Section 2ème : Analyse contextuelle du droit de
l'enfant à l'éducation en RDC.
La présente section passe en revue la scolarisation en
général (§1), et aborde les conditions et la qualité
de l'enseignement (§2).
Pour la Banque Mondiale, la RDC est un pays dont la population
est jeune (48% de la population à moins de 15 ans et 67% a moins de 25
ans) et dont près du tiers vit dans les zones urbaines.91
Au plan général, on peut subdiviser le
système éducatif congolais en trois, à moins qu'on y
ajoute le cycle préscolaire qui existe en théorie mais qui n'est
réservé qu'à une minorité d'enfant des zones
urbaines. L'UNICEF considère que la participation aux programmes
d'éducation maternelle « en RDC » ne concerne que 3% d'enfant
de 3 à 4 ans révolus ; presque tous sont issus des ménages
les plus riches des centres urbains et des mères les plus
instruites.92 Et portant, l'art. 16 de la Loi-cadre de
l'enseignement national dispose que : « L'enseignement national est
organisé en enseignement maternel, enseignement primaire, enseignement
secondaire, enseignement supérieur et enseignement universitaire ».
La même Loi indique que l'enseignement maternel a pour but d'assurer
l'épanouissement de la personnalité de l'enfant par une action
éducative en harmonie avec le milieu familial et social. Il concourt
essentiellement à l'éducation sensorielle, motrice et sociale de
l'enfant et vise à le rendre apte à suivre l'enseignement
primaire.93
Toutefois, le législateur Congolais a pris soins
d'indiquer que l'enseignement maternel est facultatif.94 Cela nous
amène à examiner, brièvement, le cycle d'enseignement
primaire (A), le cycle d'enseignement secondaire (B) et le cycle d'enseignement
supérieur
(C).
A. Le cycle d'enseignement primaire.
Le présent cycle dure six années,
divisées en trois degrés de deux ans chacun, et est
ponctué d'un certificat d'étude primaires sur base des
résultats obtenus en classe et à l'issu d'un Test de fin
d'études primaires (voir art. 20 à 22 de la Loi-cadre).
B. Le cycle d'enseignement secondaire.
91 Banque mondiale, op.cit, p. 12.
92UNICEF, Enquête National sur la situation
des enfants et des femmes en RDC, Rapport synthèse MICS2/2001,
p. 6
93 Art.17 de la Loi- cadre.
94 Voir art.18 in fine.
Il est prévu aux art. 24 à 26 de la Loi-cadre de
l'enseignement national. Il dure six années, divisées en un troc
commun de deux ans et en un second degré de quatre ans qui introduit une
distinction entre trois sections (générale, pédagogique ou
technique) : c'est ce qui ressort de l'art. 24 de la Loi-cadre qui dispose que
: « L'enseignement secondaire comprend :
· Des Ecoles d'Arts et métiers dont la durée
d'études est de trois ans ;
· Des Ecoles Normales à durée d'études
de quatre ans et de six ans ;
· Des Ecoles professionnelles à durée
d'études de cinq ans ;
· Des Humanités générales et
techniques dont la durée d'études est de six ans ».
Au cours des années passées, il était
également possible de suivre un cycle cours de quatre ans d'enseignement
professionnel après le cycle primaire. Quant aux détenteurs du
diplôme d'Etat d'études secondaires du cycle long, ils ont
accès au cycle d'enseignement supérieur ou universitaire.
C. Le cycle d'enseignement supérieur et
universitaire
Le cycle d'enseignement supérieur est divisé en
un premier cycle de trois ans (graduat) et un second de deux ans (Licence). Il
est organisé par les art. 27 et suivants de la Loi-cadre.
L'art. 27 prévoit que : «l'enseignement
supérieur comprend des instituts supérieurs techniques et
pédagogiques». Toutefois, il est dit que les instituts
supérieurs et techniques ont pour but de former des cadres
spécialisés dans le domaine des sciences, des techniques
appliquées, des arts et métiers.95 L'enseignement
universitaire quant à lui poursuit comme but d'assurer la formation des
cadres de conception dans tous les secteurs de la vie nationale.96
Toutefois, la grande difficulté se pose au niveau de la formation,
étant donné que les enseignants sont mal payés à
ces jours et se rabattent sur les parents ; ce qui diminue la qualité
d'enseignement dans les institutions publiques.
95 Art.28, al.2, litera a de la Loi-cadre.
96Art.31, litera a de la Loi-cadre.
