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Les problèmes liés au recouvrement des impôts de grandes entreprises dans le cadre de la décentralisation financière en R.D Congo: cas de la province orientale de 2006 à  2008

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par Patrice - Thomas AKALA NDJOKU
Université de Kisangani, Congo - licence en droit 2008
  

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2) Octroi de la personnalité juridique et ses conséquences

Il est vrai que le constituant dote les provinces et ETD de la personnalité juridique. Ainsi que nous l'avons déjà dit, l'article 2 alinéas 1 de la constitution du 18 février 2006 dispose que la RD Congo est composée de 25 provinces plus la ville de Kinshasa. L'alinéa 2 du même article les énumère comme nous l'avons indiqué ci haut.

L'article 226 quant à lui dispose que les nouvelles provinces et entités territoriales décentralisées entreront en vigueur endéans les trente six mois qui suivront l'installation effective des institutions politiques prévues par la présente constitution dans les dispositions de l'alinéa 1er de l'article 2. En attendant l'entrée en vigueur de ces nouvelles provinces et ETD, nous pouvons confirmer la personnalité juridique des anciennes provinces et de la ville de Kinshasa, des territoires et des communes pour la ville de Kinshasa conformément au décret-loi n° 018/2001 du 28 septembre 2001 qui modifie et complète le décret loi n*081 du 2 juillet 1998 portant organisation territoriale et administrative de la RD Congo dans son article 7.

La conséquence directe de la personnalité juridique est logiquement l'autonomie financière. C'est dans cette logique que l'article 3 alinéa 3 de la constitution affirme que les provinces et les ETD jouissent de la libre administration et de l'autonomie de gestion de leurs ressources économiques, humaines, financières et techniques.

Ici encore il faut rappeler que l'autonomie financière doit être la règle au deuxième niveau de la décentralisation, c'est-à-dire entre les provinces et les ETD. Mais le constituant n'a consacré que la décentralisation financière entre l'Etat et les provinces.

Ainsi la question de l'autonomie financière des ETD demeure d'actualité. Car ces dernières estiment être privées des 40 % des recettes à caractère national allouées aux provinces.

A vrai dire, la crainte formulée au sujet de la gestion centralisée des ressources par le pouvoir central se répercute également dans les rapports entre les provinces et les ETD.

3°) Des élections des membres des organes de ces collectivités

Ce troisième caractère est satisfait à moitié car seuls les organes des provinces ont été élus. Ceux des ETD continuent à être nommés par les ordonnances présidentielles.

Il découle donc de cette analyse que la décentralisation territoriale en RDC est encore dans un état embryonnaire. Beaucoup reste à faire. Car sans élections des organes des ETD et sans une autonomie financière véritable, l'objectif visé risque d'être une utopie.

B. La décentralisation financière

Le but de notre étude est l'analyse de la thèse selon laquelle la décentralisation financière est l'antithèse du recouvrement des impôts de grandes entreprises.

En effet, contrairement aux autres Etats qui ont posé le principe de la répartition des ressources publiques entre le pouvoir central et les provinces dans le cadre du fédéralisme sans en déterminer la clé de répartition, le constituant de 2006 est allé plus loin dans les dispositions de l'article 175 de la constitution. Il convient donc avant de se prononcer sur l'application ou non de la décentralisation financière de rappeler les principes directeurs de la gestion des ressources publiques découlant de l'analyse constitutionnelle et légale.

Nous pouvons, après analyse, distinguer trois principes directeurs de la gestion des ressources publiques qui sont :

1. Le principe de la conservation : ce système permet au pouvoir central de percevoir à son profit les droits de douanes, les impôts cédulaires sur les revenus, l'impôt sur le chiffre d'affaires, les accises, les taxes et redevances administratives et judiciaires, domaniales et de participation.

