2. Le tourisme de montagne et ses difficultés -
Concurrence des destinations
Dans le contexte actuel où les nouveaux comportements
et attentes influent sur l'offre, on voit l'industrie et les
déplacements touristiques se développer et de nouvelles
destinations entrer directement sur le marché mondial du tourisme.
Ainsi comme l'indiquent Isabelle Frochot et Patrick
Legohérel dans Le Marketing du Tourisme, en 2009, 877 millions
de déplacements ont été observés et l'OMT
prévoit une croissance moyenne de 2010 à 2020 de 4.4% pour
atteindre 1.6 milliard de déplacements internationaux en 2020.
Le tableau de l'OMT présenté ci-après
représente bien cette hausse :
Figure 3 : Evolutions des arrivées de touristes
internationaux - OMT
Concernant ces nouveaux pays touristiques, l'ouvrage
Marketing du Tourisme nous livre des informations
intéressantes. Ainsi, on apprend qu'au cours des 10 dernières
années, les pays qui ont connu le plus fort développement sont
situés principalement dans la zone Asie - Pacifique et plus
récemment dans le Golfe Persique. En Asie, l'essor est en partie
lié au développement économique des pays. Ces derniers
(Thaïlande, Malaisie, Hong-Kong, Indonésie...) disposent de fortes
ressources naturelles et culturelles. Outre ces ressources, ces pays ont su
s'imposer grace à une qualité de services très
élevée ainsi que des positionnements forts pour s'adapter aux
marchés ciblés (tourisme de shopping à Singapour, resorts
de luxe aux Maldives...). L'exemple de croissance le plus frappant est celui de
la Chine. En 2010, le pays se situe en quatrième position en termes
d'arrivées internationales et devrait être prochainement la
première destination internationale avec une perspective de 130 millions
de visiteurs internationaux en 2020 contre 53 millions en 2008. Plus
récemment, les pays du Golfe Persique et plus spécifiquement les
Emirats Arabes, Oman, Bahreïn se développent très
rapidement. Les Emirats Arabes sont le leader incontesté dans la
région, ils ont, en effet, engagé un investissement massif dans
le tourisme afin de diversifier leur économie. Les produits sont
essentiellement situés à Dubaï. Ils ne sont basés que
sur l'excès et l'extravagance. On peut donc trouver un dôme de
ski, des festivals de shopping ou
encore des matchs de polo en plein désert. L'Inde,
l'Afrique (hormis les pays du Maghreb), l'Asie et l'Amérique du Sud sont
très prometteurs et pourraient devenir de véritables destinations
touristiques lorsque leurs infrastructures seront suffisamment
développées.
- Changement climatique
Concernant le changement climatique en montagne, le rapport
Le tourisme face au changement cimatique publié en 2011 par
CIPRA International est un outil intéressant. Nous étudierons les
effets du changement climatique par saison.
HIVER
A l'avenir, il faut s'attendre à ce que le tourisme
alpin lié au ski se concentre sur les sites les plus propices. Selon une
étude de l'OCDE (Abegg et al. 2007), on peut considérer que 91%
des domaines skiables des Alpes bénéficient actuellement d'un
enneigement naturel sUr. En cas de réchauffement climatique moyen de
+1°C, ce chiffre tomberait à 75%. Pour un réchauffement de
+2°C, il se monterait à 61% et pour 4°C, il ne serait plus que
de 30%. Ces prévisions sont illustrées dans le tableau
présenté ci-dessous. On observe des disparités importantes
tant au niveau national qu'au niveau régional. Globalement, les
régions situées dans les Préalpes seront touchées
plus tôt et plus fortement que les régions en altitude.
Pays
|
Nombre de
domaines skiables
|
Enneigement sûr
aujourd'hui
|
+1°C
(=2025)
|
+2°C
(=2050)
|
+4°C
(=2100)
|
Allemagne
|
39
|
27
|
11
|
5
|
1
|
France
|
148
|
143
|
123
|
96
|
55
|
Italie
|
87
|
81
|
71
|
59
|
21
|
Autriche
|
228
|
199
|
153
|
115
|
47
|
Suisse
|
164
|
159
|
142
|
129
|
78
|
Total
|
666
|
609
|
500
|
404
|
202
|
Figure 4 : Nombre de domaines skiables bénéficiant
d'un enneigement naturel sûr dans les conditions climatiques actuelles et
futures - Jacob et Al.2007
ÉTÉ
Les scénarios climatiques régionaux font
état de conséquences aussi bien négatives que positives
pour le tourisme d'été dans les Alpes.
Les répercussions négatives concernent la
modification des paysages, la fonte des glaciers, le dégel du permafost,
la sécheresse, la pénurie d'eau ainsi qu'une hausse potentielle
des risques de catastrophes naturelles.
D'un point de vue plus positif, les Alpes pourraient devenir
plus attrayantes sur le plan climatique car les prévisions
météorologiques prévoient une amélioration du
climat estival et un prolongement de la saison. Du fait que les destinations
concurrentes risquent de perdre leur attrait climatique comme la
Méditerranée en raison des canicules, pénuries d'eau..,
les Alpes pourraient être perçues comme une destination refuge
contre la chaleur estivale.
L'économie liée aux sports d'hiver fait donc
face à une vulnérabilité due en partie aux aléas
climatiques et à la globalisation du secteur touristique. L'enjeu est
donc de dépasser une vue du très court terme qui consiste
essentiellement à envisager de compenser les mauvaises saisons par les
bonnes. Cette définition de l'enjeu est complété par Sarah
Rutter et Véronique Peyrache-Gadeau pour qui il s'agit de : «
sauvegarder une économie alors qu'elle est encore dominante, tout en
raisonnant sur des changements qui devraient les amener à se transformer
profondément. Car le défi véritable est celui de savoir
anticiper et répondre à ce qui est devenu une injonction à
l'adaptation ».
De plus, cette réalité s'impose tout
particulièrement aux stations de moyenne montagne (Dur'Alpes, 2010). En
effet, elles se sont construites et communiquent dans la continuité du
modèle des stations d'altitude, elles en présentent une forme
moins aboutie, sont moins rentables et sont, comme nous l'avons expliqué
plus haut, bien plus exposées aux aléas climatiques. La
nécessité d'adaptation semble donc plus pressante pour ces
stations.
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