Cela amène certains chefs de ménage de porter
leur préférence sur l'enseignement privé où ils ont
l'impression d'obtenir de ces établissements privés un
enseignement de qualité pour leurs enfants. Ceci s'inscrit dans le fait
que l'enseignement national comprend les établissements publics et les
établissements privés agréés.97 Les
établissements privés agréés sont ceux
créés à l'initiative des privés, personnes
physiques ou morales, gérés par eux-mêmes et soumis au
contrôle des pouvoirs publics. Ils ont les mêmes programmes
d'enseignement national que les établissements publics. Examinons, dans
un deuxième paragraphe, les conditions et la qualité de
l'enseignement de base en RDC.
§2. Les conditions et la qualité
d'enseignement élémentaire en RDC. A. Les conditions
de l'enseignement.
Nous allons parler des conditions des enseignants (a), avant
d'aborder la question relative au matériel et infrastructures scolaires
(b).
a). Les conditions des enseignants.
Depuis les années 1990 qui ont succédées
à la période dite d'ajustement structurel de 1983, le salaire des
enseignants est devenu un problème majeur du système
éducatif congolais. Si on ne prend en compte que la partie du salaire
pris en considération, l'enseignant du primaire le moins gradé
touchait moins de cinq (5) dollars américains par mois il y a deux ans,
et touche depuis 2008, 30.953 FC, soit 52 $ US.98 A ce salaire de
base s'ajoute à Kinshasa une prime de logement (de 2.500 FC congolais,
soit moins de 5 $ US actuellement) et de transport (de 9.202 francs congolais,
soit 15,8 $ US à ces jours). Cette rémunération est
complétée par les contributions des parents, primes, qui
diffèrent d'une école à une autre. La latitude
laissée aux gestionnaires d'écoles dans la fixation des frais de
prime, a créée ce dernier temps un problème sérieux
dû au fait que les frais ont triplés ou quadruplés pour
certaines écoles de la ville de Bukavu au cours de l'année
scolaire 2008-2009 au mépris de l'Arrêté
interministériel portant fixation des frais scolaires à percevoir
au sein des écoles primaires publiques, tel que complété
par l'Arrêté du Gouverneur de province portant fixation des frais
de scolarité des élèves dans les écoles publiques
et privées agréées pour l'exercice scolaire 2008-2009.
97 Lecture combinée des art. 43 al. 2 de la
Constitution et 6, al. 1er de la Loi-cadre de l'enseignement.
98 Informations fournies par le SYECO.
L'art. 1er de l'Arrêté
interministériel prévoit que : « Les frais autorisés
à être perçus dans les établissements publics
d'enseignement primaire sont: le minerval, la prime d'assurance, les frais des
pièces scolaires (bulletin, la fiche d'identification, la carte
d'élève), les frais d'administration ainsi que les frais des
épreuves de fin de cycle primaire (TENAFEP) ». La lecture de l'art.
3 indique que tous ces frais ne peuvent dépasser 1600 FC. La
perception de la prime des parents figure à cet effet hors des frais
prévus par les ministres et demeure à ce jour
illégale.99 Les syndicats pensent que la prime est
devenue un bouclier pour les autorités et un rempart pour les
gestionnaires scolaires. Dans une lettre du Ministre de l' EPSP adressée
aux chefs des divisions, il est rappelé dans le point relatif à
la perception des frais, qu'en dehors des frais fixés par
l'Arrêté ci-contre, la perception de tout autre frais est
strictement interdite, notamment (...) des frais de motivation des enseignants
(...)100 Pour rendre effective toutes ces décisions, le
Ministre de l'EPSP a pris l'Arrêté portant création de la
Commission Provinciale Permanente de l'EPSP.101 Cette commission a
pour mission d'émettre des avis sur des mesures d'organisation visant le
bon fonctionnement du système éducatif, notamment en ce qui
concerne :
· La planification, les infrastructures scolaires, la
population scolaire, le personnel administratif, l'enseignant et ouvrier de
l'école, le patrimoine, le partenariat éducatif et le financement
de l'éducation ;
· De faire exécuter et appliquer les directives
et instructions officielles en matière d'éducation par et dans
toutes les structures du secteur de l'enseignement primaire secondaire et
professionnel ;
· D'assurer le suivi de toutes les directives et
instructions officielles.
Cette commission concrétisée par le Gouverneur
de Province, le 13 février 2008,102 vient à peine de
mettre sur pied son ROI en juillet 2008 et vient de tenir sa première
réunion ; ce qui fait qu'elle n'a même pas été
consultée pour le budget provincial de 2009.