2. La cession : d'après ce système, l'Etat perçoit pour le compte des collectivités des impôts « réels » tels que l'impôt foncier, l'impôt sur les revenus locatifs des personnes physiques et morales non commerçantes, l'impôt sur les concessions minières et les hydrocarbures, l'impôt sur les véhicules (vignette), la taxe de circulation routière, la taxe de consommation sur la bière, le tabac et sur la téléphonie cellulaire.

3. La renonciation : avec ce système de gestion, le gouvernement élabore une liste en principe limitative des impôts auxquels il renonce. Cette liste est déterminée par le décret-loi de 1998.

A la lumière de la loi, nous pouvons classifier les ressources financières de la RD Congo en trois catégories dont les recettes à caractère national, les recettes exceptionnelles et les recettes propres aux provinces et ETD.

S'agissant des ressources provenant des recettes à caractère national, nous pouvons dire que l'Etat les a conservées. Ces recettes sont :

- Les recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participation ;

- Les recettes des douanes et accises ;

- Les recettes provenant des impôts des grandes entreprises, des produits pétroliers.

Ainsi pour percevoir cette première catégorie d'impôts, l'Etat a créé les régies financières suivantes qui s'occupent, selon l'ordre, des recettes ci-dessus : la Direction Générale des Recettes Administratives et Domaniales (DGRAD) ; l'Office des douanes et accises (OFIDA) et la Direction Générale des impôts (D.G.I) avec un organe particulier chargé de recouvrer les impôts des grandes entreprises, la D.G.E.

Concernant les ressources exceptionnelles, on compte les emprunts extérieurs (conservation car effectué par l'Etat), les emprunts intérieurs (renonciation car de la compétence des provinces) et la caisse de péréquation constituée de 10 % des recettes à caractère national (principe de la conservation).

Quant aux ressources propres des provinces et ETD, le principe de la renonciation prime car l'Etat y a renoncé au profit de ces collectivités. Après cette analyse, nous pouvons affirmer, sans peur d'être contredit, que la décentralisation financière soulève des problèmes :

- Premièrement, concernant la conservation nous pouvons nous demander si elle concerne seulement l'établissement et la perception de ces ressources ou encore leur disposition ;

- Deuxièmement, la cession pose problème au regard de la retenue à la source tant des recettes à caractère national que de certains impôts auxquels le pouvoir central a renoncé au profit des provinces ;

- Troisièmement, la renonciation est-elle totale ou partielle du point de vue de l'établissement, du recouvrement et du contrôle ?

Nous tenterons de donner les solutions à ces problèmes au paragraphe consacré à la souveraineté fiscale. Mais en attendant, que dire de la décentralisation financière actuellement en RD Congo ?

Trois ans après la promulgation de la constitution, les dispositions relatives à la décentralisation financière ne sont pas encore mises en application. Le tableau de la décentralisation financière est tout au rouge.

Les gouverneurs de province n'ont cessé d'accuser le pouvoir central de « méconnaître » leurs droits, notamment celui en rapport avec la retenue à la source de 40 % des recettes à caractère national. La question était encore à l'ordre du jour de la dernière conférence des gouverneurs de province tenue du 24 au 25 juin 2009 à Kisangani.

Aucune résolution sérieuse n'a été prise au cours de ces assises, si ce n'est la suggestion des gouverneurs au gouvernement central de l'institution d'un ordre de paiement permanent auprès des succursales de la Banque Centrale pour faciliter le paiement au profit des provinces.

Il est vrai que plusieurs préalables s'imposent pour la mise en application de la décentralisation financière, tel que l'encadrement des sources financières de chaque province, mais il est aussi vrai que les acteurs politiques ne comprennent pas les enjeux de cette décentralisation et freine le processus.

Par ailleurs, on constate que l'article 220 alinéas 2  interdit toute révision constitutionnelle ayant pour objet ou pour effet de réduire les prérogatives des provinces et ETD. La machine a été verrouillée. Il n'y a donc pas d'autre mécanisme que l'application de la décentralisation financière.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry