B. La qualité de l'enseignement de base.
On va examiner le taux de scolarisation (a) et le taux de
réussite (b). a) Le taux de scolarisation.
Le rapport de la Banque Mondiale de 2005 explique d'une part
que, l'augmentation des effectifs scolaires constatée entre la fin des
années 1980 et la fin des années 1990 a fait suite à une
décélération durant dix années
précédentes, marquées par la crise économique et
l'ajustement structurel, tandis que la période d'entre 1995-2002 a
été marquée par un ralentissement de cette augmentation
dans le secondaire et par un recul dans le primaire.
D'autre part, une part de l'accroissement des
établissements s'explique par la généralisation du
système de double vacation (une partie d'élèves suivent
les cours le matin, l'autre l'après-midi) lequel, lorsqu'il est
appliqué dans un même bâtiment, implique que ce dernier est
compatible deux fois dans les statistiques qui suivent.110
109 14. RDC, Idem., p. 32.
110 Banque Mondial, op.cit., p.118.
Taux bruts de scolarisation par province et genres. Province
Primaire
|
Garçons
|
Filles
|
Total
|
KINSHASA
|
57%
|
58%
|
42%
|
BAS-CONGO
|
81%
|
68%
|
74%
|
BANDUNDU
|
85%
|
71%
|
78%
|
EQUATEUR
|
52%
|
40%
|
46%
|
KASAI ORIENTAL
|
87%
|
63%
|
74%
|
KASAI OCCIDENTAL
|
59%
|
39%
|
49%
|
KATANGA
|
46%
|
34%
|
40%
|
MANIEMA, SUD KIVU ET NORD KIVU
|
94%
|
66%
|
80%
|
PROVINCE ORIENTALE
|
64%
|
49%
|
57%
|
TOTAL
|
72%
|
56%
|
67%
|
Il appert de ce tableau que le taux d'accès à
l'éducation primaire reste faible, puisque le taux net de scolarisation
primaire est de 15% et le taux brut de 60%.
Les chiffres ci-avant masquent sans doute d'importantes
inégalités entre les provinces, les sexes et les revenus des
parents.
Le rapport sous examen indique que, pour le primaire, le taux
global de scolarisation est plus élève dans les deux Kivu, le
Maniema, le Bandundu, le Kasai-oriental et le Bas Congo que dans le Katanga,
l'Equateur, le Kasaï occidental, la Province orientale et la ville de
Kinshasa.111
Cependant, il existe une différence significative du
taux de scolarisation primaire entre les riches et les pauvres, notamment du
fait que les frais scolaires sont majoritairement pris en charge par les
parents d'élèves. Les enfants des parents pauvres sont en outre
scolarisés tardivement et ont tendance à abandonner. De nombreux
d'enfants sont contraints de rester en dehors de l'école ou d'attendre
dans une salle annexe pour la simple raison que leurs parents n'ont pas
payé la prime.
Le rapport de la Banque Mondiale indique que si les enfants
des parents riches ont tendance à s'inscrire à l'âge
prévu, ils ont également tendance à redoubler et à
rester plus long temps à l'école, ce qui fait que près du
tiers des enfants qui ont dépassé l'âge officiel en fin de
cycle primaire font partie du quintile le plus riche. Globalement,
l'inégalité d'accès
111 Banque Mondiale, Idem, p.118
entre les riches et les pauvres se situe principalement entre les
40% les plus riches et 60% les plus pauvres, ce qui correspond partiellement au
clivage villes/ Campagnes.112
b). Le taux de réussite.
Les taux de réussite de l'enseignement de base en RDC
demeure quant à lui faible. Les données de 2001-2002 montrent un
taux de redoublement allant de 11 à 17% selon les données et un
taux d'abandon allant de 9 à 20%, tandis que seulement 14% des
élèves qui entrent en primaire obtiennent le certificat de fin
d'études primaires sans redoublement.113
Il relève cependant que les taux d'échec
officiels sont sous-évalués étant entendu que les
délibérations permettent de faire passer juste au dessus des 50%
des élèves qui ont en réalité
échoués.114 Les tableaux qui suivent retracent
davantage la réalité énoncée dans les lignes
précédentes.115
Taux brut et net de scolarisation primaire par indice de richesse
Indice de richesse Taux bruts Taux nets
Quintile I (20% les plus pauvres) 80% 39%
Quintile II 80% 39%
Quintile III 86% 45%
Quintile IV 104% 57%
Quantile V 127% 81%
|
Taux de dédoublement et d'abandon du primaire.
Années 1ère 2ème
3ème 4ème 5ème
6ème
|
|
1977-78 Taux de 21% 20% 21% 19% 18% 15%
redoublement
Taux 20% 4% 10% 8% 5% -
d'abandon
1986-87 Taux de 19% 18% 22% 19% 17% 13%
dédoublement
Taux 18% 6% 8% 9% 9% -
d'abandon
200-01 Taux de 17% 16% 16% 15% 14% 11%
dédoublement
Taux 19% 9% 9% 12% 11% 20%
d'abandon
|
|
|
|
112 Banque Mondiale, Ibidem.
113 Banque Mondiale, op.cit., p. 120.
114 C'est nous qui soulignons des réponses reçues
de la part de la Division provinciale de l'EPSP.
115 Banque Mondial, Ibidem.
55 Section 3ème : L'Etat
d'avancement par rapport au 2ème OMD en RDC.
Pour rendre effectif le deuxième OMD en RDC, il est
plus important de tenir compte de son interdépendance par rapport aux
autres contenus dans la Déclaration du Millénaire. L'on peut
considérer que les obstacles à l'éducation sont aussi bien
liés à la pauvreté et aux inégalités
sociales (objectif 1), à l'accès aux soins de santé
(objectif 4, 5 et 6), à l'eau et aux infrastructures sanitaires
confortables (objectif 7), tandis que ces obstacles renforcent la
discrimination de genre (objectif 3) en touchant en priorité les
filles.
Cela étant, nous allons, d'entrée de jeu,
examiner les obstacles susceptibles d'entraver l'effectivité du droit de
l'enfant à l'éducation en RDC (§1), avant d'envisager les
solutions préconisées par la République
Démocratique du Congo et les OI du système de l'ONU
engagées dans cette lutte (§2).
§1. Les obstacles susceptibles d'entraver
l'effectivité du droit de l'enfant à
l'éducation en RDC.
Au-delà du contexte de la guerre et celui de
l'instabilité politique 116 il existe des obstacles à
caractère social (A) et d'autres liés aux mécanismes
actuels de protection des droits économiques, sociaux et culturels
(B).
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