Toutefois, l'on remarque que les montants
disponnibilisés par les pouvoirs publics marquent d'importantes
inégalités entre les villes et les campagnes et, surtout, entre
Kinshasa et l'intérieur du pays: c'est la problématique de
l'épineuse question des zones
99 C'est nous qui soulignons.
100 Lettre du Ministre de l'EPSP n° MIIEPSP/CABMIN/001/2007
du 21 juin 2007, point 3 « des perceptions prohibées ».
101 Arrêté n° 0342/2007 du 16 juin 2007 portant
création de la Commission Provinciale Permanente de l'EPSP.
102 Voir la notification du Gouverneur de province du Sud-Kivu
n° 01/079/CAB/GOUPRO-SK/2008 adressée à Monsieur le Chef de
Division de l'EPSP.
salariales. Depuis lors, les syndicalistes en ont fait leur
lutte. Les enseignants des zones rurales n'ont en effet aucune prime de
logement. Seulement, une prime forfaitaire de 1.000 francs congolais (soit 1,7$
US) pour le transport leur est allouée. En moyenne, il y a deux ans, les
enseignants hors Kinshasa touchaient un salaire qui représentait
l'équivalent du tiers de celui versé à Kinshasa et qui
représentait généralement moins de 10 dollars par mois.
Cependant, ces montants, aussi faibles soient-ils, sont eux-mêmes
théoriques, car leur payement est depuis de longues années
irrégulier. Cela a amené le Ministre de l'EPSP à mettre
sur pied une Circulaire interdisant formellement la retenue des salaires des
enseignants.103 Selon l'entrevue nous accordée par les
syndicalistes du SYECO, leur lutte a abouti à des meilleurs
résultats : depuis avril 2008, les enseignants sont payés
régulièrement malgré le caractère insuffisant de
l'enveloppe salariale.
Pour mieux cerner la question, il échet de comprendre
les tenants et les aboutissants liés au retard de la mise en oeuvre de
la décentralisation (1), et la non application du barème de MBUDI
(2).
1. Le retard dans la décentralisation.
La retenue à la source de 40% des recettes
générées par la province n'a pas été
effective à cause du retard observé dans la mise sur pied de la
Loi n° 08/012 du 31 juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs
à la libre administration des provinces. Cette Loi est venue renforcer
les prescrits des articles. 203 et 204 de la Constitution en
déférant certains aspects de l'enseignement et la santé
à la charge de la Province. C'est désormais la province qui va
résoudre la question des zones salariales ainsi que la
mécanisation des certaines écoles et des certaines unités
de l'EPSP. En attendant l'application du budget 2009 de la province qui viendra
concrétiser les prescrits de cette Loi, ce domaine continu à
relever du Ministère national de l'EPSP. Pour essayer d'améliorer
les conditions des enseignants, il a été créé un
fonds de promotion de l'Education Nationale par le Décret n° 06/015
du 23 mars 2006. Ce fonds est appelé à appuyer la
rémunération de l'Enseignement Primaire, Secondaire et
professionnel en plus des autres attributions rentrant dans son domaine
d'action. Mais en attendant, l'application du barème de MBUDI
s'avère d'une importance capitale.
103 Circulaire interministérielle n°
MINIEPSP/003/2007 du 28 Octobre 2007 portant interdiction formelle de retenue
sur les salaires des enseignants.
2. La non-application du barème de MBUDI.
Cette convention collective conclue entre le Gouvernement et
les Syndicats signé le 12 février 2004 est intitulée
« Contrat social de l'innovation entre: le Gouvernement et les
syndicats de l'administration publique et interprofessionnels
».
Son art. 1er dispose : « Le Gouvernement
s'engage à respecter la base salariale mensuelle de 208$ US pour le
Huissier et de 2.080$ US pour le Secrétaire Général de
l'Administration publique qui a fait l'objet d'un accord antérieur entre
les syndicats et le Gouvernement de la République le 11 septembre 1999
par la Commission paritaire au centre Kimbaguiste et qui a été
endossée par le Protocole d'accord le 29 mai 2001 au salon rouge du
Ministère des affaires étrangères ». Pour son
effectivité, les parties se sont accordées sur le principe de la
mise en oeuvre de cet objectif en termes des paliers. En plus, elles ont
été favorables à la mise sur pied d'un comité de
suivi de l'exécution de deux autres paliers restants, notamment à
l'occasion des revues du budget en juin et octobre 2004.
