dans les politiques publiques locales, du développement
d'une économie marchande des services jusqu'au sein du secteur social et
médico-social. La loi du 2 janvier 2002, avec notamment la
démarche qualité et les différents
référentiels et labellisations y afférant, constitue les
prémisses d'une nouvelle idéologie gestionnaire, une «
gouvernance, extraordinaire maquillage à l'anglo-saxonne des nouveaux
rapports de pouvoirs ». |CHAUVIERE, 2004, p130]. Un basculement s'est
opéré des valeurs éthiques, non marchandes et
républicaines, vers les valeurs marchandes telles que
l'individualisation de la consommation de service, la concurrence, la
flexibilité, la solvabilité. Le social est ainsi rattrapé
par l'économique et devient, à son tour, marchandise et
« les capacités analytiques et défensives du secteur
social lui-même sont en recul ». [CHAUVIERE, 2004, p135].
On passe de l'idéal de la solidarité nationale
à l'idéal du social rentable (accès aux services à
la personne, au bien-être). Le modèle entrepreneurial s'impose
avec l'État comme partenaire, parmi d'autres, rendant « floues
les limites entre l'Action Sociale et l'économie de service »
[CHAUVIERE, 2004, p208]. C'est la fin du «champ unifié
de l'Action Sociale » [CHAUVIERE, 2004, p212].
La culture du contrat imprègne les services sociaux :
management par objectif, contrats de plans, contrats de villes ou de pays, et
pénètre les pratiques sociales de type « clinique ».
Cette logique ne « fonctionne pas avec les enfants,
le fou, le malade ou le détenu notamment, tout comme les personnes
tenues à l'écart de la société contractuelle »
[CHAUVIERE, 2004, p212]. Ces populations tendant à etre
gérées par la puissance publique plus qu'à etre «
travaillées par le social » pour retrouver une place dans la
société.
Selon l'auteur, Il s'agit plutôt de préserver la
gestion de la paix civile par tous les moyens classiques d'un côté
et, de l'autre, de promouvoir une économie des services sociaux sans
s'obliger nécessairement au bonheur de tous, c'est-à-dire
« en renonçant à la conception de l'intér~t
général et de l'intégration » [CHAUVIERE, 2004,
p.237].
Cette position est nuancée par d'autres auteurs pour
lesquels c'est au dispositif de formation initial et continue des travailleurs
sociaux de s'adapter à cette nouvelle donne. Il se dessine ainsi
« une mutation dans les pratiques de formation : il ne s'agit plus de
seulement traiter la formation des travailleurs sociaux du point de vue des
pratiques pédagogiques4 mais de repenser le mandat qui est confié
aux professionnels de la formation » [JAEGER, 2007, p3].
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