3. Supports d'aide aux stations de moyenne montagne
Il convient ici de s'intéresser aux aides et aux supports
d'observation/aide à la décision proposés par les
différents échelons de pouvoir à ces stations de moyenne
montagne.
- Aides financières
En étudiant les sites institutionnels de la Savoie, des
Hautes Alpes et des aides aux entreprises mentionnés en bibliographie on
comprend le système de subventions pour les stations de moyenne montagne
savoyarde. Ainsi, à l'échelle européenne, les stations de
moyenne montagne de Savoie comme celle d'Arêches-Beaufort sont
concernées par le Programme Opérationnel Interrégional des
Alpes (POIA). Doté de 34.9 millions d'euros, il concerne les zones de
montagne des régions PACA et Rhône-Alpes et se compose de trois
axes :
- Développer durablement la compétitivité
des systèmes valléens autour des stations de moyenne montagne
- Gérer les risques naturels, développer la
mobilisation et l'utilisation du bois énergie et promouvoir
l'efficacité énergétique en montagne
- Assistance technique et communication
Au niveau régional, dès 1995, la Région
Rhône-Alpes a pris l'initiative des contrats « entreprise-station
» qu'elle a ensuite reconduit en 2000 sous la forme des contrats de «
station moyenne » puis, plus récemment des contrats de «
station durable ». Ces contrats concernant la période 2008-2013
visent les territoires et les projets de développement en lien avec les
problématiques des stations de moyenne montagne. Ils reposent sur
quelques principes :
> une réflexion qui intègre tous les aspects du
développement durable
> un développement touristique « quatre saisons
»,
> un projet de stations durables prioritairement pluri
stations,
> une stratégie et des actions innovantes.
On remarque que ces politiques publiques défendent le
principe de la diversification, mais ne proposent finalement que peu de pistes
d'action pour le concrétiser. Celles-ci doivent, en effet,
émerger des négociations préalables à la signature
des contrats de développement.
Au niveau départemental, le Conseil
Général de la Savoie a récemment mis en place son propre
dispositif avec le Plan Tourisme en mobilisant des moyens importants (sur la
base d'une vente de foncier à Courchevel et de la cession d'une part de
ses actions au sein de la S3V). Plus de la moitié (près de 62 %)
des financements réunis sont ainsi destinés à être
investis dans le domaine de la diversification estivale sans précision
des types de stations concernés. L'enveloppe réservée
à l'hiver, si elle laisse la priorité aux domaines skiables (25 %
du budget global) réserve néanmoins près de 13 % des
crédits au bénéfice spécifique des stations de
moyenne montagne.
- Aides à la décision
La volonté à l'échelle européenne
de mieux comprendre et de répondre à ces enjeux pour le tourisme
alpin a abouti à la création du projet ClimAlpTour. Ce projet,
intitulé « Le changement climatique et son impact sur le tourisme
dans l'Espace Alpin », a pour objectif d'identifier des stratégies
d'adaptation pertinentes pour les sites touristiques alpins. Il est
porté par 18 partenaires de 6 pays alpins - Allemagne, Autriche, France,
Italie, Slovénie et Suisse. Les 23 sites pilotes retenus à
travers l'Arc Alpin offrent un panel de situations très
hétérogènes : ainsi la superficie des sites va de 30 km2
(Les Gets, France) jusqu'à 1.000 km2 (Upper Soca Valley,
Slovénie). L'importance du tourisme dans les sites pilotes est aussi
très variable. Notons aussi la forte
hétérogénéité des situations du point de vue
de l'administration des sites pilotes et des territoires concernés.
Mais la valeur du projet portera surtout sur le partage des
expériences et des activités dans les divers sites pilotes.
Même si les contraintes et les conditions dans chaque site ne sont pas
directement comparables, il sera intéressant d'examiner de près
les réactions des différents sites face aux enjeux touristiques
et climatiques et les stratégies qu'ils favorisent pour s'adapter aux
changements.
Emmanuelle Marcelpoil (2008) explique que les trajectoires
d'évolution sont très diversifiées. En effet, elle
évoque la traditionnelle césure entre stations d'altitude et
stations de moyenne montagne : « à la césure a priori
renforcée par le débat sur le changement climatique, vient se
substituer une variété de catégories de stations »
(Emmanuelle Marcelpoil, 2008). Ainsi on comprend que les stations de moyenne
montagne sont loin d'être identiques. Historiquement perçues comme
antithèses des stations intégrées, rationnelles, et
pourtant
non rentables, certaines stations de moyenne montagne
présentent une image plus favorable, marquée par une
variété de ressources naturelles, patrimoniales et culturelles.
Ces ressources peuvent être mobilisées dans des stratégies
d'adaptation.
Nous avons donc compris l'importance du secteur touristique
montagnard et sa place primordiale dans l'économie régionale. Les
facteurs extérieurs assez alarmants qui touchent en premier lieu les
destinations de moyenne montagne associés au fait que nombre de ces
stations calquent souvent leur fonctionnement et leur communication sur les
stations de haute montagne laissant ainsi de côté leurs
spécificités durables expliquent l'adaptation nécessaire
de la moyenne montagne. Malgré le peu d'aides proposées, les
autorités publiques semblent pourtant commencer à prendre
conscience de ce problème. Des aides financières et supports
d'aide à la décision sont désormais disponibles. En dehors
de ces aides extérieures, les stations concernées doivent
entreprendre une réflexion individuelle autour de leurs ressources
personnelles afin de changer de stratégie et retrouver un second
souffle. La théorie des ressources et compétences
représentant une stratégie bâtie autour des avantages
identitaires semble être adaptée au contexte, nous allons donc
nous y intéresser.
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