Mais en réalité, cette convention qui est
restée lettre morte jusqu'à présent ne visait qu'une celle
chose, à savoir, permettre au gouvernement de gagner la confiance des
syndicats et de ce fait, arrêter les grèves
déclanchées par l'intersyndical sur toute l'étendue du
territoire national, situation qui discréditait déjà le
Gouvernement de transition au plan international. Cela se remarque à
l'art. 5 qui dispose que : « Les syndicats de l'Administration Publique
s'engagent à mettre fin à la grève générale
déclanchée en date du 09 février 2004 et à observer
ainsi la trêve sociale durant toute la période de transition par
l'entremise du comité de suivi moyennant le respect des accords
prévus aux articles 3 et 4 ».
La meilleure illustration est donnée par le
négociateur en chef du Gouvernement, à savoir le
Vice-président en charge de la Commission gouvernementale sociale et
culturelle, qui, après le barème de MBUDI, a dirigé et
préfacé le Plan d'action national de l'éducation pour tous
en 2005. Ce plan indique, quant aux priorités du Gouvernement de
transition pour les 3-4 prochaines années que : « dans la
situation actuelle de la RDC, il est malheureusement peu probable que le pays
puisse atteindre l'objectif de développement pour le millénaire
d'éducation universelle d'ici 2015 ou éliminer les
disparités entre les sexes dans l'enseignement primaire et secondaire
d'ici 2015. Les études
de la Banque Mondiale actuellement en cours dans le
secteur de l'éducation indiquent que les besoins de la RDC en ce domaine
sont singulièrement énormes. Dans le cadre du programme minimal
pour les 3 ou 4 années à venir, l'objectif général
est de rétablir à travers le pays les conditions minimales de
fonctionnement du système éducatif afin de pouvoir assurer le
redressement durable du pays et avancer sur la voie de réalisation de
l'EPT et des OMD ».
104
Mais la même source renseigne que : «Pour le
secteur de l'enseignement primaire et secondaire, la stratégie du
gouvernement consistera en la réhabilitation de ces deux secteurs, une
oeuvre de longue haleine. Au vue de contraintes logistiques de mise en oeuvre,
mais surtout de la contrainte de la disponibilité des ressources, il est
envisagé d'étaler
cette réhabilitation sur environ 20 ans, un objectif
particulièrement difficile dans la mesure oüil signifie
qu'il faudra près d'une génération pour donner aux
congolais la chance de recevoir
une éducation dans les conditions minimales (et sans
même prendre en compte la croissance démographique de la
population scolaire). L'objectif du programme dans les 3 ou 4 années
à venir sera de lancer cette oeuvre, en travaillant en étroit
partenariat avec les acteurs non gouvernementaux impliqués dans le
secteur (dont le secteur privé) ».105
Quant aux objectifs du Gouvernement en matière de
l'EPT, le plan indique que tout en réaffirmant les engagements pris
à JONTIEN (1990) et à DAKAR (2000), le Gouvernement de la RDC
tient à accélérer les progrès vers l'EPT et
s'engage à réaliser les objectifs à l'horizon 2010 et 2015
conformément au tableau qui suit. 106 Malheureusement, ce
tableau ne dit mot sur le taux de survie en 5ème et
6ème années, considérées comme
années d'achèvement du cycle primaire.
Tableau portant objectifs du gouvernement en matière de
l'EPT.
2001/02 2010 2015
Accès, Participation et Rendement
Enseignement pré-primaire
Taux brut de scolarisation (3-5ans) 17% 30% 50%
Enseignement primaire
|
104 Ministère de l'EPSP, Plan d'action national de
l'éducation pour tous, Kinshasa, janvier 2005, p. 44.
105 Ministère de l'EPSP, Idem, p. 45
106 Ministère de l'EPSP, Idem, P. 46
Taux brut d'admission (6ans)
|
86,8%
|
90%
|
100%
|
Taux brut de scolarisation (6-11 ans)
|
64,0%
|
-
|
100%
|
Taux de redoublement
|
15,0%
|
12,0%
|
10,0%
|
Mobilisation des ressources :
|
|
|
|
Dépenses publiques courantes d'éducation en
|
6%
|
20%
|
25%
|
% des dépenses courantes totales
|
|
|
|
Dépenses publiques courantes pour le primaire et
secondaire en % des dépenses courantes totales
|
69%
|
75%
|
80%
|
Ratio élèves-maîtres dans les écoles
publiques
|
39%
|
40%
|
40%
|
Pour parvenir à ces objectifs, le tableau qui suit
représente les besoins financiers pour le secteur de l'éducation
et de la recherche. Nous ne tiendrons compte que de besoins financiers relatifs
à l'éducation primaire.
Besoins financiers pour l'éducation primaire en RDC
(en millions de $ US).
Objectifs
Enseignement Primaire
Réhabilitation de 3000 écoles de 6 classes en
moyenne
Manuels et fournitures scolaires
Formation et renouvellement des
enseignants
Renforcement de la gestion du secteur
|
Programme (3 à 4 ans)
Montant %
326,0 49,6
150,0
44,0
125,0
7,0
|
1ère année Montant 62,0
35,0
10,5 15,0
1,5
|
%
44,9
|
Malheureusement, l'instabilité politique n'a pas permis
à l'initiateur de l'oeuvre d'en arriver au bout. Et compte tenu des
besoins financiers, la RDC est loin d'atteindre le droit de l'enfant à
l'éducation si aucune initiative n'est prise en vue de
bénéficier des avantages de la FTI. Ce qui fait qu'en
dépit du principe de continuité des services publics, la
politique de l'Etat Congolais demeure un morceau dur pour les parents.
b) Les matériels et infrastructures scolaires.
1. La vétusté et le délabrement des
infrastructures scolaires.
D'après une étude récente sur le taux de
scolarisation (SENAREC 2004), sur un échantillon de 400 écoles,
dont 60% d'écoles primaires et 200 communautés de basses dans les
provinces de l'Equateur, de Kasaï occidental, du Kasaï oriental, du
Katanga, du Maniema, du Nord Kivu, du Sud-Kivu et de la Province orientale ;
44% d'écoles en milieu urbain et 49% d'écoles en milieu rural
avaient été construites avant 1960 et dans l'ensemble, les salles
de classe sont dans un état déplorable. Cette même
étude souligne que les toitures des salles des classes sont dans un
mauvais état dans 61% d'écoles en milieu rural.107
Dans les provinces, entre un tiers et un cinquième des
écoles primaires sont en mauvais état et la plus part des
écoles dans certaines d'elles, comme celles de deux KASAI sont
totalement dépourvues d'un accès à l'eau. La province du
Sud-Kivu n'en est pas pour autant épargnée. Sur 10 écoles
qu'on a eu à observer dans le groupement de MUDAKA, territoire de
KABARE, 5 d'entre elles n'ont pas d'accès à l'eau. Les
écoliers sont obligés de se déplacer à une distance
d'au moins 1000m pour accéder à l'eau pouvant maintenir
l'assainissement de leurs salles de classes. Ceci à évidemment un
impact tout particulier sur la scolarisation des filles.
La Banque mondiale relève également que le
nombre d'élèves par classe est inégal selon les
régions, mais la norme fixée par l'Etat pour les primaires (entre
26 et 50 élèves par classe) n'est pas respectée. Bien que
la taille moyenne des classes de première année primaire soit de
40 élèves, 19% des élèves ont moins de 26
élèves par classe en milieu rural et 25% ont plus de 50
élèves en milieu urbain. Globalement, 40% des
élèves du primaire vivent dans des classes en
sureffectif.108
2. L'équipement des écoles
Au moment où on peut considérer que la
réussite des élèves est tributaire de l'existence d'au
moins un manuel scolaire par élève, la majorité des
élèves du primaire, surtout du milieu rural, en est
dépourvue.
107 RDC, Rapport sur les OMD, 2004, p. 24.
108 13. Banque Mondiale, op.cit., pp. 75-78 et
105-110.
Dans certaines provinces, les élèves n'ont
jamais vu un manuel scolaire109. La Coopération Technique
Belge à tenté de répondre partiellement à ce
problème en distribuant des manuels de français et de
mathématique, mais l'accompagnement pédagogique a, en partie,
fait défaut et l'accès à certaines provinces, du fait de
l'absence de route, est très difficile et donc très
coûteux. L'UNICEF a également produit des modules et des manuels
scolaires, mais sans que ces actions limitées aient été
relayées par l'Etat congolais.
Par ailleurs, les programmes d'enseignement, qui sont au
nombre de huit, semblent être dépassés et méritent
d'être retouchés. La direction des programmes du Ministère
de l'EPSP forme des inspecteurs censés à leur tour former les
enseignants, mais leur nombre, à ces jours, semble être trop
réduit pour assurer un effet multiplicateur.
A ce problème réel lié au manuel
scolaire, il faut ajouter le manque du matériel destiné à
l'entretien des écoles. A titre exemple, la plupart d'écoles de
la ville de Bukavu ne sont pas dotées des matériels pouvant
permettre l'assainissement de ces milieux où les enfants passent le plus
grand moment de leur enfance